Hunter Being Hunted TOME 1 [TERMINÉ]

Chapitre 47 [RÉÉCRIT] :

      L'ouverture brutale de la porte me sortit de mon état second. Je quittai le corps inanimé d'Aiden du regard pour me retourner avec lenteur et faire face aux arrivants. J'étais couverte du sang de celui que je venais d'assassiner lorsque mon regard croisa celui de Brice qui semblait choqué. Manon était à côté de lui et ils étaient accompagnés par des personnes que j'imaginais être des sorciers.

- L'effet du bébé agit déjà sur elle à ce que je vois, déclara l'un des sorciers.

Je lui lançai un regard noir avant de reporter mon attention sur Brice.

- De quoi vous parlez ? Puis vous voulez quoi ? S'exclama celui-ci.

- Et toi mon cher, est-ce que tu veux d'un monde ravagé par un monstre sans pitié ? Lui demanda la femme à sa gauche.

- Bien sûr que non, c'est quoi votre problème ? Répliqua Brice d'un ton sec.

- Oh, tu n'es pas au courant.

À ce moment-là je regrettai amèrement de ne rien avoir avoué à Brice et d'avoir privilégié ma vengeance à notre sécurité. Ils allaient révéler la vérité à Brice et il saurait que je lui mentais depuis mon retour...  Et s'il ne me le pardonnait pas ? Je n'avais aucune excuse valable pour mes mensonges, je le savais très bien.

- Ta petite amie a omis de mentionner la prophétie concernant votre enfant. « Lorsque la mort créera la vie cette vie sèmera la mort » Vous êtes la mort et ce bébé est la vie. 

- C'est ridicule ! Ricana Brice avec mépris.

- Bien au contraire.

Deux hommes s'approchèrent de moi et l'un d'entre eux m'attrapa le bras pour le serrer avec force. Je me débattis alors qu'il récitait une formule dans une langue que je devinai être du latin. Une subite sensation de brûlure s'empara de mon poignet, m'arrachant un cri de douleur. Il me lâcha finalement et je pus voir un symbole inconnu gravé sur ma peau.

- Tu es marquée désormais, me lança une femme du groupe, le bébé ne peut pas être tué tant qu'il est à l'intérieur de toi alors tu vas nous suivre sans faire d'histoires. Ton bébé grandit vite, tu n'auras pas à rester avec nous trop longtemps, quelques mois suffiront. Ne cherche pas à fuir, c'est inutile, cette marque nous permettra de te retrouver partout où tu iras.

J'échangeai un regard lourd de sens avec Brice qui chuchota quelque chose à Manon. Elle hocha la tête et se tourna vers moi. Les deux hommes se placèrent de chacun de mes côtés et je fis mine de coopérer. Une fois le pas de la porte passé, je donnai soudainement un violent coup de coude dans le ventre du sorcier à ma droite puis l'éjectai contre le mur d'en face. Alors que le second s'apprêtait à m'attaquer, j'évitai son coup de justesse et, profitant de la confusion générale, pris la fuite, Brice et Manon sur mes talons. La voiture, heureusement, n'était pas garée trop loin et on ne tarda pas à l'atteindre.

Les battements de mon cœur affolé ne s'étaient pas calmés depuis notre départ. Nous atteignions presque la sortie de la ville. J'allais fuir loin, très loin et je ne reviendrais plus jamais dans cet endroit maudit. Un sentiment de soulagement m'envahit à la vue du panneau indiquant la limite de Canyon Lake. Enfin ! 

Soudain, la voiture s'arrêta.

- C'est quoi ça encore ? Demanda Manon, à bout.

- J'en sais rien... Soupira Brice avec épuisement.

Il sortit du véhicule pour s'avancer jusqu'à la frontière quand soudain, il heurta quelque chose de transparent. Je sortis à mon tour de la voiture pour me diriger vers lui et essayer de comprendre ce qu'il se passait. Je posai ma main sur cet espèce de mur transparent. On était bloqués dans cette foutue ville. Un flot de colère me submergea et je me mis à frapper cette barrière invisible de toutes mes forces pour me défouler. Une fois calmée, je retournai m'asseoir dans la voiture, les bras croisés contre la poitrine et le visage refermé, sous les regards inquiets de Brice et Manon. Ils revinrent vers moi et je leur demandai d'un ton qui se voulait calme :

- Quelqu'un à un téléphone ?

Manon me tendit le sien et je composai le numéro de Jonathan. Il ne mit pas longtemps à décrocher :

- Allo ?

- C'est Emma. Passe-moi Morgan s'il te plaît, lui ordonnai-je d'un ton neutre.

- Bonjour à toi aussi, répondit-il.

Il s'exécuta face à mon lourd silence et la voix de Morgan résonna à l'autre bout du fil :

- Tu veux quoi ?

- Tu crois qu'un sortilège peut bloquer un sort de localisation ?

- Je peux rendre un endroit non localisable si c'est bien ta question.

Un sourire traduisant l'espoir illumina mon visage :

- Il y a une vieille maison abandonnée près de la forêt, rejoins-moi là-bas avec les ingrédients pour le sort.

Je raccrochai sans lui laisser le temps de me répondre, craignant un refus. Tant qu'il y aurait une once d'espoir pour ce bébé je n'abandonnerais pas, même si pour ça je devais rester enfermée dans une cabane recluse à l'abri des sortilèges pendant des mois. J'étais prête à tout pour lui. 

Morgan m'attendait déjà devant la cabane, il semblait contrarié.

- Tu vas bien ? Lui demandai-je avec curiosité.

- Je ne devrais pas être ici, les sorciers vont vouloir me tuer maintenant que je t'aide... À cause du sang avec lequel tu m'as guéri mon subconscient se sent obligé de t'aider, si je suis ici ce n'est pas par choix.

Je ne pensais pas que mon sang aurait un autre effet que celui de guérir. La culpabilité m'assaillit, les sorciers pourraient s'en prendre à lui à cause de moi... Je chassai ce sentiment de mon esprit ; je ne devais pas me sentir coupable, je ne pourrais pas me préoccuper du bébé si je m'occupais aussi des autres.

- T'as tout apporté ?

- Le sort est déjà lancé. Une fois à l'intérieur tu seras en sécurité.

Je le remerciai et passai le pas de la porte, me sentant enfin en sécurité. L'endroit était sombre et froid mais j'allais m'en contenter. Peut-être qu'une fois aménagé ça ressemblerait à quelque chose, j'avais tout le temps pour m'installer. Morgan ne s'attarda pas plus longtemps ici et repartit aussi vite qu'il était arrivé, refusant certainement d'être mêlé à nos histoires une seconde de plus. Je me retournai pour jeter un regard à Brice qui s'apprêtait à repartir chercher des provisions de poches de sang et lui fis signe d'attendre.

- Ça va ? Lui demandai-je faiblement.

- Tu m'as menti.

Il était terriblement distant, bon sang pourquoi ne lui avais-je pas tout avoué plus tôt ? Ça me semblait si compliqué sur le moment alors que j'étais sûre qu'il comprendrait.

- Je suis désolée... J'avais peur de ta réaction...

- Comment as-tu pu croire ne serait-ce qu'une seconde que je pourrais me retourner contre toi et notre enfant ? Répliqua-t-il avec dureté.

Devant mon silence, il se retourna pour partir. Je lui attrapai le bras pour le retenir et lui demandai :

- Mais ça va ? Je veux dire... entre nous ?

Il dégagea son bras de mon étreinte avant de me répondre d'un ton froid :

- Ouais.

Puis il sortit de la maison. Je le regardai s'éloigner avec un pincement au cœur. La main réconfortante que Manon posa sur mon épaule me fit sursauter.

- Ne t'en fais pas, il lui faut juste du temps, il te pardonnera.

Elle me prit dans ses bras pour me consoler et je me détendis sous son embrassade.

- Je suis certaine qu'ils racontent tous n'importe quoi, ton enfant sera formidable.