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Mauvais départ.

Ma poche vibre. Avec mon gros sac et ma tablette en mains, c'est impensable, je ne décrocherai jamais dans les temps. Même ça je n'y arrive pas, c'est navrant. Pourtant je décide de contrer le sort : Je jette mon sac par terre et la tablette par dessus en regrettant déjà de ne pas avoir souscrit au complément d'assurance pour la vitre brisée. ma main droite file dans ma poche tandis que la gauche glisse le pousse entre mes fesses, empoigne le rebord de mon pantalon et le tire un bon coup vers le haut.
Sans ce geste, retirer le gsm de la poche serait impensable. Ma main est presque coincée sous le garrot de marque Lee qui me sert de pantalon de voyage mais j'y arrive, la machine et ma main sortent toutes les deux glorieuses de ce piège, je suis fière de moi.

J'appuie machinalement pour décrocher en regrettant de ne pas avoir regardé l'origine de l'appel avant de le faire. Des regrets, toujours des regrets. Cette fois c'est fini, je ne regrette plus rien, je n'ai plu peur et je dis "Allo" comme je ne l'ai jamais dit ces dix dernières années. Je suis libre.

Pas de bol, c'est une machine qui m'appelle. Je n'ai pas payé mon électricité. Cela me donne donc un bon point de départ, je quitte l'endroit où je peux encore être interpellée pour ce genre de futilités. Je partirai donc loin, avec mon sac et avec...

Ma tablette, elle avait disparu. De toutes façons, je n'ai pas l'assurance vol donc je peux simplement l'oublier, comme le reste. La lanière de mon sac escalade mon épaule sur laquelle elle s'écrase lourdement. Je ressens au moment où je commence à marcher une main sur l'autre épaule, la droite ; je suis gauchère pour porter. Mon visage passe à peine au-dessus pour regarder derrière que je prends peur. Un homme se tient derrière moi, l'air froid et amusé en même temps.

Sa main droite se lève doucement de mon épaule et la deuxième me tend ma tablette. "Vous devriez faire attention" esquisse-t-il simplement avant de partir. Il ajoute, en me tournant le dos, "quoi que, ces choses sont inutiles, elles ne servent à rien, vous feriez mieux de les perdre ou alors elles vous perdront". Je n'ai jamais aimé la morale. Je lui lance : "Je m'en sers pour écrire, mais merci !" et il ne répond pas.

La scène tourne encore dans ma tête avec toutes les variantes que je peux imaginer et compléter à la manière d'une grande romancière au moment où je réalise que je suis à la gare. Mon corps le savais, le grand départ se ferait par les rails, les plus longs. J'irai là où les rails se rejoignent, tout au bout.



Une princesse kidnappée par un ThugWhere stories live. Discover now