Chapitre XX - Ce n'est qu'un au revoir

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Je suis détenteur du secret le plus profond de l'existence. La légende moldue est vraie.

Quand vous avez froid lors d'une soirée chaude d'été. Lorsque vous frissonnez quand vous êtes seuls. Que le vent se lève sans nuage. Quand votre souffle devient visible.

Je ne suis jamais parti. A vrai dire, j'ai volé un certain temps. Un temps considérable pour rejoindre ma sœur. Passé la joie immense de revoir son sourire, et les larmes qui auraient pu couler sur mon visage vivant évaporées dans l'air, je suis retourné auprès d'Aurore. Croyez ce que vous voulez. L'amour charnel, l'amour platonique, tout ça c'est des sornettes. Il n'y a que l'amour, point. Mais ça, on le sait que quand on meurt.

Non, ce qui reste, et ce que vous ne pourrez jamais vraiment voir, ce sont les liens, ces câbles dorés qui lient chaque personne avec une autre. Et parfois, ce lien est si fort, si énorme, qu'il n'arrive pas à se briser, même après la mort. Et le lien qui me lie à Aurore est si fort, si brillant de vivacité, que je n'ai de choix de rester près d'elle. Je crois qu'elle le sait, parfois. Je crois qu'elle me sent. Et quelques instants plus tard, je disparais. Mais je vois un autre lien qui la lie, et encore plus fortement qu'avec moi. Celui-ci brille tellement qu'il est blanc. Et je suis soulagé que ce lien ne soit pas avec quelqu'un de mort.

Je le vois avec sa tête rousse. Son air toujours dégingandé. Son regard malicieux, qui fait soupirer tant de jeunes filles. Mais je vois aussi qu'il ne pourrait même pas essayer d'être avec quelqu'un d'autre. Le lien est beaucoup trop fort, que ca le blesse ou non. Et quand ils sont ensemble, ce lien s'entortille autour d'eux, laissant une aura qu'ils ne peuvent pas percevoir. Mais que moi, moi qui me suis juré de veiller sur elle, je peux voir.

Et je suis apaisé, rassuré, de voir qu'il l'aime tellement, tellement fort, que les âmes autour de moi, qui se baladent, se retournent sur leur passage pour être bien sûres qu'elles ont vu ce lien. Elles s'arrêtent quelques instants, admirent le spectacle qui est plutôt rare, et repartent, rassurées qu'en ce bas monde existent encore les âmes sœurs.

Et aujourd'hui, je sais pertinemment qu'Aurore aura besoin de moi. Alors je suis auprès d'elle quand elle fait sa valise. Qu'elle la ferme. Qu'elle soupire en regardant le dortoir pour la dernière fois. Qu'une larme coule sur sa joue. Je suis là.

Je suis toujours là.

Aurore ne savait même pas expliquer à elle-même ce qu'elle ressentait en fermant sa valise ce matin-là. Un énorme frisson lui parcourut l'échine, et elle se sentit bizarrement un peu rassurée. Elle regarda autour d'elle, un dernier instant, le dortoir qu'elle avait partagé pendant près de sept années avec ses camarades. L'odeur des plantes qui apaisaient. La chaleur du feu au coin de la salle. Les lattes de bois qui grincent. Les couvertures en patchwork. Ce dortoir coloré et si confortable. Elle était la dernière se préparer, et la Salle Commune entière était vide. Tous au petit-déjeuner. Mais elle ne se sentait pas d'aller tout de suite dans la Grande Salle. Pour l'instant, une grosse boule lui coinçait la gorge, et elle avait du mal à ne pas trembler.

Jamais elle aurait pensé ressentir autant de chose en quittant sa maison. Son chez-soi. Son refuge. Elle descendit sa grosse valise dans la Salle Commune, comme celles chaque Poufsouffle. Elle parcourut du regard la Salle Commune, et se planta devant le tableau d'affichage.

La photo de Cédric lui souriait de toutes ses dents, et elle se sentit revigorée. Elle eût elle-même un sourire, avant d'accrocher un dernier petit mot. Le dernier de tous.

« A vous qui arrivez. A vous qui restez. Ne cessez jamais d'espérer. Et battez-vous pour ce que vous croyez être juste, c'est très important.

Definitely Yours Tome 2: Dans l'ordre de tes prioritésTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang