La famille

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Je suis tranquillement allongée sur mon lit, regardant le plafond, écoutant de la musique, quand soudain je me rappelle du journal trouvé dans mon casier il y a quelques jours. Percy m'avait conseillé de le lire. Peut-être que je devrais... Ou peut-être pas ? Je ne sais pas ! C'est pas bien de lire les secrets d'une autre personne, même inconnue. En plus de cela, j'ai vérifé si c'était bien mon classeur et non, je ne l'ai pas échangé avec quelqu'un d'autre. Mais peut-être que je peux y jeter un petit coup d'oeil, histoire de... De savoir qui c'est. Ou... Juste par simple curiosité.

Je me lève donc de mon lit et prends le journal que j'ai caché au fond de mon armoire. Je me rassois et commence à lire une page au hasard.

Si j'ai un journal, ce n'est pas pour y raconter mes bons souvenirs. Mais pour y raconter mon histoire. Parce que beaucoup l'ont changée pour me mettre en tort et les avantager. Si j'écris ce n'est pas pour moi, mais pour mes enfants. J'aimerai qu'ils sachent exactement ce que j'ai vécu, qu'ils ne croient pas les mensonges qu'on a pu leur raconter. Alors voilà, l'histoire commence comme ça...

Moi, Anthéa, dix neuf ans, à l'hôpital avec ma mère. J'ai tenté de me suicider. Pourquoi ? Pour faire taire les voix dans ma tête. C'était irréfléchi. Je me sentais mal depuis quelques temps et j'ai voulu éteindre ce sentiment. La thérapeute explique diverses choses à ma mère mais moi je n'arrive pas à l'écouter. Comme si je me trouvais dans une boîte me séparant d'elles. Elle finit par dire que je dois passer des scanners.

Après des mois à consulter un psy, on constate que je suis atteinte de bipolarité et que je traverse une phase de dépression sévère. Mes parents sont en pleurs. Ma mère prend mes médicaments en pensant que je ne le remarquerai pas, mon père devient alcoolique, je fuis la maison avec mon copain. Nous allons nous installer sur une petite plage en Californie. Nous vivons dans une caravane. J'arrive à gérer mes émotions sans l'aide de mes médicaments.

Mais un soir, je fuis la caravane pour mettre fin à ce petit bonheur. Pourquoi ? Je ne sais pas. J'en avais juste marre je crois.

Je travaille dans un motel où j'ai une chambre pour vivre, histoire d'avoir un toit. J'y passe un an, un an et demi. Il se trouve que je m'entend bien avec le fils du propriétaire. Il m'aime bien. Mais il ne sait pas pour ma bipolarité... Il n'arrive pas à comprendre pourquoi j'ai des sautes d'humeur intenses et impulsives. Mais il m'aime. Et voilà que je découvre être enceinte. Il me demande en mariage. Nous sommes amoureux. Enfin je crois... Nous vivons chez ses parents en attendant d'avoir assez de sous pour déménager.

Pendant un an, je m'occupe du bébé, il travaille tout le temps. Nous louons une petite cabane près de la plage. Ma vie devient un bonheur, les fantômes de mon passé disparaissent, les voix dans ma tête se taisent enfin. Je me retrouve encore enceinte. Cette grossesse-là était plus facile que la première. Mais à la naissance de ma fille, (le premier était un petit garçon) je tombe encore sous la dépression. Mon mari appelle ma famille mais je ne voulais pas les voir. Les voix sont de plus en plus fortes, me dictant de me faire du mal et d'en faire à mes enfants. Je m'enfuis, lâche comme je suis, et part à la recherche du nouveau bonheur. Mais j'ai laissé derrière moi, deux petits anges qui méritaient le bonheur. Avec moi auprès d'eux, ils ne l'auraient jamais eu.

Pour m'assurer que tout allait bien se passer pour eux, j'ai contacter mon frère avec qui je m'entendais bien, avec qui j'ai répris contact. Et il m'a aidée à y voir plus clair. Il m'a dit que si je ne me sentais pas à ma place, si je devais tout le temps tout abandonner, ça ne servait à rien de me construire une famille. Mais je ne voulais pas faire d'histoires... J'ai alors commencé à écrire ce journal.

Tout en restant loin, je surveillais de près mes enfants. Partout où ils allaient, j'allais aussi. Ma fille s'en alla avec mon frère, celui avec qui je m'entendais bien. Mon fils resta avec son père. Mais celui-ci, devenu alcoolique et agressif ne pouvais sûrement pas s'occuper de lui... Sa tante, ma soeur, le prit pour quelques années. Les voilà grands, capables de comprendre et de tout connaitre. Mais personne ne leur dit où leur maman est passée, ce qu'elle fait, ce qu'elle était... Ils veulent m'éloigner d'eux, m'obligeant à quitter l'Etat. De peur que je les prennes avec moi, ils s'en vont aussi.

Parce que je t'aimeWhere stories live. Discover now