Chapitre 9 : Reconnaissance Non Désirée

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Je revins à moi quelques heures plus tard. Je n'avais pas été déplacé je me trouvais toujours attaché au lit, et je me sentais très bizarre, comme si je n'étais pas dans mon corps. Immédiatement, je fis abstraction de mon état, et songeai plutôt à celui de Sakura.

- Baldor... Tu es minable, pensai-je à voix haute.

J'aurais pu l'aider, la sauver... Oui j'aurais pu empêcher... Empêcher quoi d'ailleurs ? Je ne savais même pas ce qui s'était passé. J'avais l'amère sensation, en connaissant mon frère, que je pourrais le deviner, mais l'idée même qu'il ait pu lui sauter dessus pour assouvir ses envies bestiales me dégoûtait.

La porte s'ouvrit sur un garde de Sophia, qui vint vers moi à pas rapides. D'une voix haute et claire, il annonça :

- Dame Sophia m'a chargé de vous libérer...

Il y avait cet embarras dans le timbre de sa voix, et dans son regard fuyant. Je baissai la tête et, surpris, m'exclamai :

- Hé mais... Je suis dévêtu !

Je tâtai mon visage :

- Complètement même ! Mon masque... Où est mon masque ?

Le garde se tordait les doigts et se dandinait, visiblement très mal à l'aise. Il bégaya :

- Eh bien... Votre mère...

- Ma mère !? Où est mon masque !? Qu'en a-t-elle fait !?

- J-Je vous en conjure, calmez-vous... Dame Sophia veut vous voir.

- Qu'est-ce qu'elle me veut ?, marmonnai-je alors que le salarié me libérait, et que je massais mes chevilles et mes poignets engourdis par les attaches.

- Elle veut vous parler, et ça semble important à ce qu'elle dit. Alors habillez-vous.

Il me glissa timidement mes habits entre les mains et se retira. Ils étaient si parfaitement raccommodés que l'on ne devinait pas qu'ils étaient recousus. Moi, je rageais parce que parmi les vêtements qui m'avaient été redonnés, mon masque demeurait aux abonnés absents.

Je me rendis vers Sophia et entrai sans frapper. Assise dans son luxueux canapé rouge, elle me considéra longuement, sous le choc.

- Qu'y a-t-il ?, voulus-je savoir en m'efforçant de rester courtois. J'ai quelque chose sur le visage ?

- Non... Justement.

- Eh bien alors ? Pourquoi me regardez-vous de la sorte ?

- Tu es tellement moins mystérieux et oppressant sans ton masque, tellement plus agréable à regarder. Tellement plus... attirant.

Mon regard la scrutait, sombre. Un de ceux qui semblent vous demander si vous êtes sérieux, et qui vous interroge sur le rapport que votre réflexion peut avoir avec la situation. Je me raclai la gorge et rétorquai :

- Je préfère ne pas réagir autrement qu'en vous retournant le compliment.

Sophia inclina la tête, acquiesçant vaguement. J'ajoutai :

- Vous m'avez fait mander ?

- Oui. Je t'en prie, assieds-toi.

Elle me désigna un siège bleu, identique au sien, si luxueux que jamais je n'aurais pensé avoir l'occasion d'y prendre place, les croyant réservés aux personnes de sang royal, tel que Kaito, Giulio, Shaïma, Sairento... Puis me vint l'explication qui me fit me sentir bête. Sakura était fille d'un comte, et c'était un rang important et influent. Étant le descendant d'une famille au même titre que la sienne, j'étais tout autant un Messire qu'elle une Dame...

Le Masque D'Argent - Tome 1 ~ Une Femme Bouleversante ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant