Chapitre 12 : Mauvais Présage

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Alors que je pleurais à chaudes larmes, j'entendis quelqu'un approcher. Je serrai les dents et fis le moins de bruit possible, mais il me trouva :

- Ah mon fils !, s'exclama Akio. Oh oh ! On dirait que ça ne va pas fort... Ta mère m'a dit qu'elle t'avait rendu visite...

- Casse-toi, grondai-je.

- Parle-moi autrement, je te cherchais.

- Dégage.

J'étais déjà bien assez énervé comme ça contre lui, mais il osait encore venir en rajouter une couche.

- Pourquoi tu pleures ? Ta mère ne te fait pas assez de câlins ? Tu sais, je peux t'arranger ça...

Je me jetai sur lui et, alors que mes mains gantées collaient à son cou, je me crispai sous une douleur atroce. Il venait de me planter l'une de mes propres armes dans le corps. Je restai là, immobile, la bouche en sang, à le regarder, si ahuri que j'avais l'impression que mes yeux allaient être propulsés hors de mes orbites.

- Raté..., chantonna-t-il avec un sourire fier qui n'avait rien à envier au sadisme.

Paradant presque, il reprit :

- Mon dieu... Je comprends pourquoi tu mets un masque... Tu es affreux. Mais tu sais (il colla presque son visage au mien et murmura), le monstre que tu es dehors, je le suis dedans.

De nouvelles gouttes pures et salées qui avaient toujours su trahir ma tristesse brillaient au coin de mes yeux, alors que je le tuais du regard. J'aurais voulu le cacher, mais ce qu'il me disait me faisait mal au plus haut point.

Il recula son bras d'un coup sec, m'extirpant la lame. Je m'écroulai et posai immédiatement une main sur le trou béant qui laissait s'échapper des mares de sang par petits flots désagréables. Akio se pencha au-dessus de moi et grinça :

- Bonne nuit, mon fils...

Il m'infligea un coup de pied qui m'envoya rouler dans l'ombre. Allais-je mourir ? Sur le moment, j'espérais que oui, et je fermai les yeux pour savourer ma douce agonie ; puis, je songeai à la dernière conversation que Kwanita et moi avions eu le jour où les Setilés nous avaient surpris en train de flirter. Les paroles de celle pour qui j'étais prêt à détruire le monde résonnaient brutalement dans ma mémoire :

« - Je suis payée par ta mère pour te faire tourner la tête. Mais en abusant de tes sentiments, j'ai appris à te connaître. En t'écoutant, j'ai appris à t'admirer, et en te fréquentant, j'ai appris à t'aimer...

- Tu... Tu as joué avec mon cœur !?

- Ne t'énerve pas... Je voulais offrir un cadeau à mon maître pour son anniversaire, j'avais pour idée de lui faire don d'un peu de sous. Ta mère, qui le connaissait très bien, a su me convaincre. Je ne voulais pas je te le jure ! Va dire à un affamé qu'il mangera à sa faim s'il effectue une tâche pour toi, va dire à la femme qui n'arrive pas à avoir d'enfant que tu as le pouvoir de faire en sorte que la prochaine fois, son mari saura enfin lui en offrir un si elle exécute ce que tu demandes... Mais maintenant que je te l'ai avoué, je n'ai plus ce poids sur la conscience et je vais pouvoir t'aimer vraiment.

- Ne te cache pas derrière les autres... Ils auraient plus de mérite à le faire que toi. Tu avais à manger toi, et tu ne faisais pas ça pour avoir un gosse (je l'avais regardée de haut en bas, méprisant) tu as fait ça pour l'argent. Kwanita, tu m'as fait très mal. Tu jouais peut-être, mais moi j'étais sincère. Quand je disais que je t'aimais, c'était mon cœur qui te parlait. Toi, c'était uniquement le poison naturel qui ne fait de toi qu'une garce intéressée par les sous qu'on voudra bien lui faire miroiter. Tu es pire qu'une traîtresse... Tu es une manipulatrice motivée par le nombre de billets qu'on peut lui promettre !

Le Masque D'Argent - Tome 1 ~ Une Femme Bouleversante ~Where stories live. Discover now