3 éclairs

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Travailler la pâte jusqu'à qu'elle soit suffisamment ferme.

Un homme en costard aux traits fermes et accompagné d'une coiffure impeccablement peigné en arrière s'approcha du comptoir de la boulangerie, prêt à commander deux pains aux chocolats. Il s'inclina en signe de salut à l'encontre des deux personnes déjà à l'intérieur à savoir le boulanger et Namjoon.

Namjoon, vêtu d'un col roulé gris et d'un jean, interrompit temporairement sa discussion avec le boulanger à la vue de cet inconnu. Il se décala vers sa gauche pour permettre au client de faire part de sa requête. Ce dernier s'exécuta bien vite. Le gérant ne tarda pas à mettre dans un sac en papier la commande, le dû passa d'une main à l'autre, tout comme la monnaie. Le client partit, d'un pas assuré, vers l'extérieur quand les au revoir ont été faits.

En constatant qu'aucun client n'était dans les parages, Namjoon se remit en face du boulanger, accoudé au comptoir qui les séparait et continua à conter sa journée.

Depuis ses huit ans, Namjoon avait pris l'habitude de s'arrêter dans cette boulangerie pour diverses raisons. Le plus souvent, quand cela n'était pas pour acheter un petit quelque chose, il venait pour converser avec le gérant, Monsieur Park. Il le considérait un peu comme son deuxième père, ou son oncle ou bien son ami. Il pouvait tout lui confier, que ce soit ses coups de blues, des moments dont il souhaitait se vanter, se plaindre, sa vision du monde. Tout sans aucun tabou. Le gérant lui était toujours d'une oreille attentive et essayait au mieux, quand cela était nécessaire, de le conseiller.

Chaque année, le jour de Noël, il avait l'occasion de recevoir un éclair au chocolat gratuit. C'était devenu comme une sorte de tradition depuis qu'il était enfant. Une tradition qu'il refusait de louper peu importe la raison.

« Ah et j'ai eu vingt à un contrôle de physique-chimie aujourd'hui ! Alors que je hais cette matière, surtout cette année en seconde. Ça ne mérite pas une récompense ça, monsieur Park... ? »

Rien qu'à la vue des iris brillants de l'adolescent sur sa personne à l'attente d'une réponse, Monsieur Park sut immédiatement ce que Namjoon sous-entendait par récompense. Il soupira, ce qui amplifia le regard de chien battu de Namjoon, et rappela d'une faible voix :

« On est pas le vingt-cinq décembre pour que tu aies un éclair gratuit, Namjoon.

- Mais on est le vingt-cinq novembre ? On a qu'à le décaler ? Et puis l'année dernière, j'ai pas eu l'occasion d'en avoir comme la boutique était fermé.

- Je t'en ai passé un gratuit, le jour d'après.

- Mais c'était plus le vingt-cinq ! Fit remarquer le plus jeune. »

À cette conclusion, les sourcils du gérant se froncèrent, affichant les petites rides sur son front pendant que Namjoon maintenait un sourcil levé, plus troublé de ses paroles qu'autre chose.

Lui-même se douter que ce qu'il avançait n'avait aucun sens. Ils s'étaient toujours mis d'accord qu'en signe de cadeau, le jour de Noël, un éclair au chocolat lui serait offert. Mais jamais le jour même de cet événement leur était essentiel dans cette tradition. C'est aujourd'hui que Namjoon mit en avant le fait que cela se produise chaque année, un vingt-cinq.

« C'est vrai, affirma le boulanger, des plus neutres.

- Ma tentative d'avoir un éclair gratuit ne fonctionnera pas, n'est-ce pas ?

- Si. Juste aujourd'hui, grâce à ta bonne note au lycée, et non à ta logique. Mais c'est la dernière fois, je te préviens ! Avertit le gérant.

L'éclair du 25 ¦¦ minjoonWhere stories live. Discover now