Risibles amours.

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03 avril 2016, 22:00, Calabasas, Ken.

Je suis la bande hors de l'hôtel, ils ont réservé un coin V.I.P dans une te-boi et même si je sais que c'est grâce à Suga, ils me rabâchent qu'ils se sont démenés pour l'obtenir.

-Les gars j'ai pas envie de sortir, je traîne des pieds.
-C'est ton vingt-sixième anniversaire, et ton dernier anniversaire avant que tu sois trop pris par ton rôle de daron pour nous accorder ton temps, donc tu fermes ta gueule et tu nous suis, Framal me dit.

L'ambiance est là mais moi je n'y suis pas, j'ai pas envie de m'amuser, j'suis crevé sur tout les plans.

-J'peux te parler ?
-Qu'est-ce que tu veux ?
-J'suis désolée de t'avoir blessé. J'vois bien que t'es mal et..
-T'es pas le centre du monde, je la coupe, c'est mon père.
-Ça s'est aggravé ?

Je sens mon coeur s'arrêter une fraction de seconde et mon mal être remonter le long de ma gorge.

-Il est mort.
-J'suis désolée..

J'hoche simplement la tête, ne pas pouvoir la toucher me tue littéralement. Elle s'assoit à côté d'Elif, face à moi. Mon regard croise le sien, on se fixe assez longtemps pour que je remarque qu'elle aussi, elle est brisée.

04 avril 2016, 01:00, Calabasas, Suga.

Ken multiplie les échanges de regard avec moi et ça me rend folle. J'ai pas le droit de craquer au risque que je ne puisse plus m'arrêter.

Ça me détruit de voir son regard vide, et même si j'en suis pas entièrement responsable, j'ai l'impression d'être l'architecte de ma propre destruction.

-J'vais rentrer, j'suis crevée.
-Nek va te raccompagner, Sneaz se permet.
-Ça ira.
-Vas-y fais pas la meuf, tu vas pas rentrer toute seule, il insiste.

Je roule des yeux mais accepte, de toute façon, il n'aurait pas lâché l'affaire.

Je récupère ma pochette sur la table et suis Ken hors de la boîte.

-Vas-y rentre, j'appelle un Uber.
-Ça va, il fait pas froid.

La lumière vacillante du parking le rend particulièrement attirant, il se retourne vers moi et me fixe de ses yeux noisettes, presque noirs à cause de l'obscurité, puis fronce les sourcils avant d'esquisser son sourire en coin. Aucun de nous ne parle et je dois dire que le silence est lourd pour une fois.

4 avril 2009, 01:00, Paris, Ken.

-Tu dors ? Suga, 1:00.
-Jamais, pourquoi ? 1:03.
-Descends. Suga, 1:05.

J'attrape un jogging et un sweat que j'enfile à la hâte, je chausse mes Air Max et quitte mon appart'.

Je rabat ma capuche sur ma tête, je frisonne en ouvrant la porte de l'immeuble et fixe la brunette qui étonnamment n'a pas froid dans son bomber.

-On tape un foot ? Elle s'approche pour m'embrasser.
-T'es sérieuse ? À une heure ?
-C'est toujours mieux que aller manger des sushis à cette heure ci, elle emboîte le pas, Sneaz et Jazz vont venir.