Chapitre 15 - Constellation

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Musique (pas piquée des hannetons) en haut :3

⚠️ Attention: ⚠️

Le texte en italique représente les actions des personnages durant un dialogue.

J'espère que ce chapitre vous plaira ❤

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Me souvenant brusquement de mes intentions premières, je me mis à marcher d'un pas rapide vers la sortie.

Dans les couloirs, je ne croisais que la maladie. La maladie sous toutes ses formes : enfants, adolescents, adultes, personnes âgées. Décidément, la mort n'avait pas de pitié.
Leurs regards s'accrochaient à moi, première personne venue.
Ils cherchaient seulement du soutien, seulement un regard de réconfort avant de rejoindre le royaume des morts.

Pour une fois, je ne détestais pas les Hommes.

Je continuais de marcher, prenant garde à ne bousculer personne.
Ils étaient si fragiles...

Des regards apeurés, des cris, des pleurs. Les larmes me montaient aux yeux devant tant d'injustice, brûlant mes paupières. Encore une fois, j'étais impuissante.

Soudain, au milieu de ce trou noir... une constellation. Des nouveaux-nés, attendant avec impatience de sortir de cet endroit qui embaumait la mort. J'étais persuadée qu'ils le sentaient, eux-aussi. Je m'arrêtais devant la vitre qui me séparait de la nurserie, quelques instants.
Tellement d'étoiles dans les yeux. Tellement de destins différents. Tellement de chances de changer le monde.

Je n'avais jamais voulu être mère. Pour la simple et bonne raison que je ne voulais imposer la vie à personne.
Je ne voulais pas que cet enfant que j'aurais protégé de toutes mes forces, se tourne vers moi, me posant des questions auxquelles je ne saurais répondre.
"C'est quoi la mort ? Pourquoi papa est parti ? Tu m'as menti maman ?"
Des questions devant lesquelles je fondrais en larmes.

Mais là... je vis leurs yeux se braquer sur moi, chacun leur tour, leurs sourires naître et leurs petites mains s'agiter. J'avais été touchée. Je le sentais, au fond de mon cœur. Une sorte de chaleur jusqu'alors inconnue. Je ne pus m'empêcher de sourire et continuai mon chemin, laissant mes larmes loin derrière moi.

J'avançais hasardeusement dans le parc, vers l'endroit où Cyril...
Un flash. Son visage si proche du mien, son souffle si rassurant, ses yeux si expressifs. J'en avais oublié ce moment, tant la réalité m'avais rattrapée.
Ce moment... il était tellement spécial. Ce moment qui s'était vite transformé en cauchemar.

Pourquoi étais-je revenue ici ? C'était stupide.
J'avais espéré le revoir, cet homme vêtu de noir.
J'avais espéré entendre ce qu'il avait à dire.
J'avais espéré voir enfin son visage et lui hurler toute la douleur que Cyril avait ressentie.
Mais... je n'avais même pas de quoi me défendre.

Revenant sur mes pas, je vis au loin un homme. Habillé en noir. Le même costume, la même démarche.

Je tremblais, mon cœur s'accéléra, j'avais chaud. Il se retourna brusquement, sans me voir.

Je scrutais ses yeux... ce n'était pas lui. J'étais entre le soulagement et la déception.

Celui-ci avait l'air plus perdu qu'autre chose, il bougeait vivement la tête dans toutes les directions, cherchant visiblement quelque chose, ou quelqu'un. Il interpellait les passants, demandant de l'aide. Mais personne ne répondais. "Trop occupés", certainement. Ils passaient leur chemin.

J'avançais vers lui, demandant :
"- Je peux vous aider ?"

"- Je... hum... Je cherche l'hôpital.
Ma... ma femme vient d'accoucher, je dois être près d'elle ! Je... je suis un mins que rien. Je ne serai pas un bon père si je suis incapable d'être là dans des moments si importants !"

"- Que s'est-il passé ?"

"- Nous nous sommes disputés il y a une semaine, et... elle est partie chez ses parents. Ils m'ont appelé pour me dire qu'elle avait accouché. J'ai raté ça. Mais... je vous ennuie avec mes histoires. Merci de vous être arrêtée."

"- Si vous cherchez l'hôpital, il se trouve à 300 mètres d'ici à peu près. Tournez à droite, continuez tout droit et tournez ensuite à gauche. Vous savez... cet enfant. Il vient seulement de naître. Et déjà, vous vous préoccupez de lui comme si votre propre vie en dépendait. Je ne vois pas comment un père pourrait mieux réagir. Vous aurez tellement d'autres moments pour profiter de lui... n'y pensez plus et courrez dire à votre femme que vous l'aimez, courrez prendre votre enfant dans vos bras. La vie est courte."

Sans un mot, il me prit dans ses bras, les larmes aux yeux, me remerciant sans cesse.
Je dois avouer que j'étais surprise.
Je lui rendis son étreinte, lui souhaitant tout le bonheur du monde, s'il en subsiste.
Quelques pas plus loin, il se retourna une dernière fois, me souriant, avant de courir vers les êtres qui lui étaient les plus chers.

Il me dépassa rapidement. Je prenais le temps d'observer le monde en marchant, comme toujours.
Je me demandais par quelle force j'avais été capable d'aller parler à une tierce personne. D'aller l'aider, même. Quelques semaines auparavant, j'en aurais été incapable.

Arrivée dans le hall de l'hôpital, je croisai Maxime et Valentin, des sourires d'enfants insouciants dessinés sur leurs lèvres.

Ils vinrent vers moi :

"- Merci Ciri, c'est grâce à toi.", prononça Maxime.

"- Ce n'est rien. Mais... comment vous connaissez mon nom ?

"- Il nous a parlé de toi. Je rougis sans y prêter attention. Tu sais... il tient vraiment à toi, mais j'imagine que tu le sais déjà.", continua Valentin.

"- Vraiment ?"
Je sentais mon ventre se serrer.

"- N'en doute pas une seule seconde.", dit Maxime, une main sur mon épaule, ses yeux plantés dans les miens.

Je murmurais :
"- Merci..."

"- Ravi de t'avoir rencontrée, Ciri. À bientôt, j'espère !", s'exclama Valentin.

"- J'ai été très heureuse aussi. À bientôt !"

Troublée, je me dirigeais vers la chambre de Cyril, quand je vis que sa porte était entrouverte... le personnel de l'hôpital fermait toujours les portes de leurs patients, et Cyril ne pouvait pas encore marcher.

J'avançais prudemment vers celle-ci avant d'entendre un cri de stupeur. Cyril. Je poussai la porte et me ruais à l'intérieur.

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Suspens. x)

breathe again. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant