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Marianne, mercredi 19 octobre

Je m'ennuyais totalement durant mon cours. Je ne comprenais rien à la matière, je ne sais pas pourquoi. Pourtant, j'étais si bonne en français. Trop de choses se passaient à l'intérieur de mon esprit.

Je croisais parfois le regard de Aaron. Je savais qu'il avait hâte qu'on se parle ou du moins, s'il n'avait pas hâte, qu'il y pensait.

Quelques minutes avant la cloche. C'était la dernière période, environ 3h après notre "discussion" entre lui et moi. À la pause, je n'avais pas eu le temps d'y parler, évidemment. 10 minutes n'étaient pas assez et de toute façon, je n'avais pas envie d'y parler avec plein de personnes autour de nous.

J'entendais les élèves commencer à ramasser leurs choses, sans que la cloche ait sonné. Je pouvais entendre les livres se refermer et les quelques crayons rouler sur les pupitres. Le professeur se plaignait que la sonnerie n'avait toujours pas retentit et qu'il fallait rester à notre place. Personne ne l'écoutait, évidemment.

Lorsque la cloche sonnait finalement, plusieurs élèves partaient à la course. Moi, je ramassais tranquillement mes choses. Je ne voulais pas réellement affronter Aaron. Du moins, j'essayais de prendre mon temps et réfléchir à ce que j'allais dire.

Quelqu'un posait ses mains presque brusquement sur mon pupitre. Je relevais les yeux, et reconnaissais Aaron.

-Rejoins moi près de la porte d'accueil. On pourrait rentrer à la maison ensemble pour discuter?

Ses mots étaient doux, un peu charmeurs. Peut-être essayait-il de m'amadouer? Il fallait que j'arrête d'être si paranoïaque, mais en même temps je devais rester un peu sur mes gardes. Je ne devais pas avoir peur de lui. 

J'acquiesçais, et il sortait de classe. Je sortais quelques temps après lui. Je me dirigeais vers mon casier alors que plusieurs se précipitaient vers la sortie. Nous n'étions même pas la fin de la semaine et la plupart se bousculaient pour partir de l'école.

Je repensais encore à ce que Chelsea nous avait annoncé. Elle était à côté de mon casier, peut-être aurais-je le temps d'y en glisser un mot, histoire de savoir comment cela s'était passé? Je n'avais jamais perdu ma virginité, Julie non plus. Seule Camille aurait pu la conseiller.

Je soufflais en repensant à Camille. Longtemps ses cris allaient me hanter, je le savais bien.

Colin arrivait brusquemment à côté de moi.

-Salut, face de taches de rousseur, disait-il d'un ton moqueur.

Je roulais des yeux. Il savait que je détestais me faire appeler de cette façon. Mes taches de rousseur me complexaient à un point fou.

-Col', cesse de l'appeller comme cela, râlait Chelsea, en train d'ouvrir son cadenas.

Ce n'était certainement pas aujourd'hui que j'allais lui parler de ça. Je n'aimais pas vraiment Colin puis je ne voulais pas créer de malaise.

J'enfilais mon manteau et rangeais mes choses dans mon sac. De toute façon, je devais rejoindre Aaron. Je n'avais pas beaucoup le temps de parler avec Chelsea et son copain.

-À demain Chel'! je disais, en verrouillant mon cadenas.

Elle me saluait brièvement et je partais vers la porte de l'accueil. Je pouvais déjà voir Aaron à l'extérieur qui m'attendait.

Il me faisait un petit geste de la main, comme pour me saluer. Je détournais un peu le regard. Je ne voulais pas l'ignorer, mais j'avais si peur de sourire et de paraître vulnérable par la suite.

Il s'approchait de moi et déposait ses mains sur mes épaules. J'étais si petite comparée à lui.

Mais j'étais encore plus petite à côté de Harry.

Harry... nous nous étions toujours pas vu depuis le soir où Camille est morte. Il n'est jamais revenu à l'école. Avait-il peur de me recroiser?

-Marie, disait finalement Aaron. Je ne voulais vraiment pas te bousculer...

-Est-ce que ça te fais de la peine? je demandais à Aaron, subitement. J'avais fait comme si je n'avais pas entendu ses excuses.

-De quoi parles-tu? demandait-il, alors qu'on marchait sur le trottoir. Le paysage commençait à perdre de la couleur.

-De ta cousine. Camille, je disais, regardant au loin. Je mordais mes joues, puisque je sentais ma voix craquer. Sa mort me faisait affreusement mal. Surtout que j'avais entendu ses cris et que je n'avais pas été assez courageuse pour aller la voir.

-Eh bien, je... pourquoi tu me poses cette question? il semblait malaisé. Il se frottait le cou et lui aussi, il commençait à éviter mon regard.

Est-ce qu'il était responsable du meurtre de Camille?

-Je sais pas. Je voulais simplement savoir. Tu faisais quand même partit de sa famille.

Il raclait sa gorge.

-Cam et moi... on était pas tant proche. On était dans la même famille et tout mais je pense qu'elle m'aimait pas vraiment. Je ne sais pas. Je suppose qu'elle avait un peu trop de caractère pour moi et que j'étais trop stupide pour elle.

J'acquiesçais. Je ne devrais pas l'accuser de meurtrier tout de suite, jee n'ai aucunes preuves. C'était stupide de ma part.

-À vrai dire... il semblait hésiter.

Il en stressait presque. Moi aussi, ça me stressait la manière dont il agissait.

-On a des sortes de secret de famille un peu. Je n'aime pas trop en parler mais, je veux juste que tu saches que je n'ai aucun liens avec le meurtre de Cam. Jamais je n'aurais fait ça.

Je le regardais et nos yeux se rencontraient. Il semblait être honnête, j'avais confiance en lui.

-Je te pardonne. Pour la bousculade, tu sais. T'es un bon gars je pense. On devrait apprendre à plus se connaître... on a pas vraiment eu l'occasion avec Harry dans les parages, disons.

Un sourire illuminait alors le visage d'Aaron.

-Bien sûr que j'aimerais cela! Tu veux que... je te raccompagne chez toi?

Je lui souriais.

-Évidemment.

Obsessed | matureWhere stories live. Discover now