douzième lettre

2K 378 102
                                    

Mardi

Cher futur Léo,

Après les cours (car j'ai réussi à arriver au lycée à l'heure et à y rester grâce à Théo qui m'a emmené en voiture), ledit Théo est venu me chercher. Quelques rumeurs circulaient déjà à mon sujet, mais quand mes « camarades » ont vu que le leader d'Aromantique Arobasque venait me chercher... J'avoue que je me suis senti important. Certaines filles sont venues me voir pour me demander comment je le connaissais.

Difficile d'expliquer que je lui avais servi de petit-ami à une fête, alors je n'ai rien répondu. Elles se fichaient sans doute de ma réponse, car l'une d'elle a demandé si l'on sortait ensemble. J'ai répondu que non. J'aurais peut-être aimé que oui.

Théo est sorti de sa voiture pour m'aider à m'installer et a signé deux, trois autographes avant de dire qu'il avait quelque chose d'important à faire. Je me suis demandé si passer du temps avec moi signifiait faire quelque chose d'important mais, avant de me faire trop d'idées, j'ai juste attendu qu'il démarre.

Il avait sa guitare sur les sièges arrières et ses fameuses lunettes de soleil. Je n'ai pas posé de questions. J'étais heureux de le voir.

Il m'a emmené à la pelouse de la gare, s'est garé sur le parking, et je suis allé à l'endroit où je m'asseyais toujours. J'ai inspiré l'air frai, j'ai senti le soleil sur ma peau, mes pieds posés sur le sol terreux. Et ça faisait vraiment du bien de revenir ici tout en me disant que je n'avais tué personne.

Tout ça grâce à Théo.

Théo qui s'était assis sur le banc à côté de moi avec sa guitare.

« Eh ! s'est-il soudain exclamé.

— Oui ?

— Avec Aro, on va se faire interviewer par M6. Je voudrais que tu viennes.

— Moi ? Tu es certain ?

— Bien sûr. »

J'ai eu envie de l'embras -

Non. Pas du tout. J'ai juste eu envie de lui sourire. Ce que j'ai fait.

« Tu veux que je te joue le morceau qu'ils vont passer à la radio ?

— Je t'écoute. »

Il a sorti sa guitare de son étui et a commencé à gratter les cordes, doucement, et avec une voix suave il a commencé à chanter. C'était de l'anglais, je n'y comprenais pas grand chose étant donné qu'il ne s'agissait pas de ma première langue vivante au lycée, mais c'était joli quand même. J'ai cru reconnaître les mots « boy » et « love » mais je n'étais pas sûr. Théo avait sans doute un trop bon accent.

« C'est très beau.

— Merci, ça me touche. »

Je lui ai souri.

« Au fait, c'est quand ton interview ?

— Vendredi.

— Ah. »

Ce n'était pas le meilleur jour possible. En effet, le lendemain, ce serait l'anniversaire de mort de Lucie. Je savais que je serais anxieux, voire angoissé, à l'approche de ce jour, aussi je ne pensais pas être capable de l'y accompagner.

« Tu as quelque chose de prévu ?

— Pas exactement. »

Comment trouver les mots pour expliquer que je ne pouvais vraiment pas venir, mais sans le décevoir ?

la pelouse de la gareWo Geschichten leben. Entdecke jetzt