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     Comme je le disais, le premier rendez-vous avec le spécialiste approchait et j'étais fin prêt. Ma mère m'avait réveillé plusieurs fois les nuits précédant le jour J. Pour un enfant de trois ans, passer des nuits aussi mouvementées fait des dégâts. Alors ce matin-là, j'étais particulièrement énervé et fatigué.

     On m'a fait entrer dans une grande salle pleine de jouets. Les murs étaient recouverts de miroirs, mais je ne savais pas encore que derrière ces miroirs il y avait mes parents et le spécialiste qui me regardaient. Je ne sais plus exactement ce que j'ai fait dans cette salle pendant qu'ils m'observaient, je me souviens juste que je n'avais pas envie de jouer car ma mère m'avait encore empêché de dormir la veille et j'étais très fatigué ; mais ça l'a rendue heureuse.

     Quand ils sont venus me chercher, ils m'ont amené dans le bureau du spécialiste et il leur a demandé mon quotidien, mes habitudes, si j'avais des amis ou encore si je ne m'étais toujours pas mis à parler. Ils ont dit que non, je ne parlais pas, ni à eux, ni à aucun enfant de mon âge, pourtant nombreux dans la famille, et qu'au contraire ils se plaignaient de moi. Je me souviens qu'en les entendant dire ça j'étais malheureux, j'ai fait une crise de colère ; mais ça aussi, ça avait fait plaisir à ma mère.

     Le spécialiste m'a posé des questions mais je n'avais pas envie de lui parler. Je grognais et je le repoussais. Ma mère lui a dit que je faisais toujours ça et que je faisais peur à certaines personnes. Ça m'a encore rendu furieux alors je me suis bouché les oreilles en grognant. Je ne comprenais pas pourquoi elle mentait à cet inconnu et je me rendais bien compte que lui dire tout ça c'était grave, mais surtout j'avais honte. Honte qu'il croit que j'étais un méchant petit garçon alors que j'obéissais toujours à mes parents.

     Comme je ne voulais pas lui parler, le docteur a fini par dire à ma mère que ça ressemblait bien à de l'autisme et qu'il fallait que je revienne souvent pour en être sûr. Elle a pleuré et mon père l'a prise dans ses bras. Je m'en souviens car mon père ne prend jamais ma mère dans ses bras. Moi j'ai baissé la tête, honteux de la faire pleurer.

     Quand on est rentré à la maison, je me suis excusé. Je leur ai dit que je ne serai plus jamais méchant et que j'étais désolé de les avoir déçus. Ils se sont approchés de moi, m'ont pris dans leurs bras et m'ont dit qu'au contraire, ils étaient très fiers de moi. Ils m'ont dit que si je voulais continuer à les rendre si heureux, il fallait les écouter et faire tout ce qu'ils me demanderaient. Je leur ai promis.

Je suis un actisteUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum