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     Un jour, mon père a eu une idée. Il s'est réuni avec le maire et quelques représentants de la commune et leur a demandé de faire preuve de charité. Il leur a proposé d'organiser un loto dans la salle polyvalente pour récolter des fonds pour notre association Oscar du meilleur autiste. Au début, ils ont hésité. Puis quand il leur a proposé d'installer une buvette, et que les fonds de la buvette leur seraient réservés, ils ont tout de suite signé.

     Ils nous ont donné une date, et ont tout organisé pour faire venir un maximum de personnes : affiches dans les commerces, annonces à la radio locale... Ma mère, elle, s'est arrangée pour inviter des personnes d'autres associations qu'elle avait rencontrées sur les réseaux sociaux. Il devait y avoir un grand nombre d'invités, et vendant le carton de loto à 2€, avec l'éventualité que certaines personnes en prennent plusieurs, mes parents se frottaient déjà les mains en pensant au paquet d'argent qu'ils pouvaient se faire.


     Moi, je me demandais bien ce qu'on allait faire avec tout cet argent. Mais ce que je ne comprenais pas, c'était pourquoi on avait besoin de plus d'argent. Car avec tous les dons de jouets et de vêtements qu'on avait reçus depuis que l'association était créée, on n'avait plus besoin de rien, mon père en avait même revendu un peu. Ma mère m'a expliqué qu'elle voulait partir en Amérique pour participer à une formation pour les parents d'enfants autistes, une toute nouvelle forme d'enseignement qui a fait ses preuves. Elle disait à tout le monde que ce voyage c'était pour moi, mais moi je ne voulais pas trop qu'on parte en Amérique, j'avais encore trop peur des cow-boys et des indiens.

     Le jour du loto était arrivé, mes parents m'avaient répété toute la nuit les règles. J'étais épuisé alors je n'avais pas envie qu'on m'embête. Quand tous les gens sont arrivés, j'ai senti que quelque chose montait dans mon ventre. C'était la peur. J'avais peur de tout ce monde, de toutes ces éventuelles personnes qui pouvaient lire dans ma tête, et je me disais que ça allait être très dur de ne croiser le regard de personne.

     A un moment, ma mère m'a appelé. Ce n'était pas son genre de m'appeler devant le monde, j'ai cru que c'était une ruse pour que je fasse une erreur alors je n'ai pas bougé. Elle est donc venue me chercher et m'a pris dans ses bras. Elle m'a déposé devant une petite fille de mon âge. Elle était vraiment très jolie. Sa mère s'est penchée vers elle, la petite fille regardait par terre en jouant avec ses lacets. Ses cheveux étaient magnifiques, ils avaient l'air de flotter dans l'air, j'avais envie de les lui toucher.

     Ma mère nous a présentés, elle s'appelle Iliana, et elle est autiste. 

Je suis un actisteWhere stories live. Discover now