Suite

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Debout, valises aux mains, j'aperçois un type baraqué en costume noir et lunettes vissées sur le nez qui tient dans ses grandes mains mon nom inscrit sur une pancarte.

Sérieusement ?!

À quel moment Gio est devenu une superstar avec bolosses à son service ?

Simplement improbable.

Aucune idée de ce qu'il se passe dans sa vie mais ça commence à me faire peur.

Un vol pour Venise c'est encore possible ?

Quoi qu'il me réserve comme nouvelle. Ça a intérêt à être du lourd.

Avant que j'aie eu le temps de dégainer mon téléphone pour lui demander des comptes, le gars en costume me repère et s'avance vers moi.

- Madame Cerafi...
- Mademoiselle. Pourquoi mon frère n'est pas là ?
- Mademoiselle, veuillez me suivre s'il vous plaît.

Pied de grue en plein milieu de l'aéroport.

C'est un combat d'yeux entre Tout en muscle et moi. Nous jaugeons la détermination de l'autre et bien qu'il ait déjà mes valises à bout de son énorme bras, il comprend vite que je ne compte pas me laisser démonter par sa carrure impressionnante.

Stupide est celui qui se laisse berner par ma petite carrure.

Mon sens de l'autorité et mes mille et unes façons de toujours arriver à mes fins sont en parfaite opposition avec l'image de petite fille sage que je peux donner.

Si dans un premier temps, je crois le bonhomme raisonnable de réévaluer la situation, la seconde d'après il part dans un fou rire presque communicatif. Presque.

Il a craqué ou bien ?

Monsieur C.I.A. relève ses lunettes de soleil et déboutonne le haut de sa chemise.

Prête à appeler mon frère pour qu'il m'explique ce cirque, l'autre en profite pour saisir ma main et m'obliger à avancer.

- Gabe Kutcher. Je suis un ami de ton frère. Et tu viens de me faire perdre cinquante billets, poupée.

Tapant du pied au sol, bras croisés, je fulmine. Les questions se bousculent dans ma tête et ce poupée reste coincé au travers de ma gorge.

- Ton frère a un imprévu de dernière minute, il m'a demandé de venir te chercher. Vu ta trempe, je pencherais plutôt à une échéance avant de t'affronter, rigole-t-il. Et pour l'argent... J'avais parié que tu serais bouche bée face à la grandeur de mon charisme, mon physique si...
- T'as fini Casanova ? je l'interromps mi-sourire.
- Je plaisante, m'dame. Giovanni parle souvent de sa petite soeur. J'étais loin d'imaginer que tu étais du genre femme de poigne. Cela dit c'est vrai que pour le boulot...
- Quel boulot ?

Sans m'en rendre compte, nous avons quitté l'aéroport et sommes face à une superbe Dodge Challenger GT AWD 2017 noire plus étincelante que jamais sous le ciel noir de nuit et toutes les lumières qui s'animent autour de nous.

Comment je connais jusqu'à son année de fabrication ? Mon frère a pollué ma messagerie mail de photos de cette foutue voiture depuis la parution du prototype. Heureusement qu'il a toujours été du genre altruiste car en voyant ce bijou de mes yeux, moi-même je meurs de jalousie.

N'en sachant toujours pas plus sur la nature de mon travail, je me plonge dans le mutisme en examinant le paysage qui défile sous mes yeux. Bon, on est loin du romantisme de Venise. Tout est si... Différent. Je ne suis pas habituée à autant de circulation (inexistante à Venise). C'est aussi horrible que ce que j'avais imaginé.

- Le voyage s'est bien passé ?
- J'aurais préféré rester chez moi, je marmonne en extirpant mon portable de mon sac.
- Les sourcils froncés ne te vont pas, poupée. Une petite risette ?

Je lève les yeux au ciel sans pouvoir m'empêcher de sourire. Ridicule et suffisant ce type. Je m'occuperai de son cas lorsque j'aurai réglé celui de mon frère.

Dans le rétroviseur, je le vois m'adresser un clin d'oeil complice. Relevage de yeux au ciel.

Tous ces mystères me rendent folles.

- Y'en a encore pour longtemps ?
- T'es pas bien avec moi ? Fatiguée peut-être ? C'est vrai qu'en Italie il doit être quinze heures trente ?
- Je veux savoir ce que je viens faire ici ! Et non, en Italie il est cinq heures trente du mat'. C'est sept heures en plus pas en moins.
- Pire qu'une harpie ! rigole-t-il en roulant les yeux vers le haut.
- Si tu pouvais te contenter de répondre à ma question.
- À savoir ? demande-t-il malicieux.
- T'es pénible.

Je me renfrogne dans mon siège et croise les bras en m'intéressant de nouveau au paysage. C'est froid et ça n'a aucun cachet.

Enfin la voiture ralentit devant un immeuble luxueux et tout de grandes fenêtres revêtu. Face au Lac Michigan. Si j'ai vue tous les matins sur ce tableau naturel, ce sera une moindre consolation. Ça me fera penser à la maison à Venise.

- Où sommes nous ?
- En bas de chez toi.
- Ha ha, Watson. T'es pas une lumière.
- Avenue Michigan, mademoiselle pressée et trop stricte. Reste zen. T'as besoin de te détendre ?

On se demande bien pourquoi. La main sur la poignée pour ouvrir la porte, la voiture redémarre.

- Hé, je croyais que nous étions arrivés.
- Je sais que tu es fatiguée mais patience. Observe. Ici ton lieu de résidence et nous nous rendons sur ton lieu de travail.
- C'est loin ?
- Quand tu es arrivée, tu es à mi chemin !
- C'est pourri comme réplique.
- Concentre-toi sur la route et ne t'égare pas. Certains quartiers sont...

Dans quoi Gio m'a fourrée ?

- Ils sont ...?
- Pas recommandés pour les demoiselles seules et étrangères.
- Je ne suis pas une petite chose fragile.

Stoppés à un feu rouge, il me fixe dans le rétroviseur. Ses yeux se plissent. Je m'attends à une réplique ou autre.

- Juste, fais attention. Ne te perds pas. Gio t'expliquera mieux et surtout ce qu'il attend de toi.

Génial. Deux grands frères pour le prix d'un. Taiseuse le reste du trajet, ma posture lui signifie qu'il doit en faire autant. Il n'ajoute rien, il a compris. Bon petit. Je le verrai bien se faire dresser par ma maîtresse fictive dans mon histoire pour son insolence.

C'est certain que je ne referai pas le trajet sans avoir peur de m'égarer. Tout se ressemble surtout dans la nuit noire. D'ailleurs que fout Gio à vingt trois heures au boulot ?

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Éblouie par la nuit Where stories live. Discover now