un accueil à revoir

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"Hey... Je suis vraiment désolée, je ne vais pas pouvoir venir. J'ai un peu de fièvre, j'ai même pas le droit d'aller travailler. Pardon..."

Le message de Livia tournait en boucle dans son esprit. Son téléphone l'avait annoncé avec sa voix grave et sèche habituelle, alors que la jeune fille aurait utilisé un ton plus doux à l'oreille. La technologie se différenciait tellement de la réalité...

Pour la voir, il avait parcouru la moitié de la ville à pieds. Alors, il fût soulagé lorsque son GPS lui annonça qu'il était enfin arrivé. À l'aide de sa canne, il avait réussi à gravir les quelques marches qui le séparaient du perron. Agosti n'avait pas de problème avec les escaliers, mais il préférait quand des rampes se trouvaient sur les côtés, ce qui n'était pas le cas ici. Livia habitait un vieil immeuble des bas quartier. Une nauséabonde odeur de cigarette s'en échappait, il savait qu'il était au bon endroit, son amie lui parlait souvent de l'abominable parfum qui s'y dégageait quotidiennement.

Agosti se trouva vite pris au dépourvu, lorsqu'il se rendit compte qu'il ne savait pas le numéro de l'appartement de son amie. Alors, il s'en mordait les lèvres, il s'en voulait de ne pas y avoir réfléchis avant. Il ne lui restait qu'une seule solution : joindre l'adolescente pour qu'elle vienne le chercher dans le hall, au risque de ruiner la surprise.

"Vous cherchez quelque chose ?" demanda une voix masculine, dans le dos du garçon perdu dans ses esprits.

Le vieil homme pensa d'abord que c'était un garçon fort malpoli et irrespectueux, mais il remarqua la présence de canne et d'écouteurs. Alors, pour ne pas effrayer l'inconnu, il tira légèrement sur le fil du GPS et posa ensuite sa main sur l'avant bras de l'adolescent.

"Vous cherchez quelque chose ?" répéta l'homme d'âge mûr.

Agosti acquiesça d'un rapide signe de tête. Il éteignit son GPS et débrancha les écouteurs, qu'il rangea avec hâte dans la poche de son manteau rembourré. Il empoigna ensuite sa canne à deux mains, préférant tout de même se méfier de l'individu qu'il ne connaissait pas.

"Je cherche l'appartement de Boramé Livia.
-Oh, la petite Livia. C'est juste à droite, enfin, à votre gauche. C'est la deuxième porte. Vous ne pouvez pas la manquer, il y a un trou dans le mur, près de la sonnette.
-Je vous remercie."

Agosti salua son sauveur, sans savoir si celui-ci s'était déjà sauvé. L'adolescent longeait maintenant les murs, caressant la vieille peinture de ses mains. Il rencontra une première porte, mais ne s'y attarda pas plus que ça, c'était la deuxième qu'il cherchait. Lorsqu'il la trouva, il vérifier l'entrebâillement et, à tâtons, constata la présence d'un trou vers la sonnette.

Son cœur se faisait bruyant dans sa poitrine, le petit organe cherchait à s'échapper de son thorax. Agosti combattait son propre corps, tout en priant pour que le vieil homme lui ait dit la vérité.

Il retient sa respiration. Le torse bombé, les épaules en arrière, il sonna. Il n'eût pas besoin d'attendre longtemps, la porte s'ouvrit dans les secondes qui suivirent et un timbre de voix vint lui torturer les oreilles.

"Ouais, c'est pour quoi ? Ah. Agosti. Livia est malade, elle ne peut recevoir aucune visite." déclara la mère de Livia.

Elle avait une voix irritante, sifflante et désagréable à l'oreille, alors il ne pût que la reconnaître. Au contraire, Maud, la mère d'Agosti, avait un timbre plus doux, plus mielleux et cela correspondait à sa personnalité, même si, comme tout adulte, elle savait se montrer autoritaire.

Le corps d'Agosti s'était raidit. Il se retrouvait paralysé, immobilisé sur le pas de la porte, à se demander s'il n'aurait pas meilleur temps de faire demi-tour et rentrer chez lui en quatrième vitesse.

"Esmée. Ne dis pas de bêtise. Laisse le rentrer, il vient pour moi, pas pour toi, que je sache." ordonna Livia en attrapant son ami par le bras pour le tirer à l'intérieur du petit appartement.

Contraint, Agosti fila sous le nez de la mère au tempérament détestable. Guidé par la malade, le jeune garçon se retrouva dans la chambre de celle-ci, à l'abri des propos de la mère. Pour ne pas être dérangés par celle qu'elle détestait par dessus tout malgré leur lien de sang, Livia ferma sa porte à clé. Elle se permit enfin de respirer à nouveau, comme si elle venait d'échapper aux griffes d'un monstre féroce et sanguinaire.

"C'est la première fois que tu viens chez moi, et elle fait même pas... Pardon pour l'accueil, tu sais à quel point elle est horrible." s'excusa la jeune fille en s'installant sur le lit, aux côtés du garçon silencieux.

Bon finalement, ce sera dans le chapitre suivant, sinon celui-ci ferait le double et serait plus long que les autres.

En attendant, n'hésitez pas à donner vos impressions ! À votre avis, pourquoi tous ne s'apprécient pas ?

on en avait que faireWhere stories live. Discover now