une véritable amie

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Il faisait nuit, le ciel était noire et les volets des habitations étaient fermés. Les enseignes lumineuses des commerces brillaient encore, alors que tout était tiré. L'église du village avait arrêté de sonner car neuf heures étaient passées depuis maintenant presque cent-vingt minutes.

Pourtant, il ne dormait pas. Il était assis sur son lit, la musique à fond dans les oreilles et le visage peiné. Pour éviter de réveiller les adultes, il utilisait les écouteurs. De cette manière, il pouvait écouter ce qu'il voulait, sans recevoir les critiques des autres. La triste mélodie envahissait la pièce, ainsi que son cœur en miettes. Il ne s'en voulait pas, elle l'avait bien méritée. Néanmoins, une étrange sensation le torturait de l'intérieur et il n'était pas parvenu à en découvrir la raison.

Soudain, quelque chose vint s'écraser à sa fenêtre. Une pierre, ou peut-être une petite mais lourde branche. Il avait d'abord crû à une hallucination sonore, alors il avait fait mine de rien, mais le bruit se répéta une nouvelle fois. Il baissa le volume de la chanson et tendit l'oreille. Cela recommençait. Quelqu'un cherchait à attirer son attention.

Il sortit de son lit et se dirigea d'un pas lent jusqu'à sa fenêtre fermée. Il l'ouvrit sans réelle envie et se pencha en avant pour tenter de deviner, à l'oreille, l'identité de l'invité. Mais, au lieu de cela, un caillou rencontra le sommet de son crâne. Heureusement, il était petit et léger, aux bouts arrondis, alors aucune douleur ne le fît gémir, il n'avait pas mal.

"Pardon, je suis désolée Agosti, pour notre dispute de la dernière fois. J'espère que tu m'en veux pas trop de t'avoir laissé partir sans te retenir. Mais, je peux monter ?"

C'était Livia. Elle était revenue, après deux longues journées d'absence.

"D'accord."

Livia souriait, et même si Agosti ne voyait pas, il le savait, car il connaissait ses réactions par cœur.
Il ne fallût que quelques secondes à Juliette pour grimper jusqu'à la fenêtre de son Roméo déprimé. Agile de ses membres, elle tenait en équilibre sur les rebords et attendait que le jeune garçon se décide à se décaler sur le côté pour rentrer. Mais, l'adolescent ne bougea pas. Il attendait patiemment que celle ci s'explique sur sa venue tardive.

"Tu sais, tu m'as impressionné. Tu es une forte tête, quand tu veux.
-Alors, toi aussi t'étais là..." murmura le garçon en retournant dans son lit pour se morfondre plus que jamais.

À cet instant, il se sentait humilié, trahi. Son amie avait assisté à ce moment, celui qu'il tentait d'effacer de sa mémoire et elle, elle avait tout vu.

Livia rentra dans la chambre, puis se hâta de rejoindre son ami enroulé dans les chaudes et épaisses couvertures. Elle replia ses jambes contre sa poitrine et, joue contre genoux, regardait l'adolescent triste.

"Ouais, elle avait mis ton mot bien en évidence sur la table de la cuisine. Elle savait que j'allais être tentée et elle avait raison.
-C'est une connasse...
-Je te l'avais dit.
-T'avais raison, encore une fois.
-Agosti..."

Livia voyait non pas ça comme une constatation, mais comme un reproche. Ce n'était peut-être pas le but, mais son ressenti était tellement fort qu'elle préférait le faire disparaître complètement.

"Toi aussi, il t'arrive à avoir raison.
-Pas souvent, et surtout pas aujourd'hui...
-Ce rendez-vous n'était pas si mal que ça. Vois le bon côté des choses, tu lui en as mis pleins dans les dents.
-Elle va s'en remettre.
-C'est vrai. Mais quand t'es parti, elle était sacrément énervée. C'était marrant à voir." se souvînt la jeune fille aux cheveux courts.

Malgré le récit de son amie, l'adolescent gardait un air de déterré. Il s'en foutait de savoir si Esmée était énervée ou bien triste. Lui, il n'avait pas le moral, et c'est tout ce qui comptait à l'heure actuelle.

"T'es venue juste pour dire ça ?
-Non. C'est ta première rupture. Et t'es triste, alors je me devais d'être là.
-C'est pas vraiment une rupture, mais bon, merci quand même. T'es une véritable amie.
-Je serais toujours là pour toi Agosti. Retiens bien ça, car c'est une promesse que je tiendrais quelque soit les conséquences et le prix a endurer."

Agosti avait les larmes aux yeux et en même temps, il souriait. Il avait chaud au cœur, car ce qu'elle venait de dire était beau, rassurant et tellement revigorant. Il se sentait important à ses yeux, mais vraiment. Poussé par la joie qui l'habitait maintenant, il sauta sur la jeune fille et l'enlaça tendrement, tout en la remerciant d'être sa meilleure amie et de combler sa vie.

Un deuxième chapitre car j'ai mis du temps à publier !
J'espère que cette partie vous plait 😏

on en avait que faireWhere stories live. Discover now