Chapitre 25 - Bonnes nouvelles

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« Non ? Sérieux ? Eulalie, tu es géniale ! »

L'enthousiasme de Gédéon me fait chaud au cœur. Quand il s'avance pour me prendre dans ses bras, je me tends immédiatement, extrêmement surprise. Cependant, je me laisse vite aller à cette étreinte complice et victorieuse. Finalement, nous nous détachons doucement l'un de l'autre et le jeune homme me demande de continuer le récit de ma rencontre avec Prolin Revi. Je viens de lui apprendre que l’Ambassadeur a accédé à ma requête mais il me reste à lui parler de la petite opération que je vais devoir subir. Dès que je prononce le mot chirurgie, son visage basané pâlit.

« Dis moi que tu n'as pas accepté… S'il-te-plaît… »

Sa voix est suppliante et je comprends qu'il ne va pas du tout aimer ma réponse. Je vais avoir intérêt à trouver les bons mots pour le rassurer.

« Écoute. C'est notre seul espoir, notre unique solution. Si j'avais refusé, nous aurions été condamnés à finir notre vie ici.
— Mais Eulalie… Tu n'es même pas sûre qu'il ne décide pas de te tuer »

Sa voix vibre d'une inquiétude palpable et je me sens un peu coupable de n'avoir une fois que très peu réfléchi et d'avoir agit sur un coup de tête sans consulter personne. En même temps, je ne pouvais pas faire attendre Prolin Revi pour demander son avis à Gédéon…

« Je sais Gédéon. Affirmé-je. Je suis consciente des risques que je prends mais Revi n'a aucune raison de me mentir. Il fait deux fois ma taille : il peut me tuer à n'importe quel moment.
— Et s'il espionnait toutes tes pensées ? Me demande-t-il, son intonation trahissant un léger énervement. »

Je lui transmets alors tout ce que m'a expliqué l’Ambassadeur et je le vois se détendre presque imperceptiblement. Je guette son assentiment dans chacun de ses gestes car il est le seul à qui je me confie et qui a le pouvoir de me rassurer.

« Est-ce que je peux te faire changer d'avis ? »

Je souris doucement car je sais que le garçon brun, en posant cette question, vient d'accepter mon choix. Je secoue la tête en signe de négation, confirmant ce qu'il sait déjà. Il esquisse à son tour un sourire résigné. Sa main large s'approche alors doucement de la mienne et je frémis à son contact. Ce genre de démonstrations physiques d'affection ne sont pas dans nos habitudes mais si je rougis violemment, je n'en trouve pas moins cela très agréable.

« Si je ne peux pas t’éloigner du danger, je vais au moins essayer de te soutenir pour l'affronter. Je tiens à toi Eulalie, bien plus que tu ne le crois, et je suis certain que tu vas réussir. »

Ses paroles douces me remplissent d'une joue indescriptible et je le remercie d'une petite voix gênée mais sincère. Maintenant que j'ai son soutien, ma mission me paraît moins effrayante. Pour éviter de ressasser l'angoisse qui persiste malgré tout, nous changeons de sujet et Gédéon décide de m'expliquer le principe d’entropie. Je n'ai jamais été très bonne en physique mais le temps passé avec le jeune homme m'as permis de me remettre à niveau et je me rends maintenant compte de combien cette matière, si le professeur est patient, peut être passionnante. Nous parlons sans voir le temps passer, nos mains toujours enlacées. Aussi, lorsque nos Abyssaux commencent à s'agiter pour partir, nous nous saluons avec regret.

Alors que nous nous apprêtions à nous séparer, il me retient par une pression légère sur mon poignet. Je me retourne et croise son regard d'un bleu intense alors qu'avec une douceur infinie, Gédéon se penche et dépose ses lèvres fines sur les miennes. Ce baiser me fait tréssaillir d'étonnement mais aussi, je dois bien l'avouer, de plaisir. Finalement, il se redresse à contre-coeur et, avant d'être tiré au loin, me murmure à l'oreille :

« Je tiens vraiment à toi Eulalie. Ne meurs pas. »

Je le vois s'éloigner à regret, se retournant une dernière fois pour m'adresser un clin d'oeil complice accompagné d'un grand sourire, tandis que mes propres pas me portent dans une direction opposée. Même lorsque je ne le vois plus, il me semble qu'il est toujours là, que je sens toujours son baiser, que j'entends toujours ses mots affectueux. Mon esprit en ébullition tente d'analyser la situation mais mes neurones sont victimes d'un agréable court-circuit.

Cela serait mentir que d'affirmer que notre complicité amicale ne devienne une relation plus intime mais maintenant que cela arrive, j'en suis extrêmement troublée. Il faut dire que Gédéon est le premier garçon à m’embrasser. Avant d'arriver ici, je craquais pour un certain Bastien mais cela n'a jamais été réciproque. Qu'est-ce j'aimerais pouvoir en parler à ma mère ! Elle, elle saurait mettre des mots sur ce que je ressens, sur cette euphorie qui me fait sourire niaisement. Ma mère devinait toujours tout avant que je lui dise quoi que ce soit… J'écarte cette nostalgie naissante pour me concentrer sur mon bonheur présent.

Encore que celui-ci est troublé par quelques questions… Est-ce que Gédéon s'intéresse à moi simplement parce que je suis la seule fille en âge de sortir avec lui ? Est-ce qu'il m'a embrassé parce qu'il en avait vraiment envie ou parce qu'il avait peur pour moi ? Est-ce qu'il n'a pas une copine qui l'attend, là-bas, sur Terre ? Est-ce que je vais réussir à survivre, comme il me l'a demandé, assez longtemps pour découvrir la réponse à ces angoissantes interrogations ? Ne souhaitant pas me laisser envahir par des doutes oppressants, je les envoie rejoindre ma mélancolie, au fin fond de mon âme tourmentée.

Finalement, j'atteins la maison en sautillant gaiement, le cœur léger : une chance s'offre à moi de changer notre vie et Gédéon m'a embrassée. Face à ce que je vis depuis maintenant plusieurs mois, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.

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Ne vous en faîtes pas : l'histoire ne sera pas centrée sur cette romance !
Je vais aussi essayer de rendre l'histoire un peu plus vivante avec un peu plus d'action même si ça restera centré sur la découverte de Exo2507 et de ses mystères. (Le changement "plus d'action" n'arrivera pas forcément au prochain chapitre).
Ce dernier va sûrement être un peu plus long et compliqué à écrire : excusez moi s'il ne vient pas tout de suite !

La Cage [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant