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C'est juste un peu de sperme !

C'est ce qu'elle lui avait craché au visage ce soir et elle n'avait pas forcément tort. La génétique avait cela de fabuleux que le mélange de deux fluides créait une petite cellule, qui se multipliait à l'infini pour donner une vie. Sans effort particulier ou engagement quelconque, cela ne requérait que des cuisses accueillantes et un coup de rein décisif. Aussi simple que cela. Pourtant, elle avait minutieusement choisi son donneur de sperme, la petite alpha en devenir ; un loup impétueux au patrimoine génétique loin d'être décevant dont le résultat, s'il n'était pas agréable pour le cœur, l'était au moins pour les yeux.

Mais lui donner son sperme pour réaliser son fantasme de portée impliquait bien plus que cela, c'était faire d'elle une mère. Il n'aurait su dire ce que représentait une mère, il n'en avait jamais eue. Sa mère biologique ? Il en gardait un souvenir incertain et périssable. Il ne se rappelait pas avoir manqué de quoi que ce soit avec elle, pas plus qu'il ne se souvenait un geste affectueux ou tendre de sa part. Elle n'avait été qu'une présence. Sa mère d'adoption ? Elle l'avait ignoré dès le premier jour et, aujourd'hui qu'il était Loup, il pouvait sentir tous ses pores le vomir de dégoût.

Féconder Isabeau pour son bon plaisir et sa lubie du moment revenait aussi à devenir un père. Son père ? Il avait longtemps cru qu'il ne le connaîtrait jamais. Il l'avait imaginé tantôt aventurier, tantôt mort en héros dans une guerre quelconque, car si sa mère était cette créature froide et inaccessible, son père avait dû être aimant. Personne ne pouvait naître de deux individus haïssables, personne de bien en tout cas. Et Jason n'était pas né mauvais, alors quelqu'un avait bien dû l'aimer au moins un bref instant.

Sa famille d'adoption l'avait recueilli rapidement après l'abandon inexpliqué de sa mère. Un matin elle était partie sans un mot et le soir il dormait chez les Wilde. Pourtant, aucun lien ne s'était créé, on le logeait, on le nourrissait, on le blanchissait, on l'éduquait, mais on ne voulait pas le connaître, on ne l'aimait pas. C'était peut-être lui le problème au final. Le contrat, qu'il avait trouvé dans le bureau de son père alors qu'il expérimentait ses nouvelles capacités sans comprendre ce qui lui arrivait, n'avait rien changé à la donne. Certes, sa mère biologique l'avait vendu à son père biologique contre une somme rondelette, une petite rente coquette et duveteuse, mais s'il avait été digne d'amour et d'attention, sa vie aurait été tout autre. Sa génitrice ne l'avait engendré que pour obtenir ce qu'elle voulait de son amant fortuné et cet homme, qui pouvait tout se payer, l'avait acheté pour s'offrir un fils modèle alors que sa femme légitime, stérile, ne pouvait le lui donner. Rien de bien compliqué dans cette équation. Juste un enfant broyé.

Avec une famille pareille, qui voudrait prendre la responsabilité d'être parent à son tour ? Jason restait convaincu qu'aucun enfant ne méritait une mère impulsive et égoïste comme Isabeau, mais plus que tout, d'aucun ne méritait une coquille vide et instable comme père. Plutôt mourir que de créer une vie.


=> On en apprend un peu plus sur le background de Jason. Qu'en pensez-vous?

GOING WILDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant