Chapitre 28

1.8K 151 40
                                    

Nous sortions de la salle obscure où émanait cette odeur de maïs soufflé. Elle avait beaucoup aimé le film, moi beaucoup moins. Je ne n'aimais pas les films à l'eau de rose mais là, j'avais détesté.

– C'est la première fois que je vois un film nian-nian où les deux personnages principaux ne finissent pas ensemble. C'est plus qu'à chier, dis-je en jetant le paquet vide de popcorn dans la poubelle du hall.
– J'suis pas d'accord avec toi, j'trouve ça cool moi.
– Cool ? Mais c'est pourri !
– Je trouve ça chouette car on ne s'y attend pas quand on regarde le film. Rien ne présageait que leur destin se délierait, c'est la surprise du scénariste. Et puis, c'est pas nouveau ce genre de dénouement.
– Ah oui ? Cite m'en.

On traversa l'entièreté du hall, recouvert d'un tapis rouge sur son sol, pour finalement franchir les portes du cinéma. J'avais toujours trouvé ces endroits fascinant. Le temps d'une heure ou deux, voir plus, devant un écran, on pouvait se laisser emporter par des images.

Jade replaça une mèche derrière son oreille en réfléchissant.

– Roméo et Juliette, par exemple.
– Non, ça c'est différent. Si l'un des deux meurt, ça compte pas. En plus là, Shakespeare a voulu les réunir au final puisqu'ils se suicident. Je te parle de choix. Ils continuent leur vie, passent leur chemin.
– OK, j'en ai pas en tête là tout de suite mais je suis presque certaine que ça existe.

Le ciel s'étaient obscurcit. Le temps s'écoulait si vite dans les salles de projection.

– Bon, si j'avais su que tu serais à tel point bouleversé par la séparation de deux êtres, j'aurais regardé une deuxième fois le nouveau Fast & Furious sans rechigner.
– J'arrive toujours pas à croire que tu y sois aller sans moi !
– C'est chat, il m'a tendue un piège l'autre jour, se défendit-elle.

Je ris et elle me suivit dans ma joie. Sur le chemin du retour que l'on fit tranquillement à pieds, je rallumais​ mon téléphone que j'avais éteint pour la séance. J'avais plusieurs appels manqués des gars. Je jettai un œil à mes messages. Dedans, on m'informait qu'il fallait absolument que je passe à la soirée qui s'était improvisée chez Moha. Il fallait que je me pointe accompagné d'un gros pack de bières bien évidemment car au frais, dans le frigo de Sneazz, vous ne trouverez jamais le moindre alcool. J'étais en train de taper une réponse pour décliner l'invitation mais les yeux de Jade m'interrompirent.

– Pourquoi tu n'y vas pas ?
– Et t'abandonner ? Sûrement pas.
– Qui a dit que tu devais m'abandonner ?

Je la regardais. Je ne trouvais pas l'idée géniale.

– C'est que tu dois être fatiguée ou-
– Ken, je déteste qu'on me fasse ça.
– Quoi ?
– Qu'on me dise mes limites, s'énerva-t-elle. Moi seule sais si je peux ou pas faire une chose. Et figure toi que j'ai très envie de rire devant ton sublime déhanché, s'adoucit-elle avec un sourire.

Elle avait raison. Je me sentais con d'agir ainsi avec elle. Depuis la nouvelle, elle était inconsciemment devenue fragile à mes yeux.

– Bien mais à une seule condition.
– Laquelle ?
– Ne parle pas du film qu'on vient d'aller voir.

Son rire vint vibrer dans sa gorge. J'ignorais ses éclats moqueurs pour réécrire mon message. Nous passâmes donc à une épicerie encore ouverte à cette heure tardive. En regardant la devanture du petit commerce, je trépignais d'impatience d'être à nouvel an. Les bras chargés, quelques rues et nous fûmes arrivés sur les lieux de la fête. J'étais toujours surpris de voir le nombre de personnes qui pouvaient entrer dans un petit appartement. Il y avait du monde et de partout, de la cuisine jusque sur le petit balcon en passant par le salon, cela grouillait de gens. Je me frayais un chemin à travers la foule, Jade sur mes talons, jusqu'à la cuisine. Je fus bien accueilli pour ce que j'avais ramené.

– Notre sauveur ! s'exclama Théo.

Les garçons présent dans la cuisine me saluèrent tous l'un après l'autre. Certains regardaient derrière moi. Je me retournai. Jade, pas habituée à voir autant de mes amis d'un coup, se fit timide. Je pris sa main pour la tirer de sa cachette et la présenter. Lorsque j'eus dit les sept noms qui se tenait devant elle, je crus les voir sortir par une autre oreille.

– Elle était beaucoup moins timide la petite quand elle t'a remballé au bar, fit remarquer Doum's.

J'avais presque oublié qu'elle avait déjà vu une bonne partie de toute l'équipe lorsque l'on venait tout juste de se rencontrer.

– Ah ouais ? s'intéressa Framal, absent ce jour là.

Les gars prirent un malin plaisir à lui raconter tandis que j'entrainai Jade ailleurs. En me faisant un chemin entre les corps en mouvement, je repensais à Halloween. Personne ne l'avait remarqué. Personne n'avait fait attention à elle. Personne, mis à part moi. Sa présence m'avait captivé et j'en étais toujours pas délivré, je ne demandais pas à l'être au fond.

Désastreux AmoureuxWhere stories live. Discover now