Épilogue

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Le sourire de la fillette s'étirait au delà des étoiles apparentes dans les cieux obscurs et bleutés. Certaines de ses dents de lait lui avait été piquées par un petit rongeur mais son rictus n'en était pas pour autant moins attendrissant, bien au contraire. Emmitouflée dans un épais et chaud manteau couleur lilas, elle tenait la main d'un homme. Ce dernier était sombrement vêtu mais partager cet instant avec cette petite illuminait ses iris bicolores d'une joie indescriptible. Ses cheveux étaient châtains, comme ceux de l'enfant sous son bonnet de laines violettes, mais dans les siens commençait à se mêler le gris de son âge. Il jeta un regard vers la châtaigne. Ses yeux d'enfants étaient émerveillés devant le spectacle qu'offrait l'hiver. Il lui dit de faire un vœu avant que la neige ne s'arrêtât de tomber. C'étaient les premiers flocons de la saison, les plus précieux.

Jade m'avait conté cette historiette, l'an passé, quand les rues de Paris s'étaient recouvertes d'un fin tapis blanc. Elle ne m'avait pas précisé qui était cet homme mais je l'eus deviné moi-même ; il était​ clair qu'il s'agissait de son père.

Dehors, de petits flocons s'évadent des nuages. La pièce est sombre et mes sentiments sont plein d'espoir. Les bip-bip de mes vieux cauchemars sont devenus une réalité à présent, à ma plus grande frayeur. Elle dort dans ce lit d'un sommeil plus paisible qu'elle ne l'a été avant de s'endormir tandis que moi, sur ce fauteuil inconfortable​, je ne peux fermer l'œil dans cet espace froid, presque glacé. Ma mémoire a rejoué le moindre souvenir que j'ai d'elle durant la nuit qui ne fait que débuter. Sa maladie a pris du terrain, tant qu'elle s'est mise à parler à grand débit, le temps se compte désormais sur le bout des doigts selon elle. Elle a dit avoir peur de ne peut-être jamais se réveiller. J'ai gardé pour moi mes propres angoisses. Elle n'a pas cessé de me confier ses sentiments, de crainte que ce ne soient ses dernières paroles. Il était impossible de juger qui de nous deux était le plus terrifié par cet avenir à l'horizon si floue.

Mes yeux dérivent vers la vitre et les flocons, repensant à son anecdote, je fais un vœu. Celui de revoir encore, au petit matin, mes prunelles favorites.

Désastreux AmoureuxWhere stories live. Discover now