Rappelle toi

4 0 0
                                    


Un Fait etrange pas pour le moins eprouvant a su ebranler un petit village. Appellee village lumiere, au sud d'Haiti, c'est un fait qui ne marqua que ce petit monde, regroupe devant le corps mutile d'une jeune fille lachee comme un chien dans une boue immonde que l'on ne reconnu pas tout de suite tant les coups eurent profit de lui defigurer le visage, les cheveux arraches, le corps bleui, marques au fer rouge. Seul un cri de douleur et de brusque reconnaissance dechira le silence de ce rassemblement.

La mere de cette malheureuse, Madame Jeanne, etait dans les plus terribles lamentations, en voyant le corps sans vie de son unique fille que la vie dans sa cruaute ne permit pas de mourir doucement comme les roses, mais dans les plus horribles souffrances. Pathetique, elle ramassait comme une automate les morceaux de vetements laches dans la boue pour couvrir le peu de dignite de ce corps deja depouille de tout.

Parmis toutes ces lamentations Il y avait aussi une crainte considerable. Les habitants de Lumiere, tremblaient, etaient dans de profondes reflexions et se questionnaient. Qui a bien pu faire cela a Celesi? pas seulement a un ange malheureux dans la ville de Lumiere mais litteralement la fille d'un homme mysterieux que les gens consultaient pour des affaires peu recommendables, sur des sciences que l'on pourrait qualifier d'occultes. En effet le pere de Celesi, Udhe etait un homme simple sans histoire dont les cheveux avait curieusement l'eclat argente de la lune comme s'il eu vieilli trop vite, on racontait que sa chevelure avait blanchi en une nuit. Et que tout le monde le craignait. Car Il fallait etre fou pour lui manquer de respect.

C'etait un homme ferme, qui ne souriait qu'a sa fille, ne parlant jamais pour ne rien dire, il etait craint car on ne savait jamais a quoi il pensait et comment il allait reagir. Loin d'etre un charlatan c'etait un homme qui remplissait son quotidian et c'est cette simplicite qui inspirait une certain eloignement silencieux

- Ces gens, qui ont fait cette horreur a Celesi vont le payer... ils vont le payer..

murmurra une vieille grand mere qui ne pouvait regarder le cadavre, elle frissonna si vigoureusement Qu'un des grands gaillards de la zone lui suggera vivement d'aller se reposer.

Elle partit tout en continuant de murmurrer la meme phrase.

Tout le monde etait accable devant les deux corps, celui de la mere salie par le sang et la boue se vidait d'elle meme, qu'il fallut plus de deux hommes pour l'arracher au cadavre. Quand on pu l'en eloigner enfin, elle s'evanouie.

- mezanmi... Lumiere pral konnen oui... bagay sa prale lwen....

Affirma une malheureuse qui pleurait de degouts, les larmes etaient ameres. Pauvre Jeanne on sel grenn lan...mezanmi on sel grenn lan wi...moun sa yo pa gen mizerikod menm non papa... pauvre Jeanne...

La pauvre Jeanne eu bien des hommes dans sa vie, tous morts, sans lui donner d'enfant. Elle s'etait resolu a abandonner, quand elle rencontra en sortant de la riviere un homme du nom de Udhe. L'homme la prit pour femme le meme jour. Il ne se passa que quelques semaines et elle tomba enceinte. Elle n'eut cependant pas une grossesse simple et sans complication. Les cauchemars repetes, des diables, des monstres si horribles, mais, aussi de grandes protections, des anges qui ressemblaient eux aussi a d'etranges demons. Ils la regarderent avec bienvaillance en lui disant dans un chuchotement: elle doit vivre... Jeanne...Celesi doit vivre

Dans son coma, elle se rappella de ses mots.

- Elle doit vivre... chuchota t'elle... ma Celesi doit vivre...

Quand enfin on voulu lever le corps elle s'y opposa terriblement, venant se placer devant Le cadavre ou elle ouvrit les bras et dit d'un ton froid a en glacer le sang de plus d'un

- Non mes amis. Nou pap manyen ko sa non. Ko sa moun pa manyenl tanm vivan toujou.

Le Pretre du petit village lumiere s'avanca devant la femme couverte de boue et lui dit d'un ton qu'il voulait peinee

- ma fille je comprends votre douleur mais il faut laisser le corps se reposer maintenant, ayez un peu de respect pour l'ancien sanctuaire de votre fille. Prions plutot pour elle,qu'elle trouve le repos eternel et nous preoccuper plutot des criminels qui lui ont fait de telles horreurs.

La femme eu un rictus violent, elle passa sa main sur sa robe,prestement, et sans que le pauvre Pasteur ne s'y attende, une gifle monumentale vint le chavirer a terre, secoue par la violence du coup il ne sut que faire et se releva tremblant en regardant la femme d'un air non seulement effare mais une colere sourde lui barra la vue de larmes, il avait maintenant le visage macule de sang et de boue. La femme assise a terre, telle une marchande sur une chaise basse, les jambes ouvertes. Elle dit :

- je ne vous ai pas demander votre avis mon ami. Je ne veux pas le repos eternel et ma fille Celesi ne le veut pas non plus. Son pere et moi nous ne voulons pas la justice mon ami, la justice gardez le pour les hommes. mais nous, Nous ne sommes pas des hommes.

le pretre perdu dans ses pensees avait sur son visage la gifle d'une abomination, la boue... la vengeance.. la cruaute et le cadavre d'un ange.. il regarda le ciel avec crainte. Alors en son esprit il murmurra:

- Dieu n'est pas ici.

Et s'en alla sans se retourner.

On aurait dit que le soleil etait devenu plus brulant encore, impitoyable il fouettait visages, dos, pieds tout sur son passage, les mouches commencaient a s'attarder sur le corps boueux. Jeanne toujours assise ne daignait meme pas les chasser. Plusieurs personnes prirent des photos, les posterent, l'histoire se repandit comme une trainee de poudre. Quand soudain, vers 3hrs, Udhe, le pere de Celesi, se fraya un chemin parmi la foule. Il etait grand et quand on le vit, on lui laissa le passage. Tout les yeux etaient fixes sur lui, guettant ses moindres faits et gestes. Ses moindres expressions. Mais comme toujours il n'y avait rien sur son visage. On ne vit rien.. qu'un enorme masque. Raide. Seule Jeanne, ne le regarda pas. Elle continuait de pleurer mais sans hoqueter,sans bruits, les larmes coulaient tendrement et parfois brusquement sur son visage deforme de rage. Udhe releva sa femme, lui prit la taille et l'enlaca...certaines personnes disent que pour la premiere fois ils virent Udhe, pleurer, des larmes douces, sans pretention aussi simple que lui. Il lacha sa femme, et vint vers le cadavre qu'il ne regarda Presque pas. Il la souleva dans ces bras. Et passa dans la foule qui Presque a genoux laissa passer le corps de la malheureuse Celesi morte a seulement 21 ans. Udhe avait la gorge gonfle de colere, les yeux etaient passes au rouge On pouvait entendre Udhe avec sa voix grave chantonner tendrement, les levres seches et tremblantes, sa femme a ses cotes meconnaissables..

- ils ont tues ma Celesi oohh... men kote nanm lan ye mwen pral bouske li.... Mwen pral rache li... Celesi..kote nanm ou ale... mwen pral chache li.

Un silence de plomb suivirent cette supplique



CELESI ou la cle du paradisWhere stories live. Discover now