Une rencontre a la riviere

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NB : LES MOTS EN CARACTERES GRAS ET ITALIQUES SONT LES TRADUCTIONS EN FRANCAIS DES CONVERSATIONS ORIGINAIREMENT ECRIT EN CREOLE.


1- Une rencontre a la riviere

Jeanne avait 25 ans a l'epoque ou c'est arrive, c'etait une tres belle matinee a Lumiere, avec sa robe blanche et son grand panier de linge sur la tete, elle etait la paysanne typique des contes haitiennes, ses beaux cheveux etait caches sous un mouchoire de la couleur du ciel.

Elle venait de commencer une lessive fraiche avec d'enormes draps quand elle se sentit observee de loin.

La riviere etait calme et claire, le soleil rieur semblait preter attention a la scene. Elle crut rever un instant et reprit sa lessive lassivement. Les yeux perdus dans l'eau de la riviere. Quand soudain elle crut sentir une presence derriere elle. Elle se retourna rapidement et vit un homme d'environ 30 ans qui l'observait en silence. Jeanette se leva, et d'un air de mepris et de colere mis ses mains sur ses hanches prete a se baisser pour ramasser un caillou

- et konsa mesye an kanpe deyem lan la! Saw bezwen hein!

* c'est ainsi que tu te tiens debout derriere moi! Tu peux me dire ce que tu cherches hein*

L'homme continuait de la regarder avec des yeux qui evoquait de l'ironie mais aussi un peu d'etonnement.

- Rivye an se pou tout moun wi mademoiselle. Men mpat vle fe kew sote eskize. Mselman te fon ti kanpe men si sa deranjew mprale.

*la riviere est a nous tous mademoiselle, je ne voulais pas vous faire peur mais si ma presence vous derange je m'en irai *

Jeanne un peu honteuse de la facon dont elle avait acceuilli l'etranger dit d'un air calme mais bondee de fierte

- Non... ou pa bezwen ale. Se ke mpat we moun deyem nan epi ou paret vlap konsa

* Non... pas la peine de vous en allez c'est la maniere dont vous m'etes pas apparu qui m'a secouee*

Elle esquissa un ptit sourire, qu'elle le voulait ou non, l'homme l'attirait etrangement, elle ne pouvait deja plus le regarder dans les yeux, d'enormes yeux bruns qui semblaient la deshabiller, un nez petit, effronte mais gracieux, c'etait un homme grand avec un menton volontaire.

- eh ben mka fon ti rete? Bo kotew pito poum pa few pe anko?

* eh ben je peux rester encore un peu? Pres de vous alors pour ne plus vous effrayer*

Il emit un petit rire amuse en la voyant rougir comme une tomate elle sourit elle aussi et se rassit face a la riviere. L'homme se mit pres d'elle et contemplait la riviere qui suivait sa course. Tendrement il posa les yeux sur elle, Jeanne etait elle aussi une tres belle jeune fille aux yeux noirs comme le charbon, aux sourcils fins et longs, les levres, on dirait des prunes pulpeuses ou des raisins murs. Elle se mit conscienceusement a la tache oubliant Presque son nouvel ami. Quand soudain la voix ferme et douce lui demanda :

- Koman ou rele ?

* Comment vous vous appelez *

- Mwen... mwen rele lillah men yo prefere relem Jeanne e ou menm?

*Moi mon nom est Lillah mais on prefere m'appelez Jeanne et vous*

- Mwen mrele Udhe. Mfenk vinn ret nan zone lan se la yo voyem.

*Moi je me prénomme Udhe, je viens d'arriver au le village, c'est la que l'on m'a envoye *

Jeanne parut intriguée par le "c'est la que l'on m'a envoye" après une minute de silence, pour ne pas paraitre indiscrete elle demanda :

- Kiyes ki voyew lan menm?

*qui vous a donc envoye ici*

Udhe sourit et la regarda dans les yeux. Il ne repondit pas tout de suite. Elle baissa la tete, timide, ne remarquant plus que Udhe regardait ses gestes, quand il surprit ses jolis pieds dans l'eau. Il demanda haut et fort :

- Sim diw kotem rive an e la map rete, laviw ap dous pandant 20 ans men apre sa, yap relew Jeanne la malheureuse saw tap reponn mwen?

* Si je te di que je suis arrive a destination et que j'y resterai, ta vie sera douce comme le miel pendant 20 ans, mais après cela le monde t'appelera Jeanne la malheureuse qu'est ce que tu me repondrais? *

Jeanne n'eut pas le temps de protester que ses levres parlerent pour elle. C'etait comme si son ame repondait a ce destin.

- mwen map diw ke se destinem e ke Lwa yo ak senm yo, te anm ak syel anm a ede m mare renm. Dous pase fyel map akseptel.

* je me dirai que c'est ma destine et que mes Lois ( esprits) avec mes saints cheris, ma terre et mon ciel m'aiderait a supporter la douleur, douce tout comme l'amere je l'accepte*

Elle s'etonna de ces paroles et se leva rapidement, apeuree :

- Sam di la!

* Quoi?? Qu'est-ce que j'ai dit! *

Les pieds, toujours dans l'eau qui devient plus bleu que le ciel semblait maintenant danser, le vent soufflait avec force et le soleil prit un maneteau rouge comme si il allait se coucher alors qu'il etait a peine midi.

Udhe la regardait, il chuchota :

- merci belle deesse ou fem jwenn li... belle tankou fruit chabonnye. Ou akspetem tankou nanm ou.

* Merci belle deesse, tu me l'as retrouve, belle comme les plus beaux fruits, tu m'as accepte comme ton ame *

La fille ne savait pas quoi repondre. Venait t'elle de s'offrir a cet homme sans meme l'avoir connu?

Un inconnu qui lui a fait preter serment, devant la deesse des eaux, les anges du soleil et du vent, les anges de la nature? Que devait t'elle faire ?

A present terrorisée, elle ramassa ses affaires et voulu s'en aller. Mais l'homme la retint, et le vent fit chavirer son panier, la poussa Presque au bras de l'inconnu. Il l'embrassa. Le baiser était ardent on eut dit qu'il avait du feu sur les lèvres ,Qui la brulait, elle voulu se detacher de cette étreinte, la chaleur brulante s'éteint et prit place un gout de miel, délicieusement elle soupira et accentua le baiser. Ils ne firent qu'un ne voyant ni le néant, ni la lumiere. Elle se laissa aller au doux baiser de l'amant d'un jour, a ce moment la elle se sentit amoureuse, amoureuse de cet être qui est venu avec le vent, avec le silence et qui pourtant fait tambouriner son Coeur, le miel était passé, c'était le fiel, amer terriblement amer, elle fit une grimace horrible, mais les lèvres fermes la retenaient, elle s'y laissa aller aussi avec complaisance. Ils n'étaient maintenant plus dans cet espace, plus de ce temps, plus dans cette vision. Ils étaient loin du monde. Si bien qu'ils ne virent pas que le soleil était en train de danser et que la lune s'était elle aussi levee pour voir l'aventure. 

CELESI ou la cle du paradisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant