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Les étoiles soutiennent la lune, voilà pourquoi tu es mon étoile ; sans toi je ne suis rien.

Les iris brunes du visage aigri de son père scannent avec précision le jardin en face de lui, à la recherche évidente de sa fille qui ne passe ses journées autre qu'ici. Il ne lui faut pas plus d'une dizaine de secondes avant de soupirer ; bien sûr, il avait espoir qu'elle se trouve dans sa chambre à se maquiller et faire autre chose que se lier comme une folle à la nature, mais ce n'est évidemment pas ce qu'elle a fait.

Une main sur son ventre, l'autre disposée au-dessus de son visage, elle sourit. Dessinant et reliant les formes qu'elle construit par pur instinct avec cette infinité de points scintillants, elle est heureuse. Tout ça n'est que son univers, alors pourquoi devrait-elle s'ahaner à faire une chose décidée par ses parents ?

Elle aime bien ce moment de la journée, très tôt le matin, quand les étoiles et leur grande amie la lune se laissent encore contempler et que le soleil éclaire le ciel de ses premiers rayons. C'est magnifique. Et même si tout commence à disparaître, il reste une infime partie de leur brillance dans le ciel, rendant le monde encore plus beau qu'il ne l'est déjà.

Malheureusement, un coup d'œil à sa montre lui rappelle que les cours commencent dans une dizaine de minutes et qu'il lui en faut un peu plus pour rejoindre l'ombre. Elle soupire et se relève, les yeux flamboyants d'une leur admirative, elle préférerait de loin rester à la maison, mais évidemment elle ne le peut pas.

Son père la regarde le doubler sans qu'elle lui lance même un pauvre regard et elle quitte la maison, se retrouvant rapidement avec ses écouteurs blancs dans les oreilles, appréciant une nouvelle musique.

My body was a wall, you couldn't pass
Touch my skin, make it feel real

Et plus rapidement encore, elle se retrouve au même niveau que le nouveau. Perdu autant qu'elle, les yeux rivés sur le sol à avancer lentement. Mais contrairement à elle, lui l'a remarquée. C'est elle, désormais, qui détient toute son attention.

Il est gêné, un peu et beaucoup à la fois, ne sachant pas comment lui adresser la parole. Il a peur de récolter un magnifique silence, encore plus triste que celui qui règne déjà entre eux. Mais il est déterminé à le faire, même si ce n'est pas aujourd'hui, puisqu'elle n'est de toute évidence pas prête à retirer sa belle mélodie de ses oreilles.

Alors, tous les deux, ils arrivent au lycée avec quelques minutes de retard et se soustraient à leurs activités personnelles. Les élèves se retournent sur leur passage. Certes, Jimin a les cheveux blonds mais ce n'est pas ce qui les dérange : c'est le fait qu'ils soient ensemble. Le nouveau et l'asociale, ce n'est pas commun dit-on.

Elle ne parle jamais ; il est l'inconnu.

Ils ne s'en rendent pas compte. Bien évidemment ils ne voient tous les regards désapprobateurs des autres et puis même s'ils s'en apercevaient, ils n'en auraient rien à faire.

[...]

Les yeux fermés, elle soupire. Pourquoi doit-elle toujours subvenir aux besoins des autres sans jamais avoir quelque chose en retour ? Elle rapplique assez lentement vers son père qui l'attend de pied ferme devant l'immeuble plongé sous la lumière du crépuscule. Instantanément il pousse un grognement.

_Qu'est-ce que tu fous ?

Elle roule ses yeux et lui demande expressément par le biais de ceux-ci de se dépêcher de lui dire ce qu'il veut d'elle.

_Va faire les courses.

Elle se retient doucement de jurer et acquiesce finalement, mettant de côté ses plans d'observation pour l'instant. Quoi qu'elle puisse penser, elle se sent obligée d'aider son père, parce qu'après-tout, elle est la seule chose qui lui reste à la maison et elle ne veut pas le décevoir, -même si tout ce qu'elle fait est effectué avec nonchalance.

Elle attrape son portable et ses écouteurs posés sur la table, un peu d'argent et son sac puis sort et entame son chemin jusqu'au supermarché. Elle balaie le paysage de ses yeux, admirant toute la beauté de l'univers extérieur de son pauvre monde, parfois, elle se dit qu'être humain n'est peut-être pas la perfection et que naître en étant une fleur de la nature serait mieux.

Leur cycle est toujours plaisant. Elles ont chacune leur saison, leur temps ; elles s'ouvrent lorsque tout leur convient et que l'environnement qui les entoure ne comporte aucun défaut qui les empêcheraient de se développer.

Elle, elle serait une rose. Pas n'importe laquelle : une rose blanche. Une rose blanche qui décuple délicatement ses pétales.

Elle sursaute doucement et dépose ses doigts sur sa joue, sentant une présence humide sur celle-ci. Levant les yeux au ciel, elle découvre les nombreux nuages gris qui ne demandent qu'à déverser leur peine.

Lentement, la pluie commence à tomber sur les rues de Séoul et brouille sa vue.

_Eh, toi !

Un brun se plante juste devant elle, suivit d'un groupe de trois autres garçons, pas plus accueillants que celui qui la fixe intensément avec ses deux grandes billes sombres. Il la détaille sans gêne et pose une main sur son épaule, la pressant un peu entre ses grands doigts.

_C'est quoi ton nom ?

Elle souffle et retire sa main de son épaule, reculant de deux pas par la suite. Bien sûr, il a fallut que ça lui tombe dessus. Elle ne sort habituellement pas beaucoup, mais pour une fois que ça lui arrive de dépasser le pas de sa porte, elle doit se confronter à une bande de jeunes en manque.

_Dégage, dit-elle calmement.

Son rire résonne méchamment dans la rue et il s'avance un peu plus vers elle, la regardant de haut.

_Tu vas venir avec nous, plutôt.

_Sûrement pas, intervient une voix grave.



[Je vous aime ; aimez-moi ]

tes étoiles | jimin.Where stories live. Discover now