Départ partie 2

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J'attends Jeannie qui fait ses adieux à ses parents et nous quittons notre résidence. Nous marchons un moment sans dire quoi que ce soit avant qu'elle ne commence :

— Il paraît que le voyage en train va durer quatre heures. Ta mère t'a-t-elle parlé du Centre ?

— Non, elle est restée muette. Elle a juste dit que ce serait une surprise.

— Une surprise ! glousse Jeannie. C'est bien plus qu'une surprise ! Notre avenir va se jouer en arrivant là-bas !

— Tu es pressée d'en cueillir ?

— Bien sûr que oui ! Maman m'a toujours dit qu'un jour, j'aurais ma poupée en vrai, grandeur nature ! J'ai compté les jours depuis que nous sommes passées en l'an deux cent quatre-vingt-dix-neuf !

Quelques minutes plus tard, nous pénétrons dans un grand bâtiment en fonte et en verre. Des dizaines des filles de notre âge traînent leurs valises derrière elles.

— Jeannie ! hèle-t-on.

C'est Catarina, la déléguée de notre classe, une vraie fouineuse ! Elle chicane et se mêle toujours de ce qui ne la regarde pas. À ses côtés, il y a Marina, son sous-fifre.

Jeannie se précipite vers elles. Elle a tendance à me laisser de côté et à se comporter différemment dès qu'elle est avec Catarina. Elles forment ensemble un trio inséparable, de vraies pipelettes.

Elles se font la bise – si on peut parler de bise, car leur peau ne se touche pas.

Catarina me décoche un regard prétentieux. La connaissant, je suis sûre qu'elle va se jeter sur le Masculin qu'elle trouvera le plus beau et fera en sorte que personne d'autre ne le lui prenne. Mais pour l'instant, je n'ai aucune idée des modalités de choix.

— Qui est là ? s'écrie soudain une fille, d'une voix gaie, en me cachant les yeux.

— Sissi !

Je pouffe de rire. Elle retire ses mains et je me tourne vers elle.

— Alors ? m'enquiers-je.

— Je n'arrive pas à croire que nous y sommes ! Je vais rencontrer mon prince, parmi trois ! s'exclame Sissi avec enthousiasme.

— Nos mamans en ont eu marre hier soir, commente Sophiane, elle n'arrêtait pas de se faire des films !

— Des films ? Je racontais juste ce qui va se produire ! Il sera vêtu de blanc et nous irons danser au bal...

— C'est du délire !

— Ah ouais ? Alors pourquoi nos mamans nous ont-elles offert des bijoux pour notre anniversaire ?

— Vous avez reçu des bijoux ? m'étonné-je.

—Oui, de belles parures en émeraude, répond Sophiane.

— Ma mère m'a aussi offert une parure ce matin.

— Wouah ! Tu nous montres ? quémande Sissi.

— Tu la verras au centre. Elle m'a dit que ça me servirait mais... vous me voyez vraiment porter des bijoux avec cet uniforme gris ?!

Les filles me dévisagent de la tête aux pieds. Nous sommes toutes vêtues d'une robe grise évasée avec un col claudine blanc. Pour porter une telle parure, c'est une belle robe de soirée qu'il faudrait.

— Toutes les filles ont reçu des parures, annonce Catarina, en s'arrêtant derrière nous. C'est la loi, nos mères doivent nous offrir des bijoux pour nos seize ans et nous devons les emporter avec nous au Centre de Bienséance.

A Girl Utopia - tome 1 (Edité)Where stories live. Discover now