Episode 15: la boîte de nuit

444 54 116
                                    

Kyle leur avait indiqué une boite de nuit à Denver où ils pourraient fêter leur victoire. Pour la première fois, au vu de leur succès, le sergent Kriegs les avait autorisés à passer outre le couvre-feu et leur instructeur tenait vraiment à leur faire connaître « un des endroits les plus branchés de la ville; depuis l'apocalypse du moins. ».

- J'espère qu'ils savent faire la fête ici! s'exclama Ginny en arrivant devant celle-ci, un bâtiment à la façade sombre éclairée de néons, qui ne payait pas de mine à première vue.

- Les gens sont envahis par les clones, en péril de mort, et ils vont faire la fête, soupira Arthur. Ca me dépasse.

- Je te signale que tu t'apprêtes ici-même à aller en boite, sourit Ava.

- C'est pas la même chose. Nous, on a quelque chose à fêter...

- Tu sais, soupira Léna, je crois qu'ils ont surtout besoin d'oublier la situation du monde... C'est pour ça qu'ils sont là.

- Peu importe, conclut Mathieu. Nous, on va s'amuser ce soir, et ça va pas plus loin.

- Mathieu se décoince! apprécia Arthur, avant que l'intéressé ne tente de l'étrangler en souriant.

- Bon les gars, soupira Ginny, vous avez fini? On peut y aller?

(voilà la musique que nous imaginons dans la boîte de nuit x))

Ainsi, ils finirent par pénétrer dans la discothèque. Léna reconnut là le milieu qu'elle avait fréquenté avant l'invasion : la musique assourdissante, les projecteurs éblouissants, la foule qui dansait au milieu de la salle... Sauf que dans cette pièce, les personnes présentes avaient toutes un air désespéré sur le visage. Elles essayaient d'oublier, mais l'invasion des clones n'était pas quelque chose dont on pouvait faire facilement abstraction. D'autant plus que Denver était une ville protégée, certes, mais aucune muraille n'était insurmontable.

Une main attrapa la sienne : Mathieu. Son sourire la força à essayer de repousser ses idées déprimantes. Elle était là pour s'amuser! Son partenaire se mit dernière elle pour la pousser gentiment en direction du bar. Il se baissa vers Léna, si près qu'elle sentit sa poitrine se soulever, et lui demanda :

- Alors, qu'est ce que tu veux boire? Un sex on the beach? Il parait que c'est LE cocktail des femmes, proposa-t-il avec un sourire malicieux sur les lèvres, révélant cette fameuse fossette que Léna avait eu du mal à retrouver à cause des événements.

- Bien renseigné, cet homme, finit-elle par répondre en lui assénant une tape sur l'épaule.

La première gorgée brûla la gorge de Léna. Cela faisait, lui semblait-il, une éternité qu'elle n'avait pas bu. Pourtant, elle devait l'admettre, cette sensation lui avait quelque peu manqué. Elle se dirigea vers la piste et y amena Mathieu, sans détacher sa main dans la sienne. Si Léna redoutait bien une chose dans les boites de nuit, c'était de perdre ses camarades. Contre toute attente, arrivée à hauteur pour danser, Mathieu avait l'air tout à fait à son aise! Léna en resta bouche bée. Un peu plus loin, elle aperçut Ginny, qui se déhanchait parfaitement... attirant toujours plus d'hommes à ses cotés. Ce n'est qu'à la fin du premier verre que Léna réussit à se décoincer un peu. La musique lui semblait plus agréable à écouter et elle se laissa porter par les feux de la nuit.

Finalement, vers trois heures du matin, elle fit signe à Mathieu pour rentrer. Ginny était toujours à fond, alors qu'Arthur et Ava avaient déjà disparu de la circulation depuis quelques heures. Depuis longtemps que Léna connaissait Ava, elle ne l'avait jamais vu boire. Les effets de l'alcool ont été rapides à apparaitre, si bien qu'elle était partie prendre l'air tôt. Quant à Ginny, ayant prévu de rejoindre Kyle après, elle resta encore un peu.

Enfin, Léna dut regagner le complexe de la Résistance à contrecœur, mais elle ne devait pas oublier que son entrainement se poursuivait le lendemain... Mathieu la raccompagna jusqu'à sa chambre, où elle se glissa le plus silencieusement possible, soucieuse de ne pas réveiller Ava...

Le lendemain Kyle vint les chercher au mess après le petit-déjeuner.

- Le professeur Altair veut vous voir, indiqua-t-il.

- Pourquoi? demanda Léna, un peu inquiète.

- On a fait quelque chose de mal? ajouta Ginny.

Kyle se contenta d'hausser les épaules sans répondre. Le professeur les attendait dans son bureau, au deuxième étage.

- Je vous en prie, asseyez-vous, leur dit-il en leur indiquant les chaises en face de lui.

Le cœur de Léna battait à tout rompre.

- Bon, professeur, lâcha Arthur, brisant le silence, est-ce qu'Ava et moi avons encore commis une infraction au règlement hier, ce qui explique notre présence ici?

Peter Altair fronça les sourcils, puis secoua la tête.

- Non, à part avoir caché une arme sur vous, Arthur. Mais c'est vraiment un problème secondaire. Si vous êtes ici, c'est qu'hier, le sergent Kriegs et moi avons trouvé que vous avez fait des progrès impressionnants. Et j'ai une mission à vous confier.

- Une mission? répéta Mathieu, l'air abasourdi.

- Oui. Quand j'ai fui Anchorage, j'étais accompagné de ma femme Agnès Whitman, et ma fille, Lizzy. J'ai réussi à m'échapper, mais nos poursuivants ont tué Agnès et retiennent actuellement ma fille prisonnière à San Francisco. Ils ne lui feront pas de mal car ils espèrent qu'elle viendra à les aider finalement. Depuis quelques temps, je prévoyais de la libérer. Je pense que vous, l'escouade 17, êtes les plus qualifiés pour mener à bien une telle mission. Mais vous, est-ce que vous êtes d'accord?

- Vous avez un plan, je suppose? demanda Ava.

- Oui. Les clones font des rondes dans San Francisco, avant de retourner au QG où ils retiennent ma fille. Ils sont cinq par escouade. Tuez-les, prenez leur place, et ils peuvent aller où bon vous semble avec leur badge d'identité. Alors ça sera facile pour vous de trouver Lizzy et de prétexter à un transfert vers un autre complexe. Si vous agissez vite, les clones seront trop surpris et n'auront pas le temps de réagir.

- Franchement, comment voulez-vous qu'on refuse une telle mission? sourit Ava.

Le visage du professeur Altair s'éclaira d'un large sourire :

- Je suis vraiment soulagé que vous acceptiez!

Léna se sentait un peu sous pression : cette mission n'était plus du tout un entrainement! Néanmoins elle appréciait que Peter Altair les juge dignes d'une opération avec tant de responsabilités.

- Bon, reprit le professeur, vous partirez avec l'uniforme des clones et les armes qu'ils utilisent d'ordinaire, à savoir un revolver et un fusil de précision. Un Sikorsky UH60J Black Hawk vous déposera non-loin de San Francisco. Là, il vous sera facile d'éliminer une escouade de clones et prendre sa place sans danger.

- Ça me paraît dur à croire, ça, marmonna Mathieu.

- Ma fille se trouve enfermée au rez-de-chaussée, au 46B. Quand vous rentrez dans le QG, c'est simple, il suffit de suivre le mur de droite jusqu'à tomber sur ce numéro.

- Mais vous avez des espions pour savoir tout ça? demanda Ginny incrédule.

- Non, elle a réussi à me faire passer un message, expliqua Peter Altair. Grâce à ces renseignements, la mission devient vraiment simple.

- Et si le message n'était pas d'elle? lâcha Mathieu, soupçonneux. Si c'était un piège?

- J'y ai pensé, reconnut le scientifique. Mais elle à marqué quelque chose qui n'est connu que de nous deux. C'est pour ça que je pense que le message est bien le sien.

- Dans ce cas... soupira Mathieu.

- Quand est-ce qu'on part? demanda Arthur.

- Demain matin, dit le professeur Altair. Avant le lever du jour. C'est pour ça que je vous conseille de vous coucher tôt ce soir.

Le lendemain, à trois heures du matin, ils étaient debout.



COALITIONWhere stories live. Discover now