Chapitre 24.

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-C'est pas vrai ! Dit-il. Il était donc avec toi ce matin ! Quel enfoiré ce Logan, il t'as pour cible Maude, tu t'en rends compte ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

Effrayée mais véritablement énervée, gelée et trempée, je commence à hausser le ton :

-Peut être pour éviter cela ! Je ne sais pas quel problème tu as avec lui, d'ailleurs tu ne le connais même pas, alors arrête de décider si je dois le voir ou pas !

-Ma pauvre Maude, tu ne comprends vraiment pas le problème ! Tu es naïve et terriblement puérile...

Je n'en crois pas mes oreilles, mais où est passé Declan ? Ce n'est pas lui une telle façon de parler.

-Tu es qui pour me parler comme ça ? Ne crois pas que notre petite différence d'âge te permet de me traiter comme une gamine ! Si tu tenais à mes problèmes, tu aurais réagi face à Abigaëlle qui pendant 3 heures n'a fait que m'humilier.

-Ne dérive pas sur un autre sujet...

-Non maintenant, j'en ai assez Declan ! Le coupais-je. Tu te dis mon ami, mais tu m'empêches de le voir sans même m'expliquer pourquoi il représente un danger. Tu veux contrôler quelque chose, mais je ne t'appartiens pas ! C'est vrai que je suis dépendante de toi pour le transport, mais...

-Quoi ? Donc je ne sers qu'à te transporter ? Tu es vraiment gonflée !

-Tu sais très bien que ce n'est pas ce que j'ai voulu dire Declan, tu es aussi mon ami, le seul que j'ai ici !

-Il faut croire que non puisqu'il t'apprécie !

-Et alors ? Pourquoi il n'en aurait pas le droit ?

Un silence interrompt cette violente dispute mêlée de cris. Je me calme et lui demande :

-Explique moi Declan, je comprends pas... Qu'est... Qu'est ce qu'il t'as fait pour que tu aies envie de me protéger de lui ?

Malgré mon regard insistant, il ne tourne pas la tête. Il remet la voiture en route et me ramène. Aucun de nous n'a prononcé le moindre mot. Moi, mon regard d'interrogation, lui, son visage crispé, en dit suffisamment long sur nous. Je rentre dans le hall après avoir refermé la lourde porte d'entrée. Je me rends dans la cuisine.

-Bonsoir Jane.

-Maude, vous allez bien ? Avez-vous passé une agréable journée ? Me demande t-elle d'une voix monotone en me tournant le dos.

-Oui, on ne peut mieux...

Mon soupir l'interpelle et elle se retourne.

-Bonté divine, vos cheveux et vos vêtements ! Mais que s'est-il encore passé ? Comment faites vous ? C'est incroyable, un enfant saurait rester plus propre que vous dans une porcherie !

Je me sens intérieurement et extérieurement ridicule. Je baisse la tête, des larmes commencent à perler aux creux de mes yeux... Jane ne s'en rend pas compte et continue de me sermonner. J'entends juste un : « Votre repas sera prêt dans 40 minutes ». 

Je me détourne et c'est avec toute la fatigue du monde que je monte dans ma chambre. J'enlève mon k-way, attrape un long sweat ainsi que mon pantalon de pyjama et me dirige dans la salle de bain. Je mets l'eau chaude du bain à couler, pendant que je retire mes vêtements détrempés. Je retire ma bague, qui possède sa couleur habituelle, ainsi que le collier de Declan. Une fois mon corps plongé dans l'eau chaude, j'inspire et je soupire longuement. Les larmes coulent pour de bon. J'ai tellement mal à mes bleus qui d'ailleurs tournent au violet. J'ai mal aux yeux du nettoyage chez Abigaëlle. J'ai mal au cœur de mes incertitudes et du comportement de Declan. Et je n'ai personne à qui parler. 

Maithild absente, Jane ignorante, Declan fâché, Père éloigné, Mère disparue et Philippa injoignable étant donné que je n'ai pas son numéro. Ma grand-mère... J'étais censée faire sa connaissance en venant ici, et je ne sais absolument rien d'elle. J'ai envie de crier, cette sensation est juste atroce ! Soudain, une idée me traverse l'esprit. Il y a peut être un endroit parallèle où je suis tranquille. Je repense à une de mes visions lorsque j'avais mis la tête sous l'eau. Je jette un coup d'oeil à ma bague et fait glisser ma tête jusque sous l'eau en fermant les yeux. Rien ne se produit. A bout de souffle, je reprend de l'air et déçue je finis de me laver.

 J'ai mangé mon repas seule, en silence. Demain Maithild ne sera toujours pas là. J'ai tellement de questions. Je suis assise sur mon lit. Je n'ai pas sommeil, pleins d'idées et de questions se bousculent dans ma tête. Je prends mon portable et appelle ma mère. Mais je tombe encore sur la messagerie. Pas la peine d'appeler mon père et Declan on oublie. Je suis donc seule. Je jette un coup d'oeil à la feuille où j'avais gribouillée tous mes problèmes. Je rattrape la feuille et dessine une flèche partant de "Declan O'Connor". J'ajoute ensuite : problème inconnu entre Declan et Logan. Encore un. Si mes malaises se sont arrêtés ainsi que les visions qui les accompagnaient, ce sont maintenant des problèmes sociaux qui éclatent. J'ai beau chercher, je ne vois pas de lien possible entre Declan et Logan. Epuisée, je soulève ma couette, retire ma bague et la pose à côté du collier de Declan. La pluie contre la fenêtre m'apaise et je m'endors rapidement. 

Lorsque je me réveille, il est déjà 9 heures. Je me mets sur le dos et expire un grand coup. Je fais un bilan mental et le programme de cette journée. Aujourd'hui, puisque tout le monde me fui ou est fâché contre moi, je vais être seule. Cela fait quelques temps que j'aimerais aller me balader en forêt et faire quelques photos. Pourquoi pas.

Je m'étire et sors du lit. J'attrape ma bague et hésite à mettre le collier. Je passe par la salle de bain et après une douche rapide décide d'enfiler un jean gris ainsi qu'un t-shirt épais rose pâle à col haut. Cette tenue sera parfaite pour traîner dans les bois humides. Je descends et vois Jane cuisiner ainsi que mon petit déjeuner sur la grande table de la salle à manger. Je la salue, faible réponse en retour. Je mange encore une fois seule. 

Décidée à faire quelque chose de cette journée, je termine en vitesse et remonte. J'attrape mon sac en toile, y fourre mon appareil photo, un carnet, un crayon et mon portable. Je mets finalement le collier de Declan, brosse rapidement mes cheveux, enfile ma veste et descends rapidement les escaliers. J'allais atteindre la dernière marche lorsque Jane apparaît :

-Je viens vous informer que nous sommes dimanche.

Elle laisse sa phrase en suspens, je crois que c'est à moi de dire quelque chose.

-Oui... Je le sais. Il y avait quelque chose de prévu ?

-En effet. Je ne suis pas là les dimanches après 10 heures. Normalement, je ne suis pas là de la journée, mais comme vous étiez, là j'ai dû venir.

-Euh... Merci d'être venue pour moi -même si ce n'est vraiment pas ce qui me vient à l'esprit- profitez bien de votre fin de journée.

Son regard suspect en dit long sur sa confiance en moi.

-Ne faites pas de bêtises, mademoiselle Maude.

Noooooon. Je suis une gentille petite fille. Un sourire discret plaqué sur mes lèvres, j'acquiesce.


STONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant