21. excuses

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Je raccroche, et je me retiens de ne pas pousser un long soupir las. J'ai passé ma pause du midi, au self, au téléphone avec Shelly, et si à aucun moment elle n'a haussé le ton, je suis encore plus surpris de constater qu'elle s'est même montrée très gentille. Elle ne m'a fait aucun reproche, m'a conseillé de me reposer cette semaine, et m'a demandé avec enthousiasme si nous pouvions nous voir vendredi. En gros, elle est redevenue la Shelly que j'ai toujours connue et aimée, et ça me fait carrément flipper. Je me suis excusé de lui avoir raccroché brutalement au nez à la soirée, et elle m'a simplement dit que ce n'était pas grave. Je me suis excusé de ne pas l'avoir contactée dimanche, et elle m'a dit qu'elle comprenait.

Je ne lui ai pas dit pour Eden, bien entendu. Surtout si elle est de nouveau de bonne humeur. Je ne veux pas risquer de tout faire foirer une nouvelle fois.

Je ne suis pas complètement fou.

Enfin c'est ce que j'essaye de me persuader. Parce que maintenant que je me suis occupé du problème Shelly, il m'en reste un autre à régler. Et je sais très bien que ce j'ai en tête ne devrait vraiment pas être la bonne chose à faire.

Lys m'a abandonné à mon triste sort au bout d'une vingtaine de minutes. Elle avait fini de manger et elle a senti, tout comme moi, que ça allait durer des heures. Pourtant, Shelly et moi n'avons pas vraiment parlé de tant de choses que ça. Mais Lys n'avait pas l'air non plus dans son assiette, et elle m'a dit qu'elle devait passer quelque part avant la début des cours de l'après-midi. Je n'ai pas osé la questionner par rapport au fait qu'elle n'a pas envoyé de messages depuis la soirée, c'est à dire, juste dimanche, étant donné qu'on est lundi. Je me voyais mal lui dire « pourquoi tu ne m'as pas envoyé de texto pendant une journée ?! », ça fait vraiment trop désespéré. Elle ne m'a pas parlé de la soirée non plus, ce qui m'arrange fortement.

J'ai cours d'en à peine dix minutes, alors je mange ce que je peux, enfin, ce qui se trouve sur mon plateau qui n'a pas refroidi, et je me lève. Je me demande comment je vais faire pour mettre en place ce que j'ai en tête. Je dévale les escaliers du self et m'apprête à pousser les portes battantes du bâtiment pour sortir sur la cour lorsque je rentre de plein fouet dans quelqu'un. Décidément, il faut que j'apprenne à regarder où je vais.

Lorsque je relève les yeux, afin de m'excuser dans les formes, mon cœur émet un petit battement frénétique incontrôlable qui semble court-circuiter tout le reste de mon corps. Alors voilà la deuxième partie de mon plan, après avoir géré Shelly. Eden. Il est là devant moi, et j'ai préparé mon discours dans ma tête, je me le suis répété des centaine de fois, et au final, je suis cloué sur place, avec une envie de fuite me picotant les jambes.

Il a l'air aussi surpris de tomber sur moi, et me dévisage avec la même envie dans les yeux. Il veut m'éviter. Magnifique. En même temps, je le comprends. Deux fois que je lui fais le coup de l'embrasser pour prendre mes jambes à mon cou dans la seconde qui suit. Il doit m'en vouloir encore plus qu'avant.

- Salut... tenté-je.

J'ai parlé si bas que je me demande comment c'est possible qu'il m'ait entendu. Ses cheveux bruns lui tombent devant les yeux, et je remarque que son regard n'arrête pas d'aller et venir entre un point au dessus de mon épaule droite, et mon visage. Comme s'il n'arrivait pas à soutenir mon regard.

- Salut, répond-t-il simplement.

Il passe sa langue sur ses lèvres, et mon regard s'accroche à cette vision qui éveille des centaine de petits papillons dans mon ventre.

- Il faut que je te parle d'un truc...

- J'ai quelque chose à te dire, dit-il en même temps que moi.

Pour que tu m'aimes encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant