Chapitre 6

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Je me retrouve toute seule dans cette chambre qui est maintenant la mienne. Je me sens étrangère à toutes ces choses. Une nouvelle ville, une nouvelle maison, une nouvelle chambre, je me sens perdue face à tant de changement. Heureusement que Violette est là, sa bonne humeur me met à l'aise. Mais je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter de ce qui m'attends par la suite. Chez moi, j'aidais ma mère à entretenir la ferme. Puis mon temps libre, je le passais avec Olympe ma jument de race boulognaise, elle était immense mais quand la guerre a éclaté, les Allemands ont réquisitionnés tout les chevaux du village, j'en ai pleuré. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue.
Ici, c'est un autre univers, complètement différent du mien. Je ne peux pas mettre en pratique mon savoir faire que j'ai acquis à la ferme. Et surtout, j'ignore ce que Marraine attends de moi. Je saisis ma vieille valise, la pose avec difficulté sur mon lit. Je me demande ce que Maman a pu mettre pour qu'elle soit aussi lourde ! Je défais les ceintures et l'ouvre d'un geste sec. Un dossier que je n'avais jamais vue avant trône sur ma pile de vêtement.
Sur la première page est écrit un seul en gros caractère mon nom complet, Aline Desmonier, ainsi ma date de naissance et mon adresse. J'ouvre délicatement le dossier, découvre un acte de propriété, mon acte de naissance et d'autres papiers administratifs. Je ne comprends pas. Pourquoi ma mère m'as laissé tout ces papiers, je fouille dans ma valise avec énervement à la recherche d'une lettre qui peut m'expliquer ce que cela signifie. Rien. Aucune lettre. Je sens la frustration m'envahir, ma vue se brouille de larmes. Je fouille encore, et encore, en vidant entièrement ma valise. En vain. Je m'effondre sur le lit des questions pleins la tête.

Je me réveille un peu plus tard d'un bond. Je m'étais endormie sans m'en rendre compte. Je m'assois sur mon lit et regarde autour de moi. Violette n'est pas encore revenue.
J'ai beau chercher toutes sortes d'explications à ce dossier, rien n'y fait, je ne comprends pas pourquoi ma mère m'a laissé toutes ces choses sans m'en dire un mot.
Je me lève et passe devant un miroir. Mon regard est naturellement attiré par mon reflet et je me rends compte de mon état. Mes cheveux sont en batailles, mes yeux sont rouges et gonflés. Mon dieu que je suis affreuse ! Je vais faire tache dans le décor accoutré alors que toutes les filles de ce cabaret sont sublimes les unes des autres ! Je m'assois immédiatement sur la jolie coiffeuse blanche posé entre nos deux lits et commence à enlever mes tresses. Tout en les délassant, je lève à nouveau les yeux vers le miroir. Mes pensées se tournèrent alors vers Stefan. Je me surprends à me rappeler de chaque détails, chaque moment passé avec lui. Ses beaux yeux qui en feraient fondre plus d'une et ses cheveux bien coiffés dans lequel je rêve d'y passer mes doigts. Son charme mystérieux et dur à la fois dégage quelque chose qui m'attire. Pourquoi il faut que je pense sans cesse à lui, malgré tout ?
Pour balayer les pensées malsaines, je me concentre de nouveau sur mes cheveux. Je soupire. Il faut que j'arrive à dompter la chevelure. Ici, les filles sont toutes bien coiffées ! Surtout Violette ! Et moi, la seule coiffure que je puisse faire, ce sont des tresses, et encore, c'est ma mère qui me les fait ! Mais je suis trop fatiguée pour réfléchir à une jolie coiffure. Une fois mes cheveux bien brosser, je me lève et me dirige vers ma valise où mes affaires y était encore posé en fouillis​. Au moment où je trouve ma robe de chambre. Finalement je vais plutôt me coucher, je n'ai pas la force de découvrir le cabaret, Violette rentre subitement dans la pièce.

- Et bien ! Tu ne viens pas au cabaret ce soir ? m'interroge Violette en constatant mon attention d'enfiler ma robe de chambre.

Adieu mon petit moment de tranquillité. Pourvu qu'elle ne remarque pas que j'ai pleuré. Marraine m'avait prévenue que c'était une Miss Question, si elle s'en rendait compte.

- Mais tu as les yeux rouges, tu a pleuré ? s'exclame-t-elle.

Je ne répond pas, mais sens les larmes me monter au nez.

Elle voulait juste l'aimer Where stories live. Discover now