Chapitre 12

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Ça fait maintenant un mois que je suis arrivée chez ma marraine, je commence à prendre mes habitudes. Au petit matin, dès les premiers rayons de soleil colorent les murs de ma chambre, je me réveille. Je suis une des seules à être debout à cette heure-ci. Ce qui est normal, le cabaret ferme ses portes à deux heures du matin. Mais ça fait plusieurs semaines que j'évite de me montrer dans la salle. J'ai demandé à Marraine si je pouvais aider les filles dans les loges, elle a accepté sans me demander le reste. Heureusement, je me voyais mal lui dire que je ne voulais pas croiser des allemands.

Ironie du sort, les boches sont vraiment partout ! À la boulangerie quand je vais chercher le peu de pain que la boulangère me propose puisque malgré tout, ces nazis nous prennent encore nos faibles collations. Puis j'ai eu le privilège de découvrir le cinéma mais la plupart des films qui sont proposé, sont réalisé en Allemagne. Tout est contrôlé par le pouvoir nazi.
Je ne comprendrais jamais pourquoi Maman m'a envoyé ici. C'est comme si elle m'a jeté dans la gueule du grand méchant loup. C'est la façon dont je le perçois, et j'ai de plus en plus du mal à vivre à proximité de ces nazis. Ils sont hautains et fièrs de ce qu'ils ont fait à notre pays. On doit être à leur merci, mais ce n'est pas nous le peuple français, le plus à plaindre mais bien les personnes qui ont pour religion, le judaïsme.
Ça m'attriste toutes ces lois contre eux, pourquoi autant de haine envers eux ! Et ces enfants qui n'ont rien demandé, à part vivre leur jeunesse comme les autres. On les distingue facilement avec leurs grosses étoiles jaune cousus sur leurs petites vestes.

Aujourd'hui, Marraine a décidé de me consacrer sa journée pour m'acheter de nouveaux vêtements.
Depuis mon arrivée, elle n'a pas eu le temps de m'accorder ce privilège.
Mais il y a quelques jours, elle m'a surprise, en me demandant si je n'avais pas de robe à ma taille.

'' - Ma chérie, il est temps de refaire ta garde robe ! Je vais prendre une journée pour t'emmener chez ma couturière fétiche !

- Je te remercie Marraine mais j'ai mes tenues, dis-je mal à l'aise.

- Certes, me dit marraine en m'observant avec précision, mais tu flottes dans tes robes, tu vas bien, Aline ?

Intimidée par son regard doux et à la fois perçant, celui qui me rappelle tant ma maman. Elle me manques tellement, je me surprends à me demander ce qu'elle fait à l'heure actuelle. Et surtout, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour elle.

Depuis que je vis ici, je m'aperçois que c'est dangereux de provoquer les allemands. Il y a peu, il y a eu une convocation sur la place de l'église, tout le village était présent. Et j'y étais avec la troupe. Il y a eu un attentat contre les allemands. Plusieurs boches ont péri dans les flammes causée par une bombe. Et le responsable ou plutôt la résistance n'a pas avoué le crime. Et les allemands, malheureusement, n'ont pas fait passer ce '' drame '' par un accident. Il y a eu des otages choisi parmi les villageois, et comme il n'y a pas eu de volontaire pour se dénoncer et sauver ces gens. Ces civils ont été fusillés.

Alors, oui je flotte dans mes robes, j'ai peur pour ma mère, pour ma marraine, pour Betty, mais aussi pour moi, car je peux être tirée au sort, si jamais un nouvel attentat se reproduit à nouveau. Comment vivre avec une sorte d'épée damocles au dessus de soi ? Je veux rentrer chez moi, retrouver ma petite maison, la tranquillité de la campagne, serrer ma maman dans mes bras et l'enfermer à double tour dans sa chambre jusqu'à ce que la France soit libéré de ces diables.
Mais pour l'instant, je dois rester ici.

Une chose positive depuis que je suis arrivé à Paris, je n'ai plus croisé Stefan. Dieu merci.

Je me prépare dans la salle de bain, juste à côté de ma chambre. J'enfile une robe de couleur beige, elle est toute légère. Il est à peine huit heures du matin, que la chaleur est déjà presque étouffante.
Je m'observe dans la glace, Marraine a raison. J'ai beaucoup maigri, j'ai l'air ridicule avec ma robe, qui est maintenant trop large. Mon visage s'est affiné. Et mon teint, malgré le soleil, est toujours aussi pâle. Ce qui contraste avec la couleur roux flamboyant de mes cheveux. Violette est toujours et encore en admiration avec mes cheveux. On s'est beaucoup rapprochées. D'ailleurs, elle se lève spécialement pour venir avec nous, chez la couturière Marie.

Elle voulait juste l'aimer Where stories live. Discover now