Chapitre Un

194 31 17
                                    

Jae-Hyung rentre chez lui joyeusement. Sa journée s'est bien passée, son professeur d'art l'a chaudement félicité pour son application dans sa matière, d'ailleurs. Il s'était révélé que ses peintures abstraites, floutées de tâches blanches quand une forme distincte naissait de ses jets d'encre, avaient du charme et il s'en félicitait. Peut-être un jour il pourrait exposer ? Non, il n'a pas le talent pour cela, peut-être que créer lui suffit après tout et la reconnaissance du public lui importe peu, en fin de compte.

C'était donc une bonne journée et il sautille gaiement sur l'allée pavée, ses talons frappent les pierres polies par le temps. Les voisins le regardent en souriant, habitués à sa bonne humeur en toute circonstance. Parce que Jae-Hyung est ainsi, un éternel enfant dans un corps bien bâti avec pour toujours une étincelle de joie qui ne s'évaporera pas.

Jae-Hyung ouvre sa boîte aux lettres et attrape l'unique enveloppe qui s'y trouve, avant de rentrer chez lui. Là, il déchire soigneusement le papier recourbé et en sort une feuille parfumée. Avec délicatesse, il respire le papier, adorant cette odeur fraîche, florale. Avec précautions, il la déplie, continuant de humer cette douce senteur qu'il affectionne tant et, toujours cette étincelle brillant dans les yeux, il lit les mots écrits à l'encre bleue dans une police brouillonne et précipitée qu'il trouve pourtant si belle.

Soleil argenté qui brille sur les cieux,
Lumière des étoiles qui illuminent tes yeux,
Valse sous la voûte céleste avec moi,
Que je fasse briller tes yeux d'émoi.

L'infini nous envie,
Jalouse secrètement notre amour
Car dans sa pureté il a abandonné la vie,
Mais la vie nous donne encore cette aura d'amour.

Vivons ensemble cette vie vide de sens,
Peins-moi cette éternité
Et je te conterais la vérité
Celle qui ne ment
          [pas

Danse avec moi jusqu'à ce que des comètes tombent du ciel pour voler nos cœurs aimants.

Un sourire aimant étire ses lèvres, et il serre la lettre contre lui. Ces instants partagés avec cet inconnu indirectement font son bonheur le plus intime, et il ne l'échangerait pour rien au monde. Il garde pour lui ces délicieux moments qu'il chérit tant, qu'il aime tant. Un peu comme cet auteur anonyme qui par ses lettres se dévoile, dévoile son amour, sa passion envers l'art de notre protagoniste. Il relit à nouveau ces mots plein avant de la ranger avec les autres ; là où il range toutes les jolies choses.

PoetryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant