Chapitre Trois

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Jae-Hyung se lève doucement, la tête embrumée et les muscles engourdis. Hier soir, il est sorti avec son meilleur ami, WonPil, en boîte de nuit et n'était rentré que très tard - aux environs de quatre heures du matin. Il avait beaucoup bu, s'était injecté un peu d'héroïne dans le sang - juste pour le fun, lui avait dit DoWoon - et s'était retrouvé à trémousser son derrière sur la piste de danse en compagnie d'un jeune homme aux cheveux gris mi-longs. Ils avaient beaucoup ris, ça, il s'en souvenait. Son regard aussi, il ne l'oublierait pas. Mais le reste de la soirée se constituait de bribes de souvenirs quelques peu alcoolisés dont il n'était pas sûr de la véracité. Il se lève donc en traînant des pieds et marche jusqu'à la salle de bain où il cherche désespérément le Saint Graal - un paquet d'aspirine - mais, enfer et damnation ! aucune traces de ces petits cachets blancs. Dépité, il traverse le couloir jusqu'à tomber sur sa cuisine, où il se laisse tomber lourdement sur la chaise, la tête dans le c- euh derrière.
Puis, pris d'un soudain élan de volonté, il se redresse et se prépare un café, se jurant mentalent de ne plus se laisser emporté en soirée par son meilleur ami, au risque de finir dans les bras d'un inconnu.

*

Guitare à la main, il attend. Il attend patiemment que l'église sonne et que les passants affluent.
Quand 10 heures sonne, il commence à jouer devant la foule. Ses doigts enlancent les cordes amoureusement, il caresse les notes tendrement et accorde la mélodie à son timbre de voix. Elle résonne dans la place et se répercute sur l'eau de la fontaine et fait vibrer les membres d'une ombre qui étouffe dans cette masse. L'ombre suffoque, opressée par les gens qui la collent un peu trop. Mais elle reste là et admire le musicien qui semble enfermé dans sa bulle.
Elle commence à voir flou, alors elle s'enfuit. Elle maudit cette peur, mais se rassure en se disant que la prochaine fois, elle pourra l'approcher.

*

La parade marche sur mon cœur
Emietté, elle se joue de moi,
Se moque de la vie qui s'évade en choeur,
Qui disparaît dans une ombre sans émoi.

Pour toi je ne suis rien, mais tu es tout,
L'étoile qui gravite autour de mon corps
Et qui vole mon cœur d'un coup
Avant de me laisser partir vers la mort.

L'illusion dont je me nourrissait me fait mal.
Elle brûle mon cœur et détruit mon âme,
Alors pour ma sauvegarde je m'en vais avec mon mal
Et t'offre amoureusement mes fantasmes.

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