Extrait second

75 19 10
                                    

Le 06 juillet **47

L'autre jour, je me suis rendue compte de quelque chose.

Se plaindre ne sert à rien, s'inquiéter non plus, si on ne fait rien pour changer les choses. Râler pour ce que tu as laissé faire est inutile, et d'une mauvaise foi incroyable.

J'ai donc décidé de me bouger un peu, pour combattre le racisme, le sexisme et assurer à Gaëlan un avenir.

Pour le moment, il a l'air de s'être trouvé un présent, apparu il y a un mois sous la forme d'une fille de notre âge, Nomi. Elle est toute petite et adorable. S'ils n'étaient pas en couple, je crois bien qu'elle m'aurait plu.

Gaël a mis un peu de temps avant de me la présenter, il voulait être certain qu'elle ne soit pas un traquenard pour le dénoncer. Mais sa paranoïa s'est calmée au bout de deux jours, par l'action du temps, et, surtout, des baisers de Nomi.

Je dis qu'elle m'aurait plu mais... ç'aurait été il y a un mois. À présent, c'est la nouvelle de l'école qui me rend dingue. Peu à peu, je gagne sa confiance, et la voir, l'entendre chaque jour est une pure merveille. Elle est mon petit trésor à moi en quelque sorte, mon jardin secret. Très secret, puisqu'elle-même ne le sait pas.

Enfin, l'amitié entre deux filles a toujours quelque chose de l'amour comme on dit.

Elle remplit mes pensées tous les jours, toutes les heures. Et son nom est si mélodieux ! Aileas... Quand je le prononce, j'ai l'impression de voir un oiseau coloré qui joue dans les nuages, qui se moque de la pluie et du vent.

Je pourrais disserter des heures durant sur sa personne, son esprit, sa gentillesse, mais ces divagations se rapportent toujours à la même conclusion : « Je t'aime. ».

Plutôt monotone comme discours.

Je change de sujet sinon je vais repartir sur Aileas.

Dans deux jours, après d'âpres discussions avec mes parents, je vais participer à une manifestation pour le droit des hommes. PapAlvin y a déjà participé, avant qu'il ne rencontre PapEven et qu'ils m'aient, et ils parlaient très souvent d'y retourner ensemble. Je leur ai simplement forcé un peu la main, en me rajoutant au groupe, bien entendu !

Il parait que nous serons plus de trois mille militants !

À partir de maintenant, je ferai en sorte que les choses changent, que les hommes ne soient plus insultés dans la rue, qu'ils aient un salaire égal à celui des femmes, que les Blancs et les Noirs et toutes les autres couleurs soient sur un même pied d'égalité, qu'homosexuels, hétérosexuels puissent sortir dans la rue, s'embrasser en public, sans se cacher, sans avoir honte de ce qu'ils sont.

Je souhaite seulement l'égalité entre tous.

Est-ce trop demander ?

Lorsque j'entends des remarques racistes, sexistes et hétérophobes, j'ai seulement envie de tous les mettre à la place de ceux qu'ils insultent.

Est-ce cela la normalité ? Un homme avec un homme, une femme avec une femme ? Hommes de couleur et les « culs blancs » en-dessous ? L'homme inférieur à la femme, presque traité comme un objet décoratif, simplement parce qu'il ne porte pas d'enfants ?

Si la normalité était autre, réagirions-nous de la même façon ?

Tiens, si le couple normal était un homme et une femme, rejetterions-nous les homosexuels de la même manière ? Si les Noirs étaient considérés comme des sous-hommes, les traiterions-nous comme des animaux ?

Cette idée serait à développer...

Ouvrons les yeuxWhere stories live. Discover now