10 - Charm of Tradition

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CHARLIE 

Cette journée avait été on ne pouvait plus épuisante. Entre la grande tragédie de Marie-Josèphe qui accusait l'aînée des Attis de lui avoir volé son ouvrage et le port de son nouveau corset flambant neuf - bien entendu, les autres commençaient à trop de détendre, alors il lui fallait un nouveau tortionnaire. Elle aimait leur donner des petits noms, comme ça elle pouvait leur en vouloir, juste à eux. Et pas à la société toute entière. Le petit nouveau s'appelait Stéphane.

Elle se traîna jusqu'à son lit et s'étala dessus. Elle aurait pu s'endormir là si Stephane ne lui compressait pas l'estomac. Elle avait prit un peu de poids. Mais c'était la faute de la Cour ! Elle s'était attendue à devoir assister à un bal de temps en temps et à poursuivre ses leçons mais c'était à l'opposé de la réalité.

En réalité, pour une femme, l'essentiel de la vie à la Course résumait à une activité : rester assise dans un salon plein de nobles. Elles discutaient, buvaient le thé, se partageaient des histoires, et bien sûr, filaient, tricotaient, brodaient. La plupart pour leurs futurs enfants. Et surtout, surtout, manger des gâteaux.

A son premier jour, Charlie avait découvert deux choses. Premièrement, Isobel ne venait pas souvent. Elle méprisait la cour, la couture et préferait se battre. Comme elle avait de la chance ! Charlie l'enviait tellement ! La plupart des Dames pensaient que c'était parce qu'elle ne savait pas broder mais c'était tout l'inverse. Comme pour démentir la rumeur, elle avait débarqué un jour et avait brodé le dessus d'un édredon. TOUT le dessus d'un édredon.En trois heures.

Ensuite, elle avait comprit qu'Alianora était une bien piètre couturière. C'était bien la seule planète morte dans sa galaxie de qualités. Alors Charlie lui avait offert de l'aider. Un échange de bon procédé qui avait renforcé leur amitié en un rien de temps. La parfaite demoiselle lui apprenait les dessous des Gaietés et Charlie lui apprenait à coudre, broder, tricoter.

Voilà ce qu'elle faisait quatre jour par semaine ! Quatre jours ! C'était une perte de temps considérable. Elle se sentait ramollir et grossir à force de rester assise et de se gaver de petits fours et de macarons. En plus, elle détestait ça,les macarons. Mais elle se forçait à en manger pour faire bonne figure. Urgh, elle détestait ces jours à la Cour.

Les trois autres jours, elle les occupait aux leçons et à passer du temps avec son père. Elle aimait ces moments privilégiés avec Taesch ... Elle entendait bien ce qu'on disait sur eux à la Cour. Qu'il l'avait adoptée pour faire concurrence à Isobel von Dast, qu'il se servait d'elle comme d'un pion à sa disposition dans l'échiquier politique. Mais quand elle voyait le sourire sincère de son père, ces petits marques au coin de ses yeux quand il riait à gorge déployée et l'énergie avec laquelle il lui apprenait l'escrime, elle ne pouvait le concevoir. Pour elle, il n'était qu'un vieil homme qui avait besoin d'une autre compagnie que celle de son neveu aigri par la perte de sa mère ou celle de son frère, acariâtre et meurtrier.

Elle aurait aimé que les autres voient cela mais à la Cour son père jouait le parfait noble, le professionnel des Gaietés. Personne d'autre qu'elle et Elijah ne voyait sous les craquelures de son masque.

L'Empereur Elijah ... Voilà un mois qu'il était entre la vie et la mort, dans un état de stase. Plus d'un mois même. En enlevant ses jupons, elle jeta un coup d'œil à la lettre qu'elle avait commencé à l'attention de Lucius. Pauvre Lucius ... si elle avait trouvé le corps de Taesch dans cet état, elle aurait été dévastée. Et elle n'avait pas passé seize ans avec lui, alors elle peinait à imaginer ce qu'il pouvait bien ressentir. Elle n'avait pas eu le courage de finir sa lettre et encore moins de l'envoyer; Que pourrait-t-elle lui dire qui pourrait le réconforter qui ne lui aurait pas déjà été dit mille fois ?

Lady Condé [ Ruthless Ravenwell - 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant