Prologue

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Adrien avait 7 ans quand il tua pour la première fois.

Cette nuit là est l'une des plus sombres et plus glaciales de l'histoire de la ville de Cachemire: le vent rugit comme une bête enragée, faisait tournoyer une cascades de flocons blancs épais qui bloque la vue et engourdis les sens. Les rues, faiblement éclairées par les réverbères aux éclats fléchissants, sont désertes et apporte une impression de vide effroyable, le silence seulement trahi par les bourrasques de vents et de grêle.

Au coin d'une maison, une mère chatte tente de couver ses petits, grelottant dans la pénombre ayant pour seul abris une boîte en carton trempée par la neige fondue.

Ses yeux verts brillent dans le soir ne distinguant pas plus loin que le bout de son petit museau frémissant tandis que que l'air frigorifiant ferme doucement ses paupières alourdies par la fatigue.

Un coup de feu soudain sort la chatte de sa torpeur.

Des bruits de pas retentissent dans les ruelles sombres et sales de la ville, sec et vifs contre les dalles froides grisâtres. Un autre coup de feu éclate, cette fois plus près, s'approchant dangereusement de la mère et de sa couvée.

"Ils sont partis à gauche! Ne les perdez pas de vue!"hurle une voix rauque.

Deux ombres apparaissent soudainement d'un coin de rue, l'une longue et féminine, l'autre, petite et maigre. Les deux silhouettes courent à toute jambes, le souffle effréné, tentant de se frayer un chemin dans le Dédale de ruelles qui composent la ville. La plus grande tient fermement la main de la plus petite, poussant cette dernière à accélérer le pas malgré ses sanglots effrayés.

La chatte, curieuse et méfiante, réveille ses petits et les pousse à s'enfuir loin des étranges individus qui semblent bien trop excités malgré l'heure tardive. Malgré sa grande vigilance, elle oublie un des chatons, aussi noir que la nuit, qui reste endormi dans la boîte en carton.

Les deux étrangers s'approchent de plus en plus, ralentissent leurs course et s'arrêtent finalement derrière un lampadaire éclairant faiblement leurs visages.

Un femme aux cheveux sombres et sales, au visage blanc et cerné tient la main d'un enfant aux boucles couleur encre et aux yeux verts pénétrants. Ces derniers sont remplis de larmes et semblent briller dans l'obscurité.

"Ma...Maman? J'ai... J'ai p-peur..." murmure faiblement le gamin emmitouflé dans un manteau trop grand. " Ils...Ils sont p-partis?"

La jeune femme pose doucement un doigt maigre sur les lèvres de l'enfant, lui faisant signe de se taire. Elle scrute les rues enneigées avec méfiance, puis se retourne vers le bambin.

"-Ne t'inquiète pas, chaton." lui souffle-t-elle calmement. "Tout va bien se passer. On va allez vivre chez Tata Claude et je te promets qu'on ne reverra jamais ces affre-"

Un troisième coup, plus violent que les autres, éclate juste au dessus de leurs têtes, brisant le lampadaire et plongeant la ruelle dans le noir.

L'enfant pousse un cri.

"ILS SONT LÀ! ON LES A COINCÉS!!"

Un groupe d'hommes encapuchonnés surgissent de toutes parts, encerclant la mère et son fils. Ils sont au moins une bonne vingtaine et sont tous visiblement baraqués malgré leurs sweats à capuches.

Le visage de la jeune femme laisse apparaître un masque de désespoir.

Un homme, plus grand et plus imposant que les autres, se fraye un chemin hors du groupe. Dans l'obscurité, on ne peut apercevoir que ses yeux luisants, brillant comme ceux d'un loup face à sa proie. Il s'avance d'un pas lent, comme profitant de la terreur apparente sur les visages pâles des deux escapés. Son visage n'est plus qu'à quelques millimètres de celui de la jeune femme. Il souffle:

Pattes de VeloursWhere stories live. Discover now