Pattes de Velours

Chapitre 5

Chapitre 5:

[13 décembre]

Les lumières du matin viennent doucement éclairer les dalles en pierre rose de l'orphelinat Sainte-Évangélique. Se glissant par une fenêtre entrebâillée du bâtiment, un rayon vient illuminer une chambre sombre.

Elle est plutôt petite, mais cela est peux-être dû à la couleur noir des murs qui rendent la chambre étrangement oppressante malgré la légère clarté du matin. Peu de meubles peuplent l'espace, à part un bureau recouvert de fiches de révisions, de livres aux rebords abîmés et d'un ordinateur portable, un sofa pourpre miteux et un grand lit moelleux. Sur un des murs, une armoire-miroir brisée est solidement fermé par un cadenas rouillé tandis qu'une porte mène vers une double chambre servant normalement aux colocataires.

Affalé dans le lit, la tête recouverte par le postérieur poilu de Grisouille, son chat, Adrien est endormie, se blottissant dans une couverture pas assez épaisse pour une matinée d'hiver.

Une sonnerie résonne soudain dans l'appartement.

Manquant de renverser Grisouille, l'adolescent se redresse soudain, la réspiration haletante. Il repense aux évènements de la nuit précédente en se frottant les yeux. "Le 24 décembre..." C'est bien trop tôt, surtout pour dérober les objets les plus précieux du pays. Son esprit se promène alors sur le médaillon, et ses pensées sont alors comblées par des souvenirs de sourires tristes, de parfums de lavandes, de cheveux longs et noirs...

Il secoue sa tête, faisant retomber de longues mèches bouclées et noirs (il faudrait d'ailleurs qu'il pense à se les couper). Sa décision est prise: le médaillon vaut plus que tout au monde.

Une seconde sonnerie, plus longue cette fois-ci, le ramène enfin à la réalité.

"Il n'y a vraiment que Selkie pour se lever aussi tôt le matin..." Le jeune homme se lève péniblement, tout en frottant ses yeux cernés et se dirige d'abord vers le bureau pour prendre un élastique à paillettes turquoises qu'il a préalablement piqué à la jeune rouquine ( Elle en a littéralement une collection! Et puis qui se soucie de sa virilité quand son alter-ego est le voleur le plus séduisant du siècle?), s'attache les cheveux avec difficulté, puis ouvre la porte menant vers la chambre vide. Celle-ci paraît immense comparée à celle de l'adolescent mais ce dernier ne s'en soucie guère tandis qu'une troisième sonnerie explose et qu'il accourt vers la porte menant vers le couloir, qu'il ouvre à grande volée.

"Selkie, on est Samedi! Qu'est-ce que...?"

Il s'arrête net.

L'inconnu devant lui n'est certainement pas Selkie. Il est grand et bronzé, comme s'il revenait de vacances d'été alors qu'on était en plein hiver. Ses cheveux dorés en bataille mais étrangement cela ne fait que le rendre que plus séduisant. Il porte un pull en laine bleu ciel et une paire de jeans délavés, ainsi que des baskets usées. Ses yeux turquoises sont doux et semble le fixer d'une étrange manière tandis que ces lèvres rougis par le froid sont collées en un éternel sourire. En bref, l'inconnu ressemble à une de ces pop-stars au physique parfait qu'Adrien a appris à détester au fil des années.

Après quelques minutes de fixation légèrement embarrassante, l'autre garçon demande:

"Euh...Je dérange?"

"-N-non!" répond maladroitement l'adolescent aux yeux verts "C'est...c'est pour quoi?"

En baissant des yeux, il remarque que le garçon blond tient une valise à roulettes. Un mauvais sentiment s'empare du corps d'Adrien.

"Je suis Léo, un nouveau à l'orphelinat" commente l'adolescent blond avec un grand sourire étincelant "J'ai été désigné pour être ton colocataire!"