Chapitre 2:

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Comme prévu, réussir à se faufiler dans l'orphelinat ne fut pas une mince affaire.

Les 3 adolescents furent confrontés à Mr. Black, le surveillant, qui n'était pas vraiment un être de douceur et d'êxtreme bonté. Après de longues implorations et de très bons arguments donnés par Selkie ("Mr. Black, loin de moi de vous accuser d'un quelconque méfait  mais j'aurais jurée vous avoir vue, ce mercredi, en train de boire une bouteille de rosée dans la salle des profs. J'imagine que Mme la Directrice serait HORRIFIÉE d'apprendre de telles nouvelles...).

À présent, Adrien se trouvait en cours, le visage dans les mains, essayant de toutes ses forces de prêter attention au professeur de Philosophie, Mme. Psyché, qui écrivait une liste de mots variées sur le tableau déjà couvert de shémas et de notes écrites au marqueurs aux couleurs variées.

"...et c'est pour cela que  le Bonheur est un point de vue unique à chacun!" continua le prof en surligant pour une énième fois, le mot écrit en gros en rouge au centre du tableau.

Le Bonheur... C'était un sentiment qu'Adrien ne pouvait plus ressentir. Quand il était plus jeune, être heureux lui rappelait les longues  journées de pluies, le goût du chocolat chaud en hiver, la douceur des mains chaudes de sa mère...

Maintenant, il ne ressentait plus rien.

Pour être tout à fait exacte, Adrien savait quand une situation était heureuse ou triste. Il savait pleurer quand les autres pleuraient et rire quand les autres riaient...mais tout semblait si fade...Comme si un nuage de brume enrobait son corps entier et embrouillait ses sens.

Tout était devenu tellement ennuyant...

Il n'y avait plus qu'une unique chose qui apportait à Adrien un souffle de vie. L'adrénaline d'un cambriolage. Une vue sur l'immensité des toits de la ville qui formait un océan gris métallique. La sensation de pouvoir toucher les étoiles s'il tenait un bras en l'air, l'autre cramponé sur un sac remplie de bijoux plus étincelants les uns que les autres.

C'était devenu sa drogue, sa nouvelle vie. 

Réprimant un bâillement, l'adolescent tourna légèrement la tête, essayant d'apercevoir ses amis qui étaient assis deux rangs plus loin. Pendant que Rabe tentait désespérément de rester le plus calme possible, son habituel enthousiasme seulement trahi par ses doigts qui tambourinaient la table à un rythme effrayant, Selkie ne perdait pas un mot du long discours du professeur sur les différentes représentations du Bonheur, guardant une main crampée sur son crayon jaune canari et prenant des notes à toute vitesse tandis que l'autre était déjà levée pour poser une question. Adrien allait encore devoir lui demander de l'aider à apprendre son cours...

Finalement, la sonnerie résonna enfin, suivis de nombreux soupirs de soulagements.

"Contrôle pour la semaine prochaine!" fit Mme Psychée en effaçant le tableau couvert de marqueurs. "Et pour demain, vous devez me rendre une rédaction sur votre vision du bonheur tout en vous appuyant sur votre cours!".

L'adolescent s'étira longuement avant de se lever et d'aller rejoindre ses amis. Selkie ne quittait pas ses notes, le visage marqué par la concentration tandis que Rabe rangeait ses affaires à toute vitesse, son sourire de manique de retour.

"Puréééé! C'était loooooooong!" hurla-t-il en s'assurant que le professeur était bien sortit de la salle. "J'avais l'impression que mon cerveau allait se changer en tomate radioactif! C'est moi ou les cours de philo sont de plus en plus chiants?"

"-Définitivement toi, Rabe" marmonna la fille au cheveux de feu, ses yeux toujours fixés sur l'encre qui défilait à toute vitesse sur son cahier.

Pattes de VeloursWhere stories live. Discover now