Chapitre 6

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   Le lendemain matin, lorsque je me réveillai, j'avais l'impression qu'un train m'était passé sur le corps tellement j'avais mal partout. Justin m'avait dit que la boxe était difficile, mais je ne pensais pas à ce point.

   Après une bonne douche, je me sentis mieux.

   J'enfilai machinalement une petite robe noire, laissai mes cheveux onduler naturellement, puis mis une touche de rouge à lèvre.

   Je descendis les escaliers en grimaçant de douleur et en me tenant le dos comme une vieille dame. Des éclats de rire m'accueillirent lorsque j'entrai dans la cuisine.

   Justin et Taylor était assis au comptoir-lunch et prenaient leur petit-déjeuner en me fixant, l'air taquin.

-       Et puis, petite soeur, tu as survécu au méchant coach ?  Se moqua Taylor.

-        Très drôle, maugréais-je en m'assoyant sur un tabouret.

-        Tu verras, on s'habitue, me dit Justin en me tendant la boîte de céréales.

      S'habituer à souffrir ? Quel bonheur ! 

-       Jean et Peter sont déjà partis ? demandai-je en prenant une bouchée de céréales.

-       Oui, ils sont sur un gros chantier de construction et on avait besoin d'eux dès ce matin pour la plomberie.

-       Passionnant, ironisai-je, ce qui les fit rire.

   Je ne connaissais rien à la plomberie, et je n'étais pas intéressée non plus par ce sujet. Jouer dans la %$!&, non merci !

-       Bon, allons-y, dit alors Justin, sinon je vais être en retard à mon cours. As-tu besoin que je te dépose à l'université ? ajouta-t-il à l'intention de Taylor.

-       Non merci, Kevin va passer me prendre.

   Taylor faisait des études en physiothérapie et se trouvait la plupart du temps à l'université. Il avait toute mon admiration car je n'aimais pas les études à ce point.

-       Je vais magasiner les voitures, annonçai-je de but en blanc. À New York, je prenais le bus, mais ici, elle ne passe que deux fois par jour. Je tiens à mon indépendance.

-       La sœur de mon ami vend la sienne, me dit Taylor. Elle est en bon état, alors je pourrais lui demander à quel prix elle te la vendrait.

   Je hochai la tête. Je ne connaissais tellement rien aux voitures que ça m'était égal, pourvu qu'elle roule et que je ne paye pas une fortune.

   Quinze minutes plus tard, j'étais arrivée au lycée. Je croisai quelques visages connus et me rendis à mon casier. Celui de ma voisine avait été nettoyé.

   Ce matin-là, j'avais un cours d'art. J'aimais beaucoup cette matière et j'espérais que l'enseignante soit sympathique.

   Le local était tout au fond du lycée (J'aurais dû demandé un carte) et j'arrivai lorsque la cloche sonna.

   De grandes tables hautes carrées étaient disposées dans la salle de classe et elles étaient toutes pleines, exceptée une.

   Je faillis faire demi-tour lorsque j'aperçus qui étaient assis.

   Vous avez deviné ?

-       Bonjour mademoiselle, me dit l'enseignante avec un grand sourire. Bienvenue dans ma classe.

   Je me traînai les pieds jusqu'à la table des garçons qui me firent une place avec un sourire de connivence.

-       Tiens ! C'est notre petite boxeuse ! s'exclama Phil à voix basse.

   Je lui lançai un regard noir, puis me concentrai sur ce que disait l'enseignante.

-       Aujourd'hui, je veux tester votre créativité, disait-elle. J'ai apporté ceci.

   Elle sortit une banane de son sac.

-       Je veux que vous fassiez un dessin tout en intégrant ce fruit dedans, ce quelque façon que ce soit.

   Les gars se mirent à ricaner.

-       Et aucun dessin inapproprié ne sera toléré, ajouta-t-elle en jetant un regard menaçant à mes compagnons de table. À vos crayons !

Ceux-ci avaient l'air d'avoir été privés de dessert et ce fut à mon tour de ricaner.

-       Elle vient de gâcher mon idée, grommela Ed.

   Quel crétin !

   Je fixai la banane pendant un long moment, réfléchissant à ce que je pourrai bien illustrer. Les garçons avaient déjà commencé à dessiner, mais je me concentrai et les oubliai, du moins pour quelques minutes.

   Je pris mon crayon, fermai un œil, et le plaçai devant moi de façon à ce que je le voie à côté du fruit pour mesurer la proportion.

-       Es-tu en train d'évaluer sa taille ? me demanda alors Sean.

   Je levai les yeux vers lui.

-       C'est quoi ton problème ? éclatai-je. Es-tu tellement en manque qu'il faut que tu glisses une allusion au sexe dans toutes tes phrases ?

-       Ce n'est pas moi qui ai abordé le sujet, fit-il avec un petit sourire, pas déstabilisé du tout par ma réplique. Du coup, on se demande qui entre toi et moi est en manque ?

   Ma mâchoire s'affaissa.

-       Ferme la bouche sinon je pourrais prendre cela pour une invitation, me dit-il. Et en passant, j'ai tout le sexe que je veux, ne t'en fait pas pour moi.

   J'étais déconcertée. Ce mec avait un grave problème ! Je décidai de l'ignorer tout le reste du cours.

   Il essaya d'aborder la conversation, mais je ne répondis rien et me concentrai sur mon œuvre. J'avais décidé de représenter un croissant de lune au dessus de la mer. Je sais, ce n'était pas très original, mais avec les deux abrutis à ma table qui n'arrêtaient pas de faire les clowns, je n'étais pas capable de réfléchir.

   La prochaine fois, j'arriverai en avance au cours afin de me placer à l'autre bout de la salle.

   J'étais assez satisfaite du résultat final, et l'enseignante approuva mon dessin en me félicitant. Je sais que je n'étais pas la meilleure en art, mais je me débrouillais.

Je fus soulagée de pouvoir enfin quitter le cours.

Il y avait un peu trop de testostérones là-dedans !

Le Jeu Charnel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant