Chapitre 32

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Vingt minutes plus tard, je courais dans le couloir de l'hôpital. Sean me suivait car il n'avait pas voulu rester dans la voiture.

Il ne m'avait pas ré-adressé la parole depuis que j'étais sortie de la douche, à part pour me proposer de m'emmener voir Justin. J'avais accepté puisque ma voiture était garée chez moi et que j'avais trop hâte de voir mon frère.

Sean restait silencieux et semblait pensif.

Lorsque j'arrivai à la nouvelle chambre de Justin, mon père et ma mère étaient assis à ses côtés. Ils se tournèrent vers moi au moment où je m'engouffrais dans la pièce. Justin me regarda et me sourit. Je sentis les larmes me venir aux yeux et m'approchai de lui en commençant à pleurer.

- Tu ne vas pas t'y mettre aussi, Bouffonne, dit Justin d'une voix faible. Maman et Jenny m'ont déjà fait le coup des chutes Niagara.

Je ris malgré moi. Justin était ainsi : malgré la gravité de la situation, il tournait toujours tout de façon comique.

Les parents nous laissèrent quelques instants.

Sean, que j'avais complètement oublié, était resté dans l'entrée de la chambre.

Justin lui fit signe d'entrer.

- J'ai déjà été un peu plus intimidant, non ?

- Je t'assure que même ainsi, tu l'es toujours. Après tout, tu m'as refait le portrait de nombreuses fois.

Mon frère perdit son sourire.

- Je ne crois pas pouvoir refaire de boxe un jour.

- Arrête ! lui dit Sean. Le corps humain est fait pour se régénérer. Tu n'es pas paralysé, non ? Alors, tu guériras, c'est incontestable..

Justin émit un petit sourire même s'il n'y croyait apparemment pas.

- Avant, je devrai faire de la réadaptation.

Je lui pris la main.

- Tu vas y aller étape par étape, lui dis-je. Tu es vivant ; c'est ce qui compte.

Mon frère hocha la tête, puis se tourna vers Sean.

- Merci d'avoir proposé de ramener Céleste. Grâce à toi, elle a évité cet accident. Je t'en serai éternellement reconnaissant.

- Ce...ce n'est rien, balbutia Sean, embarrassé.

Nous restâmes une heure à l'hôpital et, puisque Justin avait besoin de repos, Sean me ramena chez moi. Il voulait discuter, mais je n'en avais pas du tout envie. Je voulais seulement me reposer, alors je l'envoyai paître et rentrai chez moi.

Je dormis douze heures d'affilés et, le lundi matin, je me réveillai fraîche et dispose.

J'étais de très bonne humeur. Justin était réveillé. Enfin ! Tout allait s'améliorer.

Je me préparai en chantonnant, enfilai un jean et une blouse bleue, puis me rendis à la cuisine prendre mon petit-déjeuner. Tout le monde était déjà parti. Ma mère et mon père se trouvaient à l'hôpital, Peter, au travail, et Taylor, à l'université.

Je démarrai ma voiture et me rendis à l'école.

Les filles m'attendaient non loin de la porte d'entrée, sur un banc. Elles semblaient toutes excitées.

- Le jeu achève, annonça Megan. C'est ce vendredi que le vainqueur sera dévoilé.

- Je m'en fiche, répondis-je en levant les yeux au ciel.

- Oh ! mais puisque Sean et toi l'avez fait, on se disait que ça t'intéresserait...

Quoi ?

- Pardon ? Il ne s'est rien passé entre Sean et moi. Je lui ai redonné sa maudite bague alors je ne fais plus partie du jeu.

- Mais...euh...balbutia Océane, vous avez dormi ensemble alors on pensait que...

Ah, c'était donc ça !

- Je n'ai pas couché avec lui, si c'est ce dont vous parlez ! J'étais tellement bourrée que j'ai été malade et me suis évanouie à côté de la cuvette.

Je ne mentionnai pas ce qui avait failli se passer dans la douche.

Les filles paraissaient toutes étonnées.

- C'est bizarre, dit Megan. Habituellement, Sean n'a aucun scrupule à profiter de la vulnérabilité de la fille.

- Sean n'a aucun scrupule tout court. Il est égoïste et ne fait rien pour rien, ajouta Alexia d'un ton amer.

Parlait-on du même gars ? Celui qui me donnait des cours de mathématiques et qui m'avait épaulée lors de l'accident de mon frère ?

- Tu devrais quand même venir, insista Laurie. Après l'annonce, il y aura une grosse fête.

- Non, merci, j'ai eu mon lot de fêtes. Je dois y aller, les filles. On se voit plus tard.

J'avais seulement une envie : étriper Sean.

Je m'éloignai d'elles en poussant un soupir de soulagement. Jamais je ne laisserai un gars me traiter comme elles et profiter de moi.

J'arrivai dans le cours d'arts plastiques lorsque la cloche sonna et m'assis à ma place, à la même table que Cathy, Ed et Sean. Celui-ci me fit une sourire, mais je détournai les yeux.

Je remarquai que Cathy et Ed avaient rapproché leur chaises l'une de l'autre et se tenaient la main. Leur conversation lors du party me revint en mémoire et je fis un petit clin d'œil à Cathy, qui me répondit par un sourire éclatant.

- Bonjour, nous salua la professeure, j'espère que vous avez passé un beau week-end. Ce matin, je veux vous initier à l'art de la poterie. Malheureusement, je n'ai pu transporter qu'un seul tour de potier, alors ce sera chacun votre tour. Les autres, je veux que vous dessiner cette espadrille.

Elle pointa la chaussure sur son bureau.

Ed leva la main et demanda :

- Pourrait-on se mettre à deux pour la poterie ? J'ai toujours voulu essayer cette scène dans « Mon fantôme d'amour »

Les élèves éclatèrent de rire et l'enseignante émit même un sourire.

- Vous saurez, Monsieur Thomas, dit-elle à Ed, que la vraie vie et le cinéma, ça fait deux.

- Désolé, mon vieux, dit Sean en tapant dans le dos de son ami, il va falloir te trouver un autre fantasme.

Je levai les yeux au ciel tandis que Cathy virait rouge pivoine. Ces gars-là étaient de vrais obsédés !

Le Jeu Charnel Where stories live. Discover now