PROLOGUE

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  Des bouches qui s'entrechoquent, des lèvres qui se touchent, des langues qui se goûtent et des souffles qui se mêlent. Observer deux personnes s'embrasser était devenu mon passe-temps préféré.
J'avais 18 ans et je n'avais toujours pas eu droit à mon premier baiser et accessoirement, mon premier petit copain. J'avais conscience du fait que si je le disais à un garçon, il me regardera comme si j'avais un oeil sur la joue ou des poils sur les dents.
Je tiens à préciser, pour ma défense, que c'était par choix. Le mien et celui du destin. Je n'avais eu droit qu'à des garçons trop gamins, trop dégoûtant ou trop moches. Difficile de plonger dans le bain quand celui-ci était particulièrement repoussant. Le destin s'en est ensuite mêlé lorsqu'un jour, le seul garçon qui avait trouvé assez de courage pour me déclarer sa flamme, me proposa de m'embrasser et que je m'étais mise à rire sans pouvoir me retenir. Cela avait en effet dissuadé toute la gent masculine de m'approcher.

  C'est donc assise sur un banc, dans un parc paumé et les yeux plantés sur un couple de jeunes amoureux, que je remettais en question mes choix et ma vie amoureuse quasi inexistante. 

Plusieurs jeunes filles passaient devant moi, promenant leurs corps minces aux formes alléchantes et au moindre détail étudié pour être parfait et attirant. Je ne dis pas que je suis grosse, je dis juste que le surplus de ventre et l'absence de toute courbe féminine sur mon corps ne jouaient pas en ma faveur pour plaire au sexe opposé. Sans parler bien entendu de ma peau pleine d'imperfection -et attention, je ne parle pas que de mon visage- dû à une acné particulièrement tenace et de mon expression froide et hostile qui semblait naturellement imprimée sur les traits de mon visage.
Comment donc pourrais-je encourager un beau garçon à m'approcher lorsque mon propre corps faisait tout pour le repousser et ce, malgré moi?
Un long soupir m'échappa tandis que je ramenais mes jambes contre moi, consciente que cette position ferait remonter le bas de mon jean, découvrant ainsi mes jambes poilues. Je partais clairement à la dérive.  

GUILTYWhere stories live. Discover now