La peur des femelles

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Société,

Société de mon cul,

Mon cul tu l'aimes Société.

Femelle tu te plies,

Tu te plies aux règles,

Tu fais c'qu'on t'dit, les hanches bien en arrière,

Mais merde alors, on te dit qu'on voit trop ton derrière,

Trop court, trop long, trop, trop.

Un beau vase dans lequel il manque les fleurs,

T'es là sans être là,

T'es là pour être là,

Tout le monde s'en fout,

Transparente, ronde, vide, bien vide, fais ce qu'on te demande.

Tellement qu'on te comprime,

Tellement qu'on t'oppresse,

Tu saignes par le ventre sans hurler.

T'es pas partie à la guerre, femelle,

T'es pas partie à la galère non plus.

Alors pourquoi t'as la gueule cassée ?

Pourquoi t'as du noir sur les yeux ?

Pourquoi t'as du rouge entre les lèvres ?

Pourquoi tu te tartines la tronche ?

C'est pour cacher ton ignominie,

Pour cacher ton gosier rempli de morceaux de pommes,

Pour cacher ta langue fourchue,

Elle rampe, elle mord comme le serpent, la femelle.

Le corset qui comprime son bide,

Qui cache sa cellulite dégueulasse,

C'est pour sortir le venin,

Qu'elle dit Société.

On fait quoi pour ses seins qui tombent ?

On fait quoi pour ses hanches qui s'échappent ?

Tu vomis, tu vomis, vomis tout dans tes chiottes.

Vomis ta graisse.

Le Malin, il peut pas voir sa silhouette,

C'est pour ça que t'as toujours mal devant ton miroir,

Que tes yeux ont peur, Que ton ventre se tort,

T'es moche. T'es moche. T'es moche.

Avale ton cachet, celui qui fait maigrir la nuit,

Ou arrête de manger, regarde comme tu bouffes,

Regarde-toi bordel ! Regarde-toi !

Tes doigts pressent le fond de ta gorge,

T'extrais ce qui te dégoûte, tu t'extrais.

Sale femelle. Tu crois que ça suffit ?

Tu crois que c'est comme ça qu'on verra pas qui tu es vraiment ?

Et tes poils alors, tes poils de bête, tes poils de monstre.

Il t'en sort par tous les trous.

T'angoisses hein ?

T'angoisses de voir toute cette merde qui sort de toi ?

Alors t'arraches femelle, t'arraches ta merde.

T'as mal en plus, t'aimes ça, t'aimes la douleur, pas vrai ?

Tu me souris, Tu me parles,

T'en as envie, hein ?

Ta main glisse sur ta peau douce,

Leurs mains caressent ton cul,

Société te dit qu'elle est contente,

Elle jubile. Elle jubile parce qu'elle te prend pour une conne.

Barbouillée de la gueule, imberbe,

Tu marches sur tes échasses,

Mais société s'en fout, elle te prend encore de haut.

Tes talons suffisent pas,

Pas plus que les centimètres que tu t'ajoutes,

T'es toujours petite, t'es toujours merde,

On te mate de haut,

On te mate le bas.

Tu hurles, VA TE FAIRE FOUTRE.

Une piqûre dans les lèvres,

T'es toujours pas plus belle, là ?

Tu pleures, Tu pleures,

Non, dit Société. T'es pas plus belle, Femelle.

Tu t'fais tirer la peau,

Les rides, les rides, ça te fait mal.

Et tes petits seins de merde là ?

Gonfle, gonfle, gonfle,

Un coup de couteau dedans,

On te charcute,

Ça pisse le sang,

Mais tu gonfles,

Tu gonfles pour Société.

Même dans le cul.

Tu t'en fous d'avoir mal,

Ta douleur tu la gardes pour toi,

Comme le reste. Ferme ta gueule.

Tu tentes de rentrer dans le cadre,

T'as mal partout, Tu te contorsionnes.

Bravo femelle, BRAVO,

Son gros cigare dans son gosier,

Société sourit,

Ses dents sont tranchantes,

Elles se plantent dans ta gorge,

Sa main rentre,

Elle te viole sa main,

Toi t'es plus personne femelle maintenant.

T'es juste bonne à regarder,

T'es juste un vase vide,

Société a lentement fichu ses petites gouttes d'eau dedans,

Mais rien n'y a jamais poussé.

On t'a jamais fait de fleur,

A toi, Femelle.

La femelle,

Elle est douce et belle,

C'est ce qu'on te dit,

C'est pas moi, C'est Société.

Mais toi, protège-toi de la femelle,

Sois agressive, Sois dégueulasse, Sois forte,

Te laisse pas bouffer,

Te laisse pas bouffer par la femelle.

Sois douce et belle,

Sois grosse et maigre,

Sois petite et grande,

Mais seulement parce que t'es pas une femelle.

Mets des œillères,

Ne te laisse pas envoûter,

Par cette connasse de Société.

SociétéWhere stories live. Discover now