Asylum

Chapitre 8 : Bird on tree

Les 4 hommes restèrent un moment immobiles, terrorisés, incapable de faire le moindre geste.. Ce fut Thomas qui bougea en premier, se précipitant à toutes jambes sur son ami, encore parcouru de légers spasmes, alors que la vie quittait doucement son corps, les paupières d'Hugo se fermaient toutes seules, son sang se répandant sur le sol. Thomas s'accroupit auprès de son ami, prit son visage désormais dépourvu d'expressions entre ses mains, il essuya un mince filet sanguinolent qui s'échappaient de ses lèvres entrouvertes et effleura ses joues pales du bout des doigts en pleurant, d'abord silencieusement puis ses sanglots envahirent peu à peu le couloir. Damien courut jusqu'au plus petit, le serra contre lui, lui même n'arrivant pas à retenir ses larmes. Thomas se réfugia dans les bras du plus grand, n'arrivant plus à parler, le flot de larmes qui le submergeait étant beaucoup trop violent pour quoi que ce soit d'autre. Les deux hommes murs s'avancèrent à leur tour, Guillaume posa sa main sur l'épaule de Damien.

"On va appeler d'autres personnes pour dégager le corps de votre ami, allez vous reposer en attendant, on appellera si vous voulez le voir une dernière fois avant.. avant l'incinération.."

Damien hocha silencieusement la tête, il murmura doucement à l'oreille de celui qu'il tenait dans ses bras.

"Viens Thomas, on va aller dehors, d'accord ?"

Toujours incapable de dire le moindre mot, Thomas fit juste un signe de tête presque imperceptible et se releva difficilement, Damien le tenant toujours contre lui pour ne pas qu'il s'effondre sur le sol. Ils sortirent sans dire le moindre mot dans le jardin et allèrent s'assoir sous le grand chêne, le plus grand s'assit contre le tronc et accueilli le bouclé entre ses jambes, passant ses bras autour de son torse, le berçant doucement pour essayer de calmer sa peine. Thomas, le dos contre l'abdomen de son ange gardien, était à bout intérieurement, il essuya ses joues délavées d'un revers de main et dit d'une voix cassée.

"J'en ai marre Damien, plus qu'assez de pleurer, tous les jours, sans interruption, chaque jour tout est plus dur à encaisser, et maintenant Hugo.. Il est parti.. Damien il est parti..

-Thomas..Il est sans doute beaucoup mieux désormais, ici c'était une souffrance perpétuelle pour lui, il avait besoin de repos, ce qu'il a vécu durant toute sa vie, c'est insupportable, aucun homme ne devrait avoir à supporter ça, il est plus heureux maintenant...

-Je me sens tellement minable.. Vous avez vécu l'enfer tous les deux, moi j'ai juste, j'ai juste pété un putain de câble.. Tu dois me trouver pitoyable, j'ai honte de moi, il méritait pas de mourir, il méritait pas de mourir ici..

-Je ne trouve pas pitoyable, je ne te trouverai jamais pitoyable.. Thomas j'ai été con, beaucoup trop con pour être heureux quand j'en avais encore l'occasion, j'en ai plus qu'assez de faire comme si.. Putain, comme si je ressentais pour toi. C'est tellement pas le bon moment, mais j'en peux plus, il faut que je te le dise avant que la vie nous fasse encore un de ses coup de pute dont elle seule à le secret, Thomas je t'aime, pas comme un frère, pas comme un ami, non je t'aime comme un fou, chaque jour je me perds dans tes yeux, je sens ton corps contre le mien quand j'essaie de te rassurer, tous les jours j'espère que tu m'aimes aussi.. Thomas, mon petit ange, mon petit ange déchu que j'aime à en mourir, je supporte pas de te voir malheureux, je ne veux que ton bonheur, je donnerai ma vie pour que tu retrouves le sourire, pour que tu revoies les couleurs du monde, Thomas je ne veux plus passer un seul jour en te mentant, je ne veux plus te cacher mes sentiments."

Le plus petit voulu lui répondre mais les mots restèrent coincés dans sa gorge, il se retourna vers son homologue, celui ci le dévisageant de ses beaux yeux amoureux, Thomas caressa ses joues barbues, effleura ses lèvres, dessina les contours de son visage et de sa nuque, ses prunelles noisettes remplies d'étoiles se perdant inconsciemment dans celles océans de Damien.