Partie 1: Une nouvelle famille

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« Avance. Reculer n'est pas une option. Ne regarde jamais en arrière, ça ne fera que te ralentir. Laisse derrière toi les éléments du passé et avance. Peu importent les obstacles. Peu importent les blessures. Une seule chose compte : vivre »

-Eren !

Je sursaute en entendant une voix inattendue. Emergeant du tourbillon de pensées où j'étais plongé, je tourne la tête en direction de la voix... et recule d'un bond en voyant deux yeux scintiller à moins de dix centimètres de mon visage.

-Ouah ! Bordel, qu'est-ce que ?

Ma main, que j'avais envoyée derrière moi dans un réflexe naturel d'équilibre, ne rencontre que du vide, et je me sens soudain basculer en arrière. Mes jambes passent par dessus ma tête tandis que celle-ci heurte le sol moquetté, me laissant dans une position assez incongrue. Comme pour en rajouter, la couverture/couvre lit du canapé que je viens de quitter vient s'écraser sur ma figure, me plongeant dans le noir complet. Je grogne en entendant un rire étouffé au dessus de moi, et écarte la couverture d'un geste agacé.

-Très drôle, Petra, soupiré-je en me laissant retomber sur le sol. Vraiment très drôle.

La fille qui me surplombe est visiblement aux prises avec un fou rire qu'elle peine à contrôler. Ses mains sont plaquées sur sa bouche, ne laissant rien voir en dessous de son nez fin. De petites larmes perlent au coin de ses yeux noisette, qu'elle essaye de garder obstinément fermés tandis que quelques mèches courtes et rousses tressautent autour de son visage rond.

-Dé... Désolée, Eren... hoquette-t-elle à travers le bâillon que forment ses mains croisées. C'est juste que... ta réaction...

Un nouveau gloussement lui échappe. Je la regarde inspirer et expirer longuement, jusqu'à ce que les soubresauts qui agitent son dos s'apaisent un peu. Elle prend une dernière grande inspiration avant d'ouvrir les yeux. Ses mains retombent sur ses hanches tandis qu'elle m'adresse un sourire repentant.

-Pardon, je ne devrais pas rire, s'excuse-t-elle. Je suis désolée de t'avoir pris par surprise. J'étais venue te dire que le repas sera bientôt près. Annie est déjà descendue dans la salle... Tu as besoin d'aide ? ajoute-t-elle en voyant que je ne bouge pas.

Je me rends compte que je suis toujours dans la même position ridicule (qui se révèle assez confortable, en fait). Je me contorsionne pour tenter de me relever dignement, mais échoue lamentablement et finis par me tortiller d'une manière peu gracieuse avant de finir à quatre pattes devant le canapé. Je parviens tout de même à me mettre sur pied en un temps raisonnablement court, ce qui atténue un peu la honte de mon orgueil blessé. A en juger par coin de sa lèvre qui frémit, Petra n'est pas loin d'une rechute, mais elle parvient à se contrôler et a la gentillesse de ne pas faire de commentaires.

-Viens, ils doivent nous attendre, me lance-t-elle avant de se tourner vers la porte qui mène à la cage d'escalier.

J'acquiesce et m'engage derrière elle après avoir pressé l'interrupteur de la radio, interrompant le bruit de fond et plongeant ainsi le salon dans un silence reposant.

La cage d'escalier sent la poussière et le vieux bois. Les marches se mettent à craquer lorsque nous descendons la pente raide de l'escalier, qui nous offre une vue plongeante sur le palier du dessous. Je n'ai pas spécialement le vertige, mais j'avoue que cette vue m'intimide un peu. Je me cramponne à la rambarde tandis que la silhouette menue de Petra sautille devant moi, passant de marche en marche à une vitesse ahurissante. Elle a déjà parcouru la moitié du chemin lorsqu'elle semble se rendre compte d'une chose et pile net.

-Fais attention à la huitième marche, elle est un peu branlante sur les bords, me lance-t-telle par-dessus son épaule. Marche bien sur le milieu de la planche... Ou tu peux la sauter, si tu ne veux pas que toute la maison te remarque.

Où que tu ailles, je serais làWhere stories live. Discover now