Chapitre 17 : Welcome Back

497 47 4
                                    

Tout ce qui était familier auparavant lui était devenu étranger. Tout. De l'odeur qui flottait dans l'air, à l'atmosphère humide de Floride en passant par son appartement. Ce deux mois avaient été si loin de tous ses repères habituels qu'il s'en était créé d'autres. Et c'était un peu étrange de revenir au point de départ, comme si rien ne s'était passé. Rien n'avait bougé au final, si ce n'est qu'il allait mieux tout en étant profondément triste. Mais il savait que cette tristesse passerait, qu'il surmonterait ce vide qu'il ressentait, qui lui creusait le ventre.

Il s'ouvrit une canette de soda et s'installa sur son petit balcon après avoir lancé une playlist sur sa station musicale. Il ne savait pas par où commencer, ranger sa valise, faire des courses. Ce n'était pas grand chose, mais ça lui semblait insurmontable. Il avait juste envie de dormir longtemps, pour que les faits se transforment en souvenirs qui s'éloigneraient un peu plus à chaque heure de sommeil. Il n'avait pas encore dormi depuis que Louis avait quitté d'Hollyridge Court. Il était resté éveillé toute la nuit, à penser à lui, à revivre cet instant encore et encore. Harry savait qu'il allait en perdre la saveur et l'intensité en succombant à Morphée mais il savait que c'était un mal nécessaire. Pour commencer à se guérir.

Les cours reprenaient le lendemain, du moins le stage d'écriture qu'il avait choisi de suivre et qui durait une semaine avant la reprise effective et officielle de l'année universitaire. Il allait devoir être un minimum en forme s'il voulait tirer un quelconque profit de l'enseignements qu'il allait suivre.

Il écrasa sa cigarette et rentra à l'intérieur. Il régla le réveil pour ne pas que sa sieste dure indéfiniment. Et une fois à l'abri de ses couvertures, il ferma les yeux et se repassa deux des scènes les plus intenses de son existence et se laissa aller en souriant, l'odeur de Louis peuplant ce sommeil naissant. Il lui manquait.

Lorsque la sonnerie le réveilla quelques heures plus tard, tout s'était un peu atténué, la joie et la peine. Son humeur était un peu plus égale et il se leva pour aller faire quelques courses, son frigo était vide et il mourrait de faim. Ca irait se dit-il, ça irait vraiment.

Il dîna avec Emily, enfin c'était une façon de parler car quelques centaines de kilomètres les séparaient. Il lui fit visiter son appartement par l'intermédiaire de la webcam et elle lui promit qu'elle viendrait dès que possible.

- Bon alors, comment tu vas ?

- Bien, répondit Harry.

- Pour de vrai, trouva-t-elle nécessaire d'ajouter.

Il soupira avant d'enchaîner.

- C'est bizarre d'être ici, Gravel Ridge me manque.

- Louis te manque, tu veux dire ?

Elle en parlait comme s'il n'était pas son frère, elle était géniale décida une fois de plus Harry.

- Oui, carrément.

- Tu lui as dit quelque chose avant de partir ?

- Pas exactement.

- Comment ça pas exactement ?

- Ben..., il hésita. Tu te rappelles la soirée au lac ?

- Oui.

Et il lui raconta ce qu'il s'était passé.

- Putain, c'est pas vrai.

- Si.

Et il lui relata aussi ce qui s'était passé la veille.

- C'est la merde, Harry.

- Pourquoi ?

- Déjà pour toi. Et ensuite, Louis est revenu vers toi et c'est lui qui t'a embrassé. Ca doit être un bordel pas possible dans sa tête.

- Je suis désolé.

- Vous étiez deux. Tu l'as pas forcé.

- Un peu la première fois, quand même.

- J'appellerais pas ça forcer quelqu'un.

- Mais c'est bon, ça va passer. Pour lui, comme pour moi. Il va oublier, sûrement plus vite que moi et tout rentrera dans l'ordre.

- Hm, je suis pas sûre, Harry.

Et ils en restèrent là, enchainant sur des sujets plus légers.

Le quotidien reprit rapidement le dessus, les cours, la bibliothèque, le sport. Tout redevenait si normal qu'Harry se surprenait à soupirer souvent, à courir plus vite sur le tapis de course, à taper plus fort dans le sac lors de ses entraînements de boxe. Il étouffait. Mais ça allait passer se répétait-il.

Le weekend arrivait et il était satisfait de sa semaine, du moins au point de vue scolaire. Il avait pas mal progressé et cet atelier allait réellement lui servir si bien au niveau de ses cours, qu'au niveau de son travail au journal mais aussi sur son blog.

Il était vingt et une heure passées et il rentrait de la bibliothèque où il avait effectué quelques recherches sur le nouveau sujet qu'il allait traiter ce weekend histoire de s'occuper. Il appellerait aussi Neil pour qu'il se fasse une soirée jeux vidéos le lendemain. Il irait également courir sur la plage et ferait peut-être un peu de shopping. Harry avait toujours aimé avoir une nouvelle tenue pour la rentrée, depuis qu'il était petit, ça adoucissait l'amertume du retour en classe depuis toujours.

Il marchait tranquillement en direction de chez lui lorsqu'il entendit des pas et des voix se rapprocher.

- Me dit pas que c'est cette petite pute de Styles ?

La première chose qu'il ressentit fut de la peur, primaire, animale, instinctive, incontrôlable. Et quelque chose d'autre prit rapidement le dessus. De la colère. Il s'arrêta et se retourna lentement.

- Qu'est ce que tu veux, Smith ? demanda-t-il posément au plus grand des deux garçons qui lui faisaient maintenant face.

- Savoir comment allait ton cul, il a du prendre son lot de queues cet été.

Et ils éclatèrent d'un rire gras et dégoûtant.

- Tu demandes ça parce que tu souhaiterais peut-être y mettre à nouveau la tienne ? Tu sais, la prochaine fois, tu n'auras qu'à me demander, tu n'es pas si laid, je pourrai peut-être envisager la chose.

Il avait dit ça calmement, presque indifférent. Il n'était pas sûr que ce soit Smith qui ait été responsable d'une partie de son état l'autre soir, mais à la tête qu'il faisait, il sut qu'il avait tapé juste.

- Je vais te défoncer, Styles. Il avait dit ça en serrant les poings et les dents, regardant rapidement vers son acolyte qui n'avait pas encore dit un mot, pour s'assurer de son soutien. Visiblement, il ne s'était pas attendu à ce que Harry réponde.

- Encore ? Décidemment, ça t'a tant plus que ça ? demanda ironiquement Harry.

Et Smith se jeta sur lui en armant son poing. Harry l'esquiva mais n'arriva pas à éviter le coup du deuxième dont il ne connaissait pas le nom. Il sentit sa lèvre se fendre sous l'impact et le sang couler sur son menton.
En une seconde, il reprit ses esprits, dégagea celui-qui-n'avait-pas-de-nom d'un uppercut dans l'estomac qui le laissa sans souffle et s'arrangea pour faire une clé de bras à Smith, tordant suffisamment son poignet pour qu'il s'agenouille. Harry le força à s'allonger jusqu'à ce qu'il ait la joue contre le sol. S'il bougeait de ne serait-ce qu'un centimètre, son poignet se casserait. Styles enfonça son genou entre ses deux omoplates et dit à l'autre qui s'approchait à nouveau.

- Tu fais un pas de plus, je lui explose les côtés, lui brise le poignet et lui explose le nez, tout ça en moins de temps qu'il n'en faudrait pour que tu arrives.

L'autre s'arrêta pendant que Smith tentait de retenir ses gémissements. Aucun n'avait envisagé qu'Harry sache effectivement se défendre. Et il savait très bien le faire surtout lorsqu'il était aussi en colère, il fallait juste qu'il ne laisse pas sa peur le paralyser comme c'était déjà arrivé. Il se pencha sur Smith et murmura.

- Toi ou l'un des connards m'approchez encore une fois à moins d'un mètre et je te jure que d'une façon ou d'une autre, je vous amoche tellement que vos mères vous reconnaitrons pas en allant vous chercher aux urgences. Et vu comment tes côtes sont sur le point d'exploser, tu sais très bien que je plaisante pas. Maintenant, je vais rentrer chez moi et tu vas continuer ta route. Je veux plus jamais te croiser, espèce de fils de pute. Compris ?

Harry prit le gémissement qui s'échappait de la bouche de Smith pour un oui et se releva, libérant son agresseur.

Il ramassa son sac et reprit son chemin, s'autorisant à trembler lorsqu'il n'entendit plus aucun bruit derrière lui. L'adrénaline était en train de redescendre, il avait la nausée et sa lèvre lui faisait mal. Pourtant il se sentait mieux.

Lorsque la porte de l'ascenseur s'ouvrit à son étage quelques minutes plus tard, il quitta des yeux le miroir dans lequel il examinait sa lèvre ouverte pour sortir de la cabine. Il actionna l'interrupteur pour éclairer le couloir et ce qu'il vit au bout de celui-ci le paralysa sur place.

Louis était assis par terre, adossé à sa porte et il le regardait sans un mot.

Gravel Ridge (l.s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant