Projet Run. [.myg.pjm.]

2.

Je relâche finalement sa main, et me baisse pour poser l'épais morceau de bois, bien que Jin ne garde son pied de biche, je suis certain de pouvoir trouver autre chose pour m'armer si j'en ressens le besoin. Après tout, j'ai trouvé ce morceau ci en à peine quelques secondes.

On cherche ce que l'on pourrait se dire, et avant même que je n'ai le temps de parler, le dénommé Jin prend la parole.

" Viens, on va voir ce qu'on peut trouver dans la ville.

J'hoche la tête, et il se met à marcher. Je lui emboîte le pas, et remarque qu'il porte des vêtements assez basiques. Baskets blanches, pantalon beige, et chemise rose saumon. Ou corail. Je ne sais jamais différencier les deux. Si ma mère avait été là, elle m'aurait sermonné en me disant "Les couleurs sont importantes, Yoongi, apprend à tout différencier. Il faut prendre conscience de l'importance des nuances. ", avant de se plonger dans un énième magazine de décoration. 

Le faux blond marche d'un pas assuré, comme s'il ne craignait pas la mort pouvant surgir de nulle part. Peut-être est-il fou. Ou alors, peut-être que je suis celui ayant un problème. Un problème de confiance. Je n'ai jamais été très à l'aise avec les gens, et leur accorder ma confiance est une chose impensable pour moi. Et pourtant, là, de la confiance, je sens qu'on en aura besoin. Je lâche un soupir, histoire de me donner une contenance, et tente de ne pas le perdre de vue, alors qu'il reprend la parole, une fois de plus.

- Tu t'es réveillé où ?

- Sur le parking, devant l'ancien centre commercial. Et toi ?

Je le vois hocher distraitement la tête, alors que j'essaie de ne pas perdre l'équilibre lorsque nous marchons sur un sol abîmé par je ne sais quoi. Et d'ailleurs, je n'ai pas réellement envie de le savoir.

- Au milieu d'une usine abandonnée. Je pense me poser là pour la nuit, si je ne trouve rien de mieux. Tu devrais te joindre à moi.

- Pourquoi pas. Je ne compte pas tuer qui que ce soit, alors autant s'allier pour tous sortir d'ici.

- Tu es un petit naïf, Yoongi, mais je crois que nous n'avons pas d'autre solution."

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas réellement le sens de sa phrase, si ce n'est qu'il vient de m'insulter gratuitement. Et pourtant, je ne crois pas que ce soit le cas. Je suis certain qu'il souhaitait me faire passer un message. Ce mec m'a l'air d'en savoir bien plus que moi. J'ouvre la bouche, pour lui demander d'approfondir sa pensée, mais je suis coupé, lorsque je le vois s'approcher d'une large porte métallique, comme une porte de garage, ce qui me surprend assez. Il s'accroupit, et, sans trop d'effort dû à la rouille, arrive à soulever le rideau de fer, et je réalise que nous sommes devant un hangar, totalement vide, mais qui devait certainement contenir quelques voitures, avant. Il y jette un œil, et renverse une poubelle de métal, puis attend quelques secondes, avant de se tourner vers mon regard interrogateur. Et, comme s'il lisait dans mes pensées, il me répond directement, avec un sourire bien trop large pour la situation actuelle.

" Je regardais s'il y avait quelqu'un. Si quelqu'un avait été là, la poubelle l'aurait fait sursauter. Et il faut être attentifs, au cas où l'on trouverait des indices pour se barrer d'ici.

- Tu penses qu'ils seraient assez idiots pour nous laisser des indices ?

- Je ne parle pas du gouvernement."

Et encore une fois, voici la preuve qu'il en sait bien plus que moi sur cette affaire. Moi qui pensait en savoir assez pour pouvoir m'en mêler sans problèmes, me voilà au milieu d'une course contre la mort, pour avoir voulu jouer avec le gouvernement. Je pensais pouvoir les dénoncer pour rendre justice, et je suis finalement pris au piège, me retrouvant avec un mec donc je n'ai aucune idée de la santé mentale, qui, même s'il n'a pas l'air de vouloir me tuer, pourrait le faire en plein milieu de la nuit. Et pourtant, sa présence à quelque chose d'apaisant. Comme si un aimant nous reliait. Je me dis qu'il pourrait me tuer d'une seconde à l'autre, mais je me dis également que s'il avait voulu me tuer, il m'aurait envoyé son pied de biche dans le crâne depuis bien longtemps.