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"Si tu meurs, je te tue "
~To The Bones~

Une fois devant la porte, je frappe trois coups. Et en entendant un "Oui" étouffé, j'ai tout de suite compris que quelque chose n'allait pas vraiment bien. J'entre dans la chambre tout doucement. Mes oreilles n'entendent qu'un silence amer et mon regard se pose sur le dos d'une jolie dame blonde qui ne trouve toujours pas judicieux de se retourner. Il est clair que je viens de croiser sa mère dans de mauvaises circonstances.

Bien que je ne la connaisse toujours pas, je sais que nous partageons la même tristesse. Malheureusement, même si on souffre le même malheur, je ne sais pas comment l'aider.

Après ces longues secondes, elle se retourne enfin vers moi et m'adresse un sourire fade malgré ses yeux larmoyants. Et je ne trouve d'autre manière pour apaiser l'atmosphère que de la saluer en souriant.

- Bonjour madame

- Bonjour ma puce. Laisse-moi deviner, Mélissa c'est ça ?

- Oui madame, acquiesçai-je.

- Tu peux m'appeler Kathy, me répond-t-elle.

- Enchantée Kathy, dis-je poliement.

- Moi de même. Joseph m'a beaucoup parler de toi.

- C'est vrai?

- Oui, dit-elle. Tu devras m'excuser. Je dois partir. J'aimerais tellement faire ta connaissance Mel.

- Pas de soucis à la prochaine fois j'espère.

- Oui sûrement.

Je m'assois sur la chaise à côté du lit. Joseph soupire à côté de moi, les yeux larmoyants.

- Ça va?

- Oui bien et toi?

- Moi je vais bien mais c'est toi qui n'as pas l'air de l'être. Qu'est-ce qui se passe?

- Rien, dit-il en essuyant ses larmes.

- Tu sais que tu peux m'en parler, dis-je en insistant

- J'ai juste été un peu trop franc avec elle.

Je fronce les sourcils et lui demande pourquoi il dit cela. Il me répond qu'il m'a fait venir pour la même raison qu'elle. Il prend une pause et me demande de lui faire une promesse.

- D'accord, laquelle?

- Promets moi Mel, promets moi qu'à partir de maintenant tu dois profiter de chaque personne autour de toi, parce que la mort...

- Chuuut ! S'il te plait Jo, dis-je en sentant les larmes montées.

- Laisse-moi terminer. Parce que la mort... peut arriver à n'importe quelle moment. Promis ?

- Promis mon chou, dis-je émue.

- Par contre moi je n'ai pas réussi.

Je lui demande pourquoi il dit cela. Il me répond qu'il est condamné, qu'il n'a pas pu lutter. J'ai tellement de peine pour lui. Il ne mérite tellement pas de mourir aussi jeune. Il devait avoir la vie devant lui, pas un compte à rebours.

- Tu sais personne n'a dit que les combats étaient faciles, le rassurai-je. Mais il faut que tu te sortes de chaque bataille compris.

Je crois que c'est la première fois que j'ai une voix assez calme et douce parce que honnêtement j'ai peur et je sens que quelque chose ne va pas. Mais je ne veux pas l'inquiéter plus qu'il faut. Il doit garder son énergie pour se battre.

- Je ne sais pas... parfois il faut affronter la réalité et arrêter de fuir et songer. Je vais mourir Mélissa, se résigne-t-il.

J'ouvre mes bras pour qu'il s'y blottit et chuchote d'une voix tendre essayant à la fois d'étouffer mes larmes.

- Jo, Crois moi. Si tu meurs, je te tue.

Je prends ces petits mains glaciales et rajoute :

- Je suis sûre que tout s'arrangera, d'accord?

- D'accord.

Mon téléphone sonne, c'est maman je décroche

« D'accord je viens »

Je me tourne vers Jo et lui dis à contre-coeur que je dois partir. Je prends mon sac et sort mon Teddy Bear que j'avais apporté exprès pour lui.

- Il va prendre soin de toi. Crois moi juste serre teddy contre toi et ferme les yeux et tout ira bien. C'est magique. Dis je en lui adressant un sourire rassurant.

" Vivre avec une maladie mortelle n'est pas un plaisir pour le malade ni pour personne. On a ce qu'on appelle un compte, un rebours. Et nos jours sont comptés. On regarde notre montre. Et on voit, on voit le temps s'écouler pourtant on a cette impression de n'avoir rien fait, de ne pas avoir assez profité. On regarde nos proches. On les voit souffrir. Ils savent que nous ne seront pas éternels et ça les déçoit. Ils ont confiance en les docteurs. Ils ont l'espoir qu'un jour, on leur annoncera qu'on est guéri, que notre maladie est partie. Et tout le monde continue à s'attacher à ce bout d'espoir au point de croire en lui. Au point de croire qu'on sera sauvé. Mais la plupart du temps, c'est nous qui partons. "

Je sors de la chambre et traverse ces couloirs en courant, mon coeur bat la chamade et je manque d'air. Mon regard se trouble à cause des larmes qui inondent ma vue.

"La vie peut être plus que surprenante parfois. Les événements qui nous dirigent au long de cette existence peuvent nous rendre heureux ou alors tout à fait le contraire, nous anéantir, nous plonger dans une tristesse profonde qui ne connaît pas de fin.

Pourtant, il ne faut jamais baisser les bras, il ne faut jamais perdre espoir, jamais abandonner. Les étoiles qu'on a découpé pour décorer ta chambre Jo, brillent pour une raison."

Je sens mes jambes tremblées, menaçant de rompre à tout moment. Je suis déjà assez honteuse de ce qui vient de se produire et je ne tiens pas à m'écrouler sur le sol.

J'atteint enfin la sortie. À l'entrée de l'hôpital, je prends une grande bouffé d'air avant de me laisser glisser le long d'un des murs gigantesques. Ce monde est tellement énorme pour une fille de 14 ans.

Putain de pensées, il n'est pas encore mort et il va survivre. Alors pourquoi tu pleurs Mélissa. La vie est toujours injuste mais lui, il est si fort. Essuie-moi toutes ces larmes. Ça fait une heure que ta maman t'attends dans la voiture devant le grand portail. Demain il ira mieux.

Je crois que c'est la première fois que ma bonne conscience dit quelque chose de juste.


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🍁Bonne lecture🍁

The Fading Flower [ Autobiographie ]Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum