Orage

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- « Nous ne nous comprenons plus, il vaut mieux en rester là ».

Pauvre con mais pour qui te prends-tu ? Je relis une fois de plus son message long comme l'annuaire de la ville. Il est beau le mâle avec des principes. Me larguer par sms, un jour de Saint Valentin en plus.

Une bile amère monte dans ma gorge tandis que mes mains se crispent sur mon téléphone.

- Calme-toi, m'intimé-je. Il n'en vaut pas la peine. Il ne mérite aucune de mes larmes, pas un soupçon de ma colère.

Et pourtant, c'est un fait : je le hais. Du plus profond de mon coeur, de toute mon âme.

Il m'a séduite, j'ai tourné le dos à mes amis pour lui, faisant fi de leur ressentiment. Et pourquoi ? Pour être quittée un 14 Février.

Je m'effondre, les bras serrés convulsivement contre ma poitrine. Mes larmes jaillissent, sans que je puisse les retenir.

Mes sanglots deviennent un torrent impossible à endiguer.

- Ma pauvre fille, que tu es conne d'avoir cru à une seule de ses belles paroles. A l'heure qu'il est, il ne sait même plus qui tu es.

Je me redresse, essuyant mes yeux d'un geste sec. j'ai l'impression d'étouffer, que les murs de mon salon vont m'écraser. Vite ! Je dois fuir cette peine indiscible qui m'oppresse et menace de m'engloutir.

Sans plus réfléchir, je saisis mon trousseau de clefs au vol. Mon regard accroche le porte-clefs en forme de panda qui y est accroché. Un « cadeau » de ce salopard.

Je le casse, me brisant un ongle au passage. Peu m'importe, je ne veux plus jamais entendre parler de lui.

Alors que je suis sur le trottoir, je prends conscience d'un détail qui me brûle : j'aurais mieux fait de ne jamais le rencontrer.

Je jette cette stupide babiole dans le caniveau.

- Mademoiselle, vous allez bien ?

Mon regard venimeux dissuade ce jeune livreur qui se tient devant moi d'engager plus avant la conversation.

Je suis comme vidée de toute substance. Mes pieds m'entraînent vers le parc Monceau, tout proche.

Le ciel de Paris est gris, au diapason de ma morosité. Là, à deux pas, il m'a embrassée pour la première fois.

Même en essayant d'y mettre toute ma volonté, ma rancoeur se mue en une souffrance ignoble. Epuisée, je me laisse tomber sur un banc. Je sors mon téléphone de ma poche, relis ce putain de message.

Le haïr serait tellement plus simple. Le constat est amer, je n'y arrive pas.

- Mademoiselle, puis-je vous aider ?


FragmentsOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz