JULIAN

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Les doigts recroquevillés sur la balustrade en fer, mon regard fixe un point invisible. Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais ce que je viens de faire est impardonnable. Jouer avec les nanas c'est tellement facile. Mais jouer avec cette petite merveille, c'est comme rouler sans ceinture à une allure folle à contresens sur l'autoroute. Je devrai stopper ma course et me garer sur la bande d'arrêt d'urgence, mais au lieu de ça, mon putain de pied reste appuyé sur cet enfoiré d'accélérateur.

Elle est une telle bouffée d'adrénaline que mon propre corps refuse de m'écouter.

Je ne suis pas aussi déraisonnable d'habitude. Avec elle, tout a toujours été clair comme de l'eau . Sans aucune ambiguïté.

Alors pourquoi, ma bite réagit-elle avec cette violence ? 

Et pourquoi je bande comme un adolescent simplement en plongeant mes yeux dans les siens ?!

J'aurai dû la repousser, j'aurai dû instaurer des limites, mais je n'ai pas pu.

Dormir avec elle, sentir sa respiration se caler sur la mienne, j'en ai besoin.

J'ai besoin d'elle... mais pas comme ma queue l'envisage.

Mon petit bonbon est une sorte de doudou magique. Le seul dont l'odeur et le toucher m'est indispensable pour trouver la paix intérieure. Le seul qui m'empêche de passer des nuits blanches, et le seul qui me permets d'échapper à la culpabilité de n'avoir pu sauver ma femme.

Alors comment je fais maintenant ?

Est-ce trop tard pour mettre en place ''ses limites'' où nos corps cesseraient ce côté tactile ?

Mais surtout ai-je réellement envie que notre alchimie sans failles cesse ?

Bordel, je suis paumé de chez paumé !

—Julian...

Cette voix céleste, aussi légère qu'une plume vient sonner la fin de ma réflexion. La fragrance de son parfum aux fleurs exotiques qui envoûte déjà toutes mes terminaisons nerveuses vient signer à son tour le début des emmerdes.

Je la sens se rapprocher, si bien que mes mains sont en train d'essayer de briser cette foutue barrière. J'essaye d'inspirer profondément, mais c'est un échec. Au lieu de ça, je me mets à tousser comme un idiot qui aurait avalé sa salive de travers. Une main sur l'épaule suspend ma quinte de toux alors que mes yeux bifurquent avec appréhension vers ma petite Meghan.

Bordel de merde...

Cette robe longue, d'un rouge soyeux est un véritable appel au péché...

Une Blanche-Neige, numéro deux.

Ma déglutition difficile est le seul bruit qui peuple notre bulle, mais je m'en tape. Tout comme je me tape de la déshabiller au ralenti comme un foutu pervers.

Ses épaules délicates sont nues. Deux rubans rouges noués autour de son cou mette en avant le galbe de sa poitrine. Ferme et rebondie. Sa taille est marqué comme si le tissu et sa silhouette ne faisait qu'un. Et cette petite ouverture, laissant apparaître sa cuisse gauche à chacun de ses mouvements, me laisse pantelant.

Comme un poisson, ma bouche s'ouvre puis se referme, alors que mes iris font des allers-retours entre ses pieds cachés sous ce drap totalement déstabilisant et son visage, qui lui, n'a plus rien d'innocent.

Ses cheveux ondulés forment un chignon décoiffé laissant quelques mèches auburn jouer avec ses pommettes. Ses yeux sont habillés d'une pointe de noir. Ses cils épais et sombres me font des appels de phare bien plus aveuglants que ceux d'une bagnole. Et ses lèvres, ni trop fines ni trop charnues, à la couleur du désir me font m'accrocher encore plus fort à la barre en ferraille encerclant mes doigts.

Comment je vais me sortir de ce pétrin...

—Tu penses que je suis à ta hauteur ? Tu es classe et je ne voudrais pas...

Si je suis classe alors elle, elle dépasse toutes les catégories.

Sans réfléchir, je prends son visage en coupe et je secoue la tête en riant à gorge déployée.

Tant pis si elle me prend pour un fou, sachant que c'est elle qui à l'origine de ma folie.

—Meghan, tu es absolument Ma-gni-fique ( ses lèvres s'étirent en un sourire radieux). Rare sont les fois où je t'ai vu avec une robe, mais là, je peux te certifier qu'avec ça, mon boss te dégustera du regard toute la soirée.

Son rire perce ma poitrine et je l'accepte. J'accepte de ne pas me prendre la tête alors que je la sens si heureuse.

—Merci. J'avais peur d'être ridicule comparé à toi...

Et voilà qu'en plus d'être à tombée, sa soudaine timidité vient encore plus la sublimer.

Bon Dieu... et dire que pendant deux jours, cette bombe sera ma femme.

—Tu te fous de moi mon petit bonbon ? C'est moi qui suis ridicule maintenant. Tu connais la belle et le clochard ? eh bien je peux t'assurer que le clochard en ce moment même, c'est moi.

Ma cravate pendouille autour de mon cou, mes godasses sont à l'autre bout de la chambre et ma barbe naissante aurait bien besoin d'une petite coupe.

—Laisse-moi arranger ça. Le beau prince va revenir quand j'aurai noué ta cravate.

Son visage s'illumine au point d'en faire disjoncter toutes les cellules de mon cerveau.

—Beau prince, hein ?

Je me dois de la taquiner pour garder un semblant de contrôle, même si mes doigts menacent d'aller tirer sur la ficelle enroulée sur sa nuque. Mais vu la merveille que c'est, je préfère m'en délecter visuellement, plutôt que de la salir physiquement.

—Tu as toujours été très beau Julian et ce n'est pas un secret.

Timidité ? qui a parlé de timidité ?

Et contre tout attente, les rôles se sont inversés.

Mes joues sont à présent à l'image de sa tenue.

Je-suis-dans-la-merde.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant