JULIAN

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Une vision totalement surréaliste.

Un amoncellement de grosses pierres vient de s'engouffrer dans mon bide.

Un poids limite insupportable que je tente de supporter comme je le peux.

Un poids qui ne cesse de croître face aux images qui montent en grade sous l'impuissance de mon regard.

Mon petit bonbon, pourquoi ?

Pourquoi le laisses-tu te caresser la joue de la sorte...

Pourquoi ce sourire étincelant alors que son pouce taquine tes taches de rousseur qui me plaisent tant...

Une voix bourrue me fait revenir à moi.

— Je m'occupe de son cas, attendez-moi ici.

Non !

J'intercepte sans la moindre douceur son poignet le faisant immédiatement se rasseoir sur sa putain de chaise.

Il fixe son avant-bras sourcils froncés, ce qui me fait aussitôt relâcher ma prise.

— Désolé Monsieur, je bégaye face à mon geste déplacé. N'interférez pas s'il vous plaît, je l'implore bien trop fragile. J'ai besoin d'une réponse. Une réponse qui va me permettre de prendre ''la'' décision qui va changer ou non le cours de ma vie, j'ajoute ferme face à ce mec qui semble me comprendre bien mieux que moi-même.

Tout en hochant la tête, il s'empare d'une chemise en plastique grise postée sur sa banquette et la fait glisser lentement de la table à mon torse, une lueur d'inquiétude et de compassion envahissant ses billes bleues.

— Prenez la bonne décision Harper. Mais ne la prenez pas seul, il rétorque en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule en direction des deux personnes, qui à cet instant précis provoquent un séisme d'une magnitude encore inédite au centre de mon palpitant. On se voit lundi au bureau Harper. Profitez de votre soirée avec cette perle. Le boulot peut attendre.

Sans un mot de plus il quitte son siège, portable à la main, avant de m'accorder une tape virile sur l'épaule et de disparaître de la salle bondée.

Assieds l'un face à l'autre, une foutue bougie rouge entre eux, cet enfoiré semble se prendre pour le blagueur de l'année au vu du rire perçant que ma Meghan laisse entendre.

Dans mon trou de souris, je les observe.

Je l'observe '' elle''.

Ma muse. Ma clé. Mon second souffle.

Je l'observe ''lui''

Son premier grand amour.

Celui que l'on n'oublie jamais.

Celui qui nous marque au fer.

Pour l'éternité.

Ce type est encore accro à elle, et ceux malgré les années écoulées.

L'air énamouré qui dégouline de sa gueule ne m'échappe pas.

En revanche, ce qui m'échappe c'est elle.

Elle, et la tendresse qu'elle lui accorde.

Ses doigts fins ondulants sur les initiales '' M& J " gravées sur ce fameux bracelet de cuir.

Un bracelet que je l'ai moi-même aidé à choisir.

Un bracelet identique à celui encore présent dans sa boîte à bijou.

Ne me fait pas ça Meghan... pas maintenant que mon armure est réduite en lambeaux.

Une vibration dans ma poche me fait sursauter. Un message d'un numéro inconnu s'affiche.

'' Action, réaction Harper ! ''.

Quoi ?

Ma tête dévie instinctivement vers les deux portes vitrées donnant sur l'ouverture de la salle et c'est un Stanton le pouce en l'air, une main dans celle de Rachel, qui me salue avant de franchir la sortie de l'hôtel.

Putain mais qui est ce type ?!

Putain mais oui il a raison !

Un rapide passe-passe dans ma tignasse brune et la raison m'abandonne alors que je contourne une dizaine de table toutes en rondeurs.

Pas de crise de jalousie.

Pas de coup de poing dans la gueule.

Non, j'ai beaucoup mieux.

Les paumes plaqués contre deux irrésistibles yeux de biche, je savoure la chair de poule qui vient de l'envahir.

Oh mais quel malpoli je suis !

N'oublions pas notre petit Jay.

Un petit clin d'œil accompagné d'une pointe d'insolence et sa vraie nature pointe à nouveau le bout de son nez.

Je vais me ré-ga-ler.

— Cinq minutes que je t'observe mon petit bonbon, et cinq minutes que je me retiens à faire sauter un à un les boutons de cette robe à la couleur de l'innocence, j'articule assez fort pour que monsieur canard wc parvienne à s'étouffer avec son verre de vin.

Miam- Miam.

Sa poitrine monte et descend à une vitesse folle alors que je délivre ses deux pépites noires de l'obscurité.

Tout en attrapant son menton avec possession, je me penche m'arrêtant pile à l'orée de ses lèvres brillantes.

Son sourire crispé rivé sur mes yeux d'une insolence folle semble la rassurer.

Non je ne suis pas en colère contre elle.

Et elle peut le voir facilement maintenant que je suis agenouillé face à elle, mes traits transpirant l'amour à plein nez.

— Julian... elle laisse filer dans un souffle tout en murmure qui me frappe de plein fouet. Signant mon propre enfer.

Un son,

Un souffle,

Un murmure,

Mon prénom,

Et ce parfum, si particulier....

Sa bouche barricadée par ses deux mains diaboliques, elle vient de comprendre son erreur

Une erreur de trop qui m'avale tout entier.

Pas elle.

Pas elle...

Au-Delà Des ApparencesWhere stories live. Discover now