Chapitre 16

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Vendredi 16 juillet – Ean

Je m'étais dirigé d'un pas lourd vers le premier étage, celui que nous utilisions normalement, et allai décrocher mon combiné dans mon bureau. Aiden me suivait à la trace, se cramponnant à mon dos comme s'il allait mourir s'il me lâchait. Je le laissai faire, et une fois que la voix rauque que j'avais déjà entendue les jours antérieurs me frappa les tympans, mon sang se glaça. Etait-il au courant que je venais de tuer son complice ? Un sourire étira mes lèvres tandis que je baissai les yeux vers mon corps, et il disparut aussitôt. J'étais encore plein de ce liquide ocre qui me collait à la peau, comme pour me rappeler l'atrocité de mon âme, de mes actes, et de la vie. Si mon organisation n'avait pas été aussi étroitement liée au gouvernement, et que les dossiers de type « A » n'avaient rien qui concernait l'Etat, je n'aurais pas tué Ajax. Je l'aurais torturé et lui aurais fait payer pour avoir menacé Aiden, mais je n'aurais jamais agi aussi violemment. Je l'aurais laissé pour mort dans une prison ou au moins on aurait pu le nourrir pendant quelques années, mais le fait fût que je devrais mettre au courant nos supérieurs de ce qu'il s'était passé, parce qu'Ajax était celui qui venait souvent en aide aux ministres, et il était très demandé. Le fait fût que si je l'avais relâché, il aurait pu se venger de moi en donnant des informations gouvernementales à n'importe qui, des choses que personne ne devaient jamais connaître, et là, ce serait moi qui aurais eu la corde au cou. Mon métier était une question de survie. On savait des choses, et il était impossible d'abandonner un membre. C'était la raison pour laquelle Harry n'avait pas démissionné et qu'il surveillait actuellement l'une de mes sœurs dans la demeure familiale. Une fois entré dans la spirale, ressortir était impossible. Et je les prévenais tous avant de les adopter. Bien sûr, il était possible que je renvoyasse un de mes vigiles, mais rares étaient ceux qui pouvaient se permettre de partir.

-Bonjour, McAndrey. Je n'ai pas réussi à vous joindre hier. C'est d'une tristesse inimaginable pour moi qui ai pris cette habitude de vous contacter tous les jours. J'ai reçu seulement votre secrétaire qui m'a appris que vous étiez malade. Une tragédie dont vous auriez pu vous passer, j'imagine.

-Ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas. Que me voulez-vous, encore ?

-Vous rappeler ma présence, le danger qui rôde autour de vous, l'enfer qui brûle autour du corps mutilé de votre frère cadet... Et mon marché, mon terrible marché. D'ailleurs, McAndrey, quand tuerez-vous quelqu'un pour sauver votre frère ? Vous êtes si fade. Un tueur comme vous qui refuse d'assassiner un homme quelconque, ignorant, sans importance. Qu'attendez-vous ? Vous préférez peut-être tuer votre frère plutôt qu'un inconnu qui ne vous...

-J'ai tué quelqu'un, et le nom devrait vous dire quelque chose. Il s'appelle Ajax, c'était l'un de mes hommes les plus fidèles, et j'ai décidé de l'éliminer pour préserver mon petit frère. Comme cela, nous sommes arrangés, n'est-ce pas ? Si vous voulez, en preuve de sa mort, l'un de mes employés a coupé une partie de son corps qu'il aimerait vous envoyer. N'hésitez pas à nous transmettre votre adresse, nous serions ravis de vous rendre ce service.

Il y eut un silence, puis il raccrocha alors qu'un rictus sadique tendait mes lèvres vers le haut. Je reposai le combiné sur son socle avant de me tourner vers Aiden et de lui demander s'il voulait faire quelque chose en particulier. Il haussa les épaules et baissa les yeux vers son estomac qu'il tenait entre ses deux mains comme le faisait naturellement une femme enceinte pour sentir un fœtus bouger sous sa peau. La seule différence entre les femmes enceintes et Aiden, c'était que lui était un homme, et qu'il ne pouvait pas attendre d'enfant. Encore heureux, d'ailleurs. Sinon le monde serait un chaos inimaginable. Je soupirai avant de marcher lentement vers la porte de mon bureau, la refermer, et lui demander de nouveau ce qu'il voudrait faire, ce à quoi il répondit d'un ton simple qu'il avait faim. Je pouffai et me dirigeai vers mon ordinateur avant de lui demander où il voulait manger, question à laquelle il haussa simplement les épaules pour me répondre que même une limace ravirait son estomac. Je grimaçai et secouai la tête avant de sortir et de faire signe à Willhem d'aller me chercher Gabriel et Terrell à l'étage pour qu'ils nous accompagnassent à l'extérieur, et on me communiqua qu'ils m'attendaient devant quelques minutes plus tard. Nous descendîmes donc et nous mîmes en route vers un petit fast-food à quelques rues d'ici. Mon mari semblait tellement heureux devant cette image de hamburger géante sur les panneaux publicitaires que j'avais jugé bon de me rendre là-bas. Visiblement, cela lui plaisait.

II. Aliénation [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant