Hideous Truth - partie 2 (Peggy) (Lysandre)

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Je restai un moment avec le carnet ouvert dans les mains, en fixant les lignes écrites de la main de Lysandre, mais sans plus les lire, et rassemblai mes pensées.
Le choc était tellement énorme qu'il m'avait laissée comme sonnée. Je repensai au visage de Lysandre sans expression... Ma bouche ne se refermait plus et mes yeux ne clignaient plus. Je me laissai doucement tomber du banc sur lequel je m'étais assise jusqu'à ce que je me retrouve sur le vieux carrelage des vestiaires.

Non, ce n'était pas vrai, ce n'était pas possible...
Alors Mélody était absente à cause du probable suicide de sa tante alcoolique et ses deux cousins n'avaient plus de parents...
Mon dieu.
Pas étonnant que l'alcool ait été un sujet délicat pour elle... Une bouteille de Ricard entière, en une soirée ? Comment est-ce qu'on pouvait avaler ça en si peu de temps?

Elle avait couché avec Lysandre, sûrement par désespoir. Après tout, il était là pour elle et Nathaniel non. C'était compréhensible en un sens. 

Un petit frisson vint me cueillir par surprise alors que les mots de Lysandre se remirent à danser dans ma tête. Je les imaginais lus avec sa voix et c'était... perturbant. 

Je repris peu à peu mes esprits pour me rendre compte de ma situation : j'étais dans les vestiaires des garçons, le carnet de Lysandre ouvert dans les mains.
Je le remis délicatement en place comme si cette chose allait m'exploser à la figure si je ne la remettais pas exactement à l'endroit où elle était avant. En y réfléchissant bien, c'est sûrement ce qui risquait de m'arriver.
Je me glissai à pas de loups hors du gymnase.

Le soir, je ne mangeai presque rien. Mon corps bloqué sur ce que je venais de découvrir ne laissait passer presque aucune nourriture. C'était la première fois que quelque chose m'atteignait si physiquement. Même quand je voyais Armin, qui était le garçon que je préférais à Sweet Amoris, mon ventre ne me serrait pas ainsi.

Dans mon lit, je me tournai et me retournai dans le noir de ma chambre, cherchant le sommeil vainement pendant que ma tête m'assommait de tout ce que j'avais lu.

"Sinon, elle serait encore toute seule..."

"Ça t'étonne ?"

Pourquoi Mélody n'avait-elle rien dit? Ils auraient sûrement été plusieurs à pouvoir... Comprendre? Comprendre peut-être pas mais au moins accepter? Tout le monde l'avait mise à l'écart depuis la soirée alors qu'elle vivait ça... Et personne n'avait rien vu... Moi la première. J'avais bien remarqué un changement après la soirée mais je n'avais pas cherché plus loin : elle était mal à l'aise d'avoir fait un scandale, ils étaient mal à l'aise qu'elle ait voulu fliquer tout le monde. Est-ce que j'aurais dû chercher à savoir? J'avais dit que je ne me mêlais plus de la vie privée... Est-ce que ce n'était pas à Nathaniel de creuser? Il traversait une période délicate mais Mélody avait bien pensé à lui, elle. Pourquoi lui ne l'avait pas fait? Pourquoi est-ce qu'il l'avait mise à l'écart comme l'avaient fait tous les autres?

"Je sais qu'elle aime Nathaniel."

Oui, elle était amoureuse de lui, tout le monde le savait. Et lui n'avait pas trouvé bizarre qu'elle aille contre son avis pendant la soirée ? Qu'elle s'affirme face à lui? Franchement...
La colère et l'indignation montèrent d'un coup en moi, comme si j'étais une bouteille de soda qu'on venait de faire tomber par terre. Non mais quel genre de mec était ce pauvre type?!

"Je ne suis pas amoureux d'elle. Je sais qu'elle aime Nathaniel. Mais je n'ai pas fait que coucher avec elle sur le canapé de son salon. Non. J'ai fait l'amour avec elle et c'était tellement bon sur le coup. Comment j'aurais pu m'arrêter ?"

Mon ventre se tordit d'un coup. Je n'aimais pas repenser à ce passage, ça me mettait toujours si mal à l'aise et ironiquement, c'était celui qui se rappelait le plus à ma mémoire, sûrement parce que c'était le dernier et le plus frais encore dans ma tête... J'étais déjà allée chez Melody une fois, le canapé, je m'étais assise dessus et ma tête imaginait tellement bien la scène que ça en était dérangeant. Je voyais si clairement comment Lysandre avait fait avec elle, j'imaginais tellement la douceur qui avait fait la part belle à l'urgence du moment... J'avais tellement d'images dans ma tête d'eux deux l'un sur l'autre sur ce canapé... Mon cerveau s'était transformé en projecteur de film érotique.

Sweet AmortentiaWhere stories live. Discover now